J’ai voulu oublier ce jour (The Most Dangerous
Thing)
Auteur : Laura Lippman
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Yoko Lacour
Les Éditions du Toucan (4 Décembre 2013)
ISBN : 9782810005316
432 pages
Quatrième de couverture
Il y a quelques années, ils formaient une bande d’amis, les meilleurs amis du
monde. Mais le temps a passé et ils sont maintenant presque tous mariés, sont
pris dans leurs vies de famille et se sont lentement perdus de vue.
Jusqu’à oublier même leur terrible mensonge.
Mais quand Gordon, le plus attendrissant de la bande, meurt soudainement, tout
s’écroule. Et les soupçons commencent à émerger….
Mon avis
Amateur de thriller glaçant, de suspense angoissant, d’enquêtes aux multiples
ramifications, ce livre n’est pas fait pour vous ! Si vous cherchez un livre
d’ambiance, d’évolution des relations humaines au fil du temps et transformées
par un événement particulier, vous pourrez trouver votre bonheur….
Décliné en cinq parties (Go-go, nous, eux, pitié pour eux, pitié pour nous) de
longueur inégale (la première ne faisant que quelques pages), ce roman nous
entraîne de façon singulière au cœur d’une époque où les téléphones portables
n’existaient pas et où les rapports entre les jeunes gens étaient simples, ceci
pour ce qui est du passé. Le présent étant lui, bien plus complexe et
compliqué…. En effet, le décès de l’un d’eux va remuer ce que chacun s’était
appliqué à oublier.
Ils étaient cinq amis, trois frères, deux bonnes copines, et passaient beaucoup
de temps ensemble. Suite à un fait, dont nous ne savons rien, chacun a suivi
son chemin, différent de ce qu’il aurait pu être….
Laura Lippman sait à merveille se pencher sur les êtres, leurs tourments
secrets, leurs questions, leur évolution, leur regard sur la société mais
également sur les uns et les autres, sur les liens tissés qui se tendent, se
distendent, se resserrent au gré du temps. Ceci est un point fort du roman ou
comment le passé conditionne (empoisonne pour certains) le présent, ligotant
l’expression d’une certaine façon surtout lorsqu’il y a un secret.
Car bien, entendu, il y a quelque chose de caché, évoqué entre les lignes, à
mots couverts.
Alternant le passé et le présent, le style impersonnel (avec un narrateur
extérieur) puis différent et particulier : un « nous » qui raconte alors que
tous les individus sont nommés, comme s’il y avait une sixième personne…. Je
crois pour rebondir sur cette formulation du « nous » que c’est volontaire de
la part de l’auteur. Elle insiste, de nombreuses fois, sur le fait que les cinq
compagnons forment, au début de leur amitié, un « bloc » serré et compact, d’où
l’emploi de ce nous car aucun ne peut se mettre en avant pour « parler ». C’est
leur histoire, leur vie….
De flash-back en flash back avec des pauses dans le présent, nous cheminerons
avec les protagonistes et comprendront ce qui a provoqué l’éclatement du
groupe.
Je suis immédiatement rentrée dans le récit, avide d’avancer dans les
différentes directions et de savoir, j’ai lu d’une traite les deux cent-trente
premières pages et puis une forme de lassitude s’est installée. L’écriture m’a
semblé plus terne, plus redondante, les redites sur les personnages ne
m’apportaient rien et au lieu de m’attacher à eux, ils ne m’intéressaient plus.
Laura Lippman dit que l’intrigue se déroule dans un coin qu’elle connaît bien…
A-t-elle trop mis de ses souvenirs dans le texte ? Je ne sais pas. Toujours
est-il que, bien qu’elle glisse çà et là, des choses ayant existé (l’ouragan de
la Nouvelle Orléans) ou des faits de société marquants (l’homosexualité), tout
ceci me semble trop « léger », pas assez fouillé, comme d’ailleurs l’âme de ses
personnages. De plus, il aurait été intéressant d’en savoir plus sur l’attitude
des parents. Leur place est assez obscure et méritait mieux pour en faire un
vrai roman d’atmosphère.
L’ensemble n’est pas mauvais (la traduction m’a malgré tout posé quelques
questions, certaines tournures de phrases me semblant « bizarres ») mais
globalement, un manque de rythme et de profondeur en font un roman correct mais
qui ne se détache pas et n’emballera peut-être pas les foules….
Je reste néanmoins persuadée que l’auteur a un excellent potentiel, je ne suis
sans doute pas tombée sur son meilleur livre….
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