"Fucking Melody" de Noël Sisinni

 

Fucking Melody
Auteur : Noël Sisinni
Éditions : Jigal (20 Mai 2021)
ISBN : 978-2377221332
232 pages

Quatrième de couverture

Elle a quinze ans, est en soins dans une clinique spécialisée et se fait appeler Fiorella. Pas sûr que ce soit son vrai prénom… Elle ment beaucoup, s’invente des passés, traficote le présent, et ne se projette pas dans l’avenir vu qu’elle vient d’apprendre que le sien est limité. Une saloperie quelque part dans la moelle épinière selon les médecins. Alors, il lui faut vivre, vivre passionnément et vite… Et comme toutes les filles de son âge, elle veut connaître l’amour. Alors elle jette son dévolu sur Boris, le compagnon de Soline, son amie qui officie comme clown dans la clinique.

Mon avis

Il y a des livres comme celui-ci qui vous mette une claque, vous envoie par terre, vous bouscule, vous bouleverse, vous laisse les yeux ouverts après avoir fermé la dernière page.

Pour plusieurs raisons : pour les personnages, pour l’histoire, pour l’écriture. Vous n’en sortez pas indemne, ça vous colle à la peau, ça reste ancré en vous de façon durable.

Fiorella, ce n’est pas son vrai nom mais c’est celui qu’elle s’est choisie, sans doute pour oublier sa vraie vie, s’en inventer une autre, faire comme si, mentir, rêver…. et peut-être espérer, non ? Elle est en soins en clinique et pour elle c’est trop, surtout qu’avant ça, son parcours chaotique a été fait d’abandons successifs. Alors, elle crache sa haine de cette situation en étant dans la provocation, parce que, ainsi, on la remarque, elle existe. Elle rejette l’autre avant de s’attacher, de peur d’avoir mal si on la laisse. Elle s’est forgée une carapace, elle agresse pour oublier sa souffrance en provoquant celle des autres, qu’elle soit physique ou morale. Il n’y a que Soline qui a établi un lien d’échange respectueux avec elle. Soline est clown, elle vient régulièrement rencontrer les jeunes hospitalisés, apporter de la joie et de la bonne humeur. Fio lui parle, l’écoute, lui raconte des craques mais elles en rient toutes les deux. Peut-être que Soline lui donne trop, trop de temps, trop de place dans sa vie, trop d’affection ? Mais est-ce qu’on peut mesurer ? Non, alors, c’est comme ça et basta, elles vivent … Quoique, justement, Fio a entendu que son avenir allait se restreindre, qu’une saleté la bouffait de l’intérieur ….

Pleurer, lutter, se taire, hurler ? Elle est révoltée mais elle ne lâchera rien. Ce qu’elle veut c’est aimer, aimer jusqu’à l’impossible. Connaître l’amour, celui qui grise, qui renverse tout sur son passage, celui pour lequel on peut tout donner, tout imaginer …. Et voilà que Boris, le compagnon de Soline, un doux rêveur, créateur de bandes dessinées, qui vit dans sa bulle, dans son monde, avec ceux qu’ils dessinent, ceux qu’ils cherchent car il les imagine mais n’arrive pas à les faire vivre, voilà que Boris, un homme, pas un jeune, se trouve sur son chemin ….

Le rouleau compresseur se met alors en marche, tout s’accélère. Flo n’a plus rien à perdre, sa vie sera courte, elle le sait. Elle va entraîner Boris dans un espèce de délire, dans une course contre la mort, dans un chemin empli de désespérance où des gens croiseront leur route pour le meilleur ou le pire.

Une écriture nerveuse et dynamique, de nombreux dialogues, du rythme, c’est sec, c’est brut, on serre les poings, on lit d’une traite, on se demande où on va, si la petite fleur espérance va arriver ou s’il faudra se faire à l’idée que tout cela reste sombre. On s’attache aux pas de Fio, on l’accompagne dans sa volonté de vivre, on ne cautionne pas ses choix, on s’en fiche complètement que ce soit plausible ou pas, ce qu’on souhaiterait presque, c’est qu’il y ait un miracle, que tout s’arrête et qu’on respire à nouveau parce qu’il faut bien le dire, on reste en apnée, le souffle coupé tant Noël Sisinni nous a pris dans ses rets….


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