Le vendeur d’oranges (El Vendedor de naranjas)
Auteur : Blanca Miosi
Traduit de l’espagnol par Maud Hillard
Éditions : Independently published (13 mars 2021)
ISBN : 979-8721477638
532 pages
Quatrième de couverture
Ramón Latorre de los Cobos y Ugarte, membre d'une puissante
famille valencienne en déclin à la suite de la Seconde République, puis de la
Guerre civile espagnole, passe son adolescence et sa jeunesse en Angleterre, où
il devient membre du World Without Communism ou WWC. C'est là qu'il commence
son premier rapprochement avec Peter Beigent, un observateur du Service Secret
d'Intelligence, plus connu sous le nom de MI6 ou SIS.
Mon avis
Le nouveau roman de Blanca Miosi s’étale sur plusieurs années,
allant de 1936 à 2005. On découvre la vie d’un enfant qui devient homme, mari
et père sous nos yeux. Il s’appelle Ramón Latorre de los Cobos y Ugarte. Il vit
dans une famille riche près de Valence, en Espagne. Un peu rebelle, pas assez
attaché aux affaires familiales, son père l’envoie étudier en Angleterre afin
de lui forger le caractère et l’astreindre à une certaine discipline. Il s’active
un peu au sein d’un groupement du parti communiste et il est repéré par le MI6
(Military Intelligence, section 6), service secret britannique. On ne lui
demande rien pour l’instant…. Ses diplômes en poche, il repart chez ses parents
et il constate que leur entreprise va mal (ils vendent des oranges). Il va s’atteler
à la remettre à flots et à la développer. Parallèlement le MI6 renoue avec lui
et lui confie des tâches d’exfiltration de scientifiques allemands sous couvert
du marché des agrumes qui sert d’écran. Il se rapproche ainsi du monde l’espionnage,
de la face cachée des hommes politiques et se crée un réseau de diverses
connaissances. Il reste, en apparence, un « monsieur » bien rangé.
Au fil des pages, l’histoire monte en intensité. On s’intéresse
de plus en plus aux différents protagonistes, notamment à Ramón dans toute sa
complexité. C’est un homme très souvent tiraillé entre ce qui se fait et ce qui
est un peu « en marge ». Aimer une autre personne que sa femme,
espionner pour le gouvernement, tirer profit de certaines situations, etc, le
tout en donnant une image extérieure d’un homme d’affaire lisse et bien dans ses
chaussures parfaitement cirées. Pourtant, il a un talon d’Achille, sa maîtresse
qu’il aime ardemment.
Aux cotés de Ramón, nous voyageons dans le temps et l’espace.
Étoffé par de nombreuses références historiques, de descriptions précises, ce
récit nous entraîne dans de nombreux pays. On y découvre l’influence des liens
tissés au fil du temps, le poids des préjugés, les trahisons, les compromis, la
soif de vengeance ou la haine qui peuvent habiter certains. C’est très riche
car tout est développé avec savoir-faire, que ce soit dans les événements, les
relations, ou la personnalité de tous les personnages. On s’imprègne de l’atmosphère
de chaque lieu, de chaque période. Chaque acte est suivi de conséquences, pas
toujours anticipées par ceux qui agissent. Parfois, les conditions sont
difficiles pour l’un ou l’autre et on ressent de la peur, voire de l’injustice.
Quel que soit l’individu évoqué, il l’est avec minutie, ce
qui permet de cerner son tempérament et d’essayer de comprendre comment il va
interagir, répondre ou réfléchir. C’est intéressant pour le lecteur à qui ça
permet de s’approprier le contenu qui devient familier. On se sent impliqué et
on veut savoir ce que devient chacun.
J’ai pris beaucoup de
plaisir à lire ce recueil. L’écriture fluide et prenante, certainement due à
une excellente traduction, m’a captivée. Blanca Miosi se renouvelle avec brio
dans chacun de ses livres. On sent qu’il y a, en amont, un profond travail de
documentation, afin que tout s’emboîte au niveau historique, dates, etc. C’est
remarquable. Chaque fois, elle exploite un nouveau domaine et réussit encore à
me surprendre.
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