"Kintsugi" de collectif d'auteurs

 

Kintsugi
Auteurs : collectif d’auteurs (Dora-Suarez)
Éditions : Du Caïman (20 Mai 2021)
ISBN : 978-2919066902
190 pages

Quatrième de couverture

Pour ce huitième opus de la collection Nouvelles Dora-Suarez, huit auteurs de polar, des plus aguerris aux plus prometteurs, se sont vu confier la tâche de rédiger des textes gravitant autour du thème « des origines ».

Mon avis

Écrire une nouvelle sur un thème imposé est un sacré défi. Il faut faire court, être intéressant, voire carrément captivant et si possible original pour que le lecteur se souvienne du texte. En ouvrant ce recueil, je ne m’attendais pas à une telle diversité. Huit mini-récits. Aux commandes, cinq femmes, trois hommes (manqueraient-ils d’imagination pour ne pas avoir été plus sollicités ? -je plaisante bien entendu-). Certains auteurs sont des noms familiers pour moi, d’autres des inconnus.

C’est le mot « origine » au sens large qui sert de fil conducteur à chaque texte. Famille, profession, amis, traditions d’un pays, us et coutumes, peu importe ce qui sert de base de départ. L’essentiel est le lien avec le mot choisi.

Certains récits font trembler (je pense à « Double nationalité » de James Holin sur les services secrets et les conditions de travail des agents), d’autres sont très émouvants (« Kintsugi » (qui évoque une famille) de Valérie Allam qui a donné son nom au titre du recueil), d’autres machiavéliques (« Les conséquences des origines » de Sophia Mavroudis) etc…

J’ai trouvé intéressant, pour les écrivains que je connais, qu’ils soient sortis de ce qu’on appelle « leur zone de confort », en produisant une histoire qui ne ressemble pas à ce qu’ils font d’habitude. Comme les rédacteurs sont variés, les productions le sont également ainsi que l’écriture, le style, le rythme, le phrasé. Si on accroche moins sur un texte, on peut toujours se rattraper sur le suivant. Et puis c’est dépaysant, les lieux, les protagonistes changent régulièrement, pas le temps de se lasser !

J’ai eu beaucoup de plaisir à découvrir ces nouvelles. Aucune ne m’a laissée indifférente. Les chutes étaient rarement prévisibles et l’effet de surprise était bien là. Donc, l’exercice a été réussi pour les huit rédacteurs ! Bravo !

Et par-dessus tout, je pense que le titre Kintsugi est particulièrement bien choisi pour un opus rassemblant des nouvelles sur les origines. Pourquoi ?  Parce que le Kintsugi est l'art de la résilience. C’est l’action de réparer des objets en collant les cassures avec un filet d’or, pour les « montrer » au lieu d’essayer de les cacher. En soulignant d'or les « cicatrices », l'art du Kintsugi rend les objets cassés paradoxalement plus beaux. Il leur permet d’assumer leur passé, leurs blessures, tout ce qui évoque leur origine, tout ce qui retrace leur cheminement. De la même façon que les hommes et les femmes dans la vraie vie grandissent mieux en acceptant ce qui les a blessés, construits, faisant une force de leurs fêlures consolidées sur lesquelles ils peuvent s’appuyer pour avancer….


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