Une héroïne stupéfiante
Auteur : Didier Esposito
Éditions : du Caïman (10 Décembre 2021)
ISBN : 9782919066940
330 pages
Quatrième de couverture
"Il y a des jours comme cela, où dès les premiers
instants, les éléments vous font comprendre que la journée sera différente. Des
petits riens dès le matin." C'est ce que se dit David Cartier en prenant
son poste, aux "stups" de Saint-Etienne. Et en effet, une sale
affaire attend son équipe ce jour-là : de l'héroïne en ville, ce n'est pas
nouveau. Mais une héroïne qui sème la mort, plus que d'habitude pour ainsi
dire, c'est nouveau. Il va falloir aller vite, très vite pour stopper
l'hémorragie.
Mon avis
L’auteur est policier, il a travaillé à la brigade des stupéfiants
de Saint-Etienne (ville où il a choisi d’exercer parce que son équipe de foot
est bien connue ;-) pendant quinze ans. Son roman aura donc tout d’un
reportage sur le terrain puisqu’il le situe chez les stéphanois. Comme j’habite
cette ville, j’ai visualisé tous les lieux cités, et ressenti très fort l’atmosphère
des quartiers que je connais. Un atout supplémentaire pour apprécier cette
lecture qui sent la réalité et le vécu. Bien entendu, ma chère cité ne se résume
pas aux trafics de drogue et aux joueurs de foot, elle a d’autres richesses,
notamment les éditions du Caïman qui publient cet ouvrage ;-)
David Cartier, enquêteur aux stups, et son équipe ont beaucoup
de travail, et ce n’est pas la stagiaire Sarah, qui se retrouve à faire des horaires
à rallonge qui me contredira. En effet, un jeune homme a été découvert mort,
victime d’une overdose. Il faut donc mener l’enquête dans les milieux où l’héroïne
circule en essayant de rester discret pour avoir un maximum d’informations. Ce
n’est pas simple car « radio trottoir » est là et les dealers,
clients ou autres sont rapidement prévenus. On découvre alors l’envers du
décor, comment ceux-ci agissent pour ne pas être identifiables et ne pas se
retrouver en première ligne. De plus, ils ne comprennent pas que la « came »
ait provoqué tant de dégâts et cherchent à savoir qui est à l’origine de ce
produit déficient qui a apporté la mort.
Le lecteur va donc se retrouver à suivre deux enquêtes :
celles des flics, assez classique, qui nous présente les différents rouages,
les astuces, du métier, son côté chronophage, le poids de la hiérarchie, le souhait
d’avancer vite et bien, quitte à bousculer un petit peu les témoins, tout cela
en espérant stopper l’hécatombe ; et celle des dealers qui essaient de
cerner les problèmes et de prendre les choses en mains.
L’écriture alerte de l’auteur, parfois teintée d’un peu d’humour
non négligeable pour sortir de ce côté sombre et noir, nous entraîne dans le quotidien
des enquêteurs et celui des paumés. Les premiers ne touchent pas terre, très
occupés à faire face aux événements nouveaux, à analyser ce qu’ils ont récolté
(et parfois c’est très peu), à questionner, observer, supposer et déduire…. Les
seconds, eux, sont en dehors du circuit, le plus souvent accros à leur dose, ne
pouvant pas se passer d’un rail ou plus. On découvre les ravages pour leur
santé, le temps qui passe et qui les abîme à tel point qu’il n’y a guère d’espoir
d’un retour à la normale. On a rarement l’occasion de les « rencontrer »
de si près dans un récit ou pas tout à fait comme ça. Et puis, on se sent
impuissant quand on voit ceux qui tirent les ficelles dans l’ombre, qui
manipulent en faisant croire qu’ils les aident….
C’est une histoire prenante, visuelle, avec son lot de
rebondissements. Le style est fluide et ça se lit avec entrain. Les personnages
sont bien campés, on les sent actifs, et cette petite Sarah, un peu trouble,
apporte un petit plus indéniable, un grain de sable dans la roue des jours au
commissariat….
J’ai lu ce recueil d’une traite et je ne me suis pas ennuyée
une seconde, j’en redemande !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire