Le 100 è singe
Auteur : Stéphane Lanos
Éditions : de la Lanterne (3 février 2022)
ISBN : 978-2-9566386-6-7
552 pages
Quatrième de couverture
1er octobre 2019. Une tempête sans précédent frappe le
sud-est de la France. Des villes majeures comme Toulon, Carcassonne ou
Montpellier sont noyées sous les eaux. En réponse à l’incurie de l’État pour
faire face à la catastrophe, des comités de vigilance se créent un peu partout
sur le territoire.
30 juin 2023, 5h du matin. Le réacteur n° 1 de la centrale nucléaire de Cruas
n’est plus refroidi. Entre ces deux événements, les tensions se nouent.
Mon avis
« L’impossible, nous ne l’atteignons pas mais il nous
sert de lanterne. »
Ce roman qui se définit comme un thriller politique dans sa
présentation est également un cri d’alerte.
Dans les premières pages, on suit diverses personnes à des
dates précises : 1979, 1986, 1995 etc… Il faut bien les repérer car après
on va tous les retrouver et découvrir ce qu’ils sont devenus. C’est intéressant
de voir ce qui a pu influencer leur personnalité. Même si c’est assez bref, on
voit ce qui les a construits, ce qui les motive.
Ce pourrait être demain…. C’est même parfois, déjà, aujourd’hui….
Et ce qu’on lit, interpelle, questionne, angoisse également… Ne nous laissons
pas endormir, ouvrons les yeux….
Dans ce récit, le réchauffement climatique a fait des dégâts
énormes et devant le comportement un tantinet attentiste de l’état, certains se
décident à agir. Des comités de vigilance se mettent en place, l’idée serait
bonne mais ça dérape, et ce sont plutôt des milices avec toutes les dérives
possibles qui agissent. Certains les soutiennent, d’autres en ont peur et
aimeraient se révolter. Les individus que l’on a appris à connaître se
positionnent, hésitent, parlent, se taisent, se mettent en avant, se font
oublier, comprennent ce qui se trame ou font comme s’il ne se passait rien …. C’est
leur cheminement que nous suivons sur plusieurs mois, voire années.
L’auteur montre que la frontière entre le bien et le mal est
parfois floue et que l’interprétation des faits peut prêter à confusion suivant
celui ou celle qui observe, qui analyse.
« Le prof a dit comme toi, que le mal et le bien
étaient en nous, côte à côte, et qu’ils n’arrêtaient pas de se faire la guerre
au fond de notre tête, que c’était même ça notre liberté, choisir entre les
deux et que c’était un combat de tous les jours. »
Il présente des situations et des événements où le (la)
protagoniste doit se décider rapidement et quelques fois, pour la vie ou la
mort. Qu’est-ce qui pousse un homme ou une femme à de telles extrémités ? Au
nom de quoi, pour qui, dans quel but ? Stéphane Lanos nous parle de la
place des médias, de leur rôle, de la manipulation d’un fait pour en donner une
image qui correspond à ce que décident les gouvernants par exemple…. De
nombreux chapitres sont consacrés à « Madame », qui n’est pas sans
rappeler…chut, je ne dis rien….
Ce livre est rédigé sur un bon rythme, surtout une fois le « décor »
planté. Le style est vif et l’écriture nerveuse. L’atmosphère est retranscrite
avec doigté, on sent le malaise grandissant, l’emprise qu’ont certains sur les
autres, soit parce qu’ils sont de beaux parleurs (menteurs ?), soit parce
qu’ils savent apposer leur autorité pour rallier de plus en plus de monde à
leur cause.
Il y a des passages qui m’ont noué le ventre. J’aurais voulu
que ce soit différent mais, comme dans la vraie vie, on ne maîtrise pas tout,
ni la maladie, ni la bêtise des hommes…. C’est sans doute ça qui fait la force
de cet opus, il est ancré dans la réalité, celle dont on doit se méfier si on
ne veut pas qu’elle devienne notre quotidien….
J’ai beaucoup apprécié cette lecture. Elle m’a secouée, elle
m’a fait serrer les poings mais elle m’a laissé une lueur d’espoir. Il y aura
toujours des hommes et des femmes pour dire stop et garder en tête ce que
doivent être les vraies valeurs humaines de partage, tolérance et respect.
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