La dernière tentation (The Last Temptation)
Auteur : Val McDermid
Traduit de l’anglais par Catherine Richard
Éditions : Parole et Silence (1 er janvier 2003)
ISBN : 978-2744164521
604 pages
Quatrième de couverture
Hanté par le souvenir d'humiliations subies durant son
enfance, un marinier sillonne les canaux d'Europe du Nord en quête d'une
impossible revanche. Au même moment, Carol Jordan, agent de liaison Europol,
arrive à Berlin. Elle a pour mission d'infiltrer un réseau de drogue et de
démanteler un trafic de clandestins, en usant de son extraordinaire
ressemblance avec la maîtresse du gangster qui les contrôle. Mais trois
meurtres au scénario pervers, commis en Allemagne et en Hollande, l'entraînent sur
la piste d'un serial killer.
Mon avis
« Avant de trouver sa place dans le monde, il devait se
débarrasser du passé qui, tel un linceul, voilait chacun de ses jours. »
Dès les premières pages de ce livre, j’ai pensé : « Bon,
encore un personnage torturé pas son passé… » Pas envie de rentrer en relation
avec lui, d’aller au plus profond de son âme sombre, de comprendre sa
personnalité mouvante, ses angoisses, de lui trouver, peut-être, des excuses à
cause d’un passé forcément trouble et douloureux … pas envie …
Et puis, quelques pages plus loin, sont arrivés Tony et
Carol, la donne changeait, je suis immédiatement rentrée en contact avec eux et
je n’ai plus beaucoup lâché ce livre …
C’est un thriller à plusieurs entrées, où tout bien entendu,
finira par être relié. Une intrigue diablement bien ficelée où le suspense
augmente, où certains faits vous prennent « aux tripes » et vous mettent la
chair de poule tout en vous révoltant.
On est sans cesse aux aguets, se demandant ce que chacun des
protagonistes va faire, inventer pour aller plus loin dans ses choix, que ce
soit pour résoudre les différents « mystères » ou pour échapper aux
poursuivants.
J’ai beaucoup apprécié le rôle du profileur et la façon dont
il relie ses observations.
Entre autres, le rapport de l’assassin avec l’eau. Son
raisonnement m’a convaincue car tout est soigneusement analysé, pesé, expliqué,
décortiqué avec justesse et rigueur. Il n’affirme pas, il suggère, il suppose,
il met en exergue des faits qui pourraient être « vus » tout autrement et au
final, on se prend à avoir envie dans les pages suivantes de penser comme lui,
d’avoir ce regard sur ce qui se déroule, d’être capable, à notre tour,
d’interpréter les faits et gestes du tueur, d’anticiper ce qui va se passer
pour essayer de l’éviter …
L’histoire se déroule dans toute l’Europe et on découvre les
difficultés des services de police des différents pays à communiquer leurs
informations, tout semble trop cloisonné. Heureusement, les amitiés virtuelles
existent entre flics et les points communs entre les meurtres leur mettront la
puce à l’oreille.
J’ai aimé la présence des canaux et de l’eau, cette eau qui
apaise. « Il ne se sentait calme que sur l’eau. Là, il avait la maîtrise à
la fois de lui-même et du monde qui l’environnait. »
J’émettrai un léger bémol, j’ai trouvé Carol bien naïve,
elle met toutes les chances de son côté pour se mettre dans la peau d’une autre
mais à côté de ça, elle néglige d’éclairer chez elle (les volets sont ouverts)
pour faire croire qu’elle est rentrée alors qu’elle se doute bien qu’elle doit
être suivie. Dès le premier retour nocturne, j’ai eu envie de lui dire
«Attention, ne sois pas si bête ! ». mais si elle y avait pensé, l’histoire
aurait été beaucoup plus courte …
L’écriture est simple, rythmée et prenante. Les faits
s’enchaînent très vite, pas de temps mort.
On se déplace sans effort d’un pays à l’autre, d’un
personnage à un autre, du batelier tourmenté aux trafics en Allemagne en
passant par l’enquête en Hollande. On suit la relation de Tony et Carol,
complexe, jouant à « je t’aime moi non plus », tout en ayant besoin l’un de
l’autre, ne sachant pas, parfois, comment se positionner, ne sachant pas aussi,
baisser la garde, se laisser aller lorsqu’ils sont ensemble, rattrapés sans
cesse par leur métier.
Un livre où les six cents pages nous emmènent très vite,
ailleurs, dans un monde parfois un peu glauque, avec quelques éclairs de
tendresse, des personnages attachants ou répugnants mais qui nous laissent
rarement indifférents …
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