La Valise et le Cercueil
Auteur : Dario
Éditions : Les 2 encres (6 Août 2014)
ISBN : 978-2351686805
160 pages
Quatrième de couverture
Ça y est ! Enfin, et pour de bon cette fois, la guerre
d'Algérie est terminée. Soulagée, la France des années 60 s'engouffre
enthousiaste sur les chemins de la croissance, de la consommation et de
l'oubli. À Paris, entre Clignancourt et
Pigalle, cinq assassinats inexpliqués d'ouvriers laissent à penser que le feu
qui a embrasé l'Algérie française a peut-être été mal éteint. Faut-il voir
derrière le meurtre des cinq métallos la main vengeresse de l'OAS, voire une
résurgence de la Cagoule ? Sous la pluie du quartier de son enfance,
l'inspecteur divisionnaire Claude Fourrier, en proie à ses propres démons, mène
l'enquête, loin, si loin du soleil d'Alger.
Mon avis
On est dans les années « soixante », Claude Fourrier,
inspecteur divisionnaire doit mener l’enquête : cinq meurtres d’hommes Des gens
issus de milieux ouvriers et qui avaient malgré tout un point commun. Ils ont
tous été plus ou moins proches de la rébellion algérienne, du MNA (mouvement
national algérien), de l’ALN (Armée de libération nationale) ou du FLN (Front
de libération nationale), tous ces groupes qui ont œuvré pour obtenir de la
France l’indépendance de l’Algérie. Tous les cinq ont soutenu en métropole les
rébellions des « fellaghas ». Ils étaient ce qu’on appelle des « porteurs de
valises », européens, insoupçonnables au service du FLN ou autre. Que
faisaient-ils ? Ils transportaient des faux papiers, des fonds ou des armes
pour les insurgés parisiens entre autres. Ils ont agi dans l’ombre « pas vu,
pas pris » et depuis ils menaient une vie tranquille, rangée des voitures…
Et puis coup sur coup, un, deux, trois….cinq macchabées sur
les bras….
Le Ministre d’Etat, Bethier convoque notre inspecteur, lui
donne quelques tuyaux sur les histoires d’avant l’indépendance de l’Algérie.
Fort de ça, il lui demande de trouver au plus vite qui tue, surtout que ça se
fait avec du gros calibre, peu employé, une arme de guerre de 1934… Surtout
résoudre tout cela vite et bien sans avoir besoin de faire intervenir le préfet
de police, ça ferait désordre….
Il veut bien, Claude Fourrier mais il ne sait pas par quoi
commencer, ni comment s’y prendre… Heureusement, il est bien entouré, il y a
Mado, Momo, Nini, Lopez, Monsieur Djoko… de l’indic à la tapineuse, en passant
par le coiffeur, tous ont des yeux, des oreilles pour observer et des choses à
dire. Alors l’inspecteur les « fréquente », les écoute surtout et parfois se
fie à eux….
Le Paris des années « soixante » est remarquablement bien «
campé ». On s’y croirait : dans les bistrots, dans les rues, au commissariat….
C’est un texte très visuel qui pourrait être adapté en téléfilm sans problème
tant les situations sont bien présentées.
Mais l’intérêt de ce roman est également dans le cheminement de Claude, qui devient vite un intime car on partage ses questions, ses doutes, ses cauchemars… Notre homme a une part d’ombre, il n’a pas fait son deuil du décès de son père et tout cela le hante. La façon dont il mène ses investigations, s’appuyant sur les observations des uns et des autres est intéressante. Il avance petit à petit, lentement mais sûrement et s’appuie sur le moindre indice pour progresser. Les « seconds rôles » sont des protagonistes à part entière, ils ont chacun leur importance dans l’intrigue et ne sont pas là pour faire compléter le décor.
L’écriture de Dario que je ne connaissais et que j’ai
découvert est fluide, agrémentée de vocabulaire précis ou argotique de
l’époque. J’ai trouvé les descriptions très justes et très pointues retraçant
avec brio l’atmosphère du moment. Peut-être prennent-elles parfois un peu trop
de place au détriment des personnages qui auraient mérité d’être approfondis.
On sent malgré tout que l’auteur a un potentiel d’écriture. Il n’a sans doute pas donné « sa pleine mesure » avec ce premier roman, assez court. Mais il mérite d’être repéré et suivi pour ses prochains écrits.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire