Les mots qu’on ne me dit pas
Auteur : Véronique Poulain
Éditions : Stock (20 Août 2014)
ISBN : 9782234078000
144 pages
Quatrième de couverture
« ? Salut, bande d’enculés ! ? C’est comme ça que je salue
mes parents quand je rentre à la maison. Mes copains me croient jamais quand je
leur dis qu’ils sont sourds. Je vais leur prouver que je dis vrai. Salut, bande
d’enculés ! Et ma mère vient m’embrasser
tendrement. » Sans tabou, avec un humour corrosif, elle raconte. Son père,
sourd-muet. Sa mère, sourde-muette. L’oncle Guy, sourd lui aussi, comme un pot.
Le quotidien. Les sorties. Les vacances. Le sexe. D’un écartèlement entre deux
mondes, elle fait une richesse. De ce qui aurait pu être un drame, une comédie.
D’une famille différente, un livre pas comme les autres.
Mon avis
Véronique Poulain, dans ce court recueil, raconte sa vie
d’enfant de couples sourds.
Ses parents, qui ont dit un jour, qu’ils auraient préféré
avoir une fille sourde.
Je côtoie des personnes sourdes régulièrement et j’ai retrouvé
beaucoup d’éléments régulièrement évoqués par la communauté sourde dans ce
livre.
Véronique nous rappelle que c’est en 1977 que la situation a
commencé à évoluer en France alors qu’avant les sourds étaient parfois
considérés comme handicapés mentaux.
Elle explique la langue des signes française dont les
phrases ne sont pas structurées comme à l’oral (ce qui fait que si le sourd
écrit un texto avec les mots placés comme en LSF (langue des signes), cela ne
veut pas dire grand-chose et il faut « décoder ».
Elle expose son quotidien d’enfant entendante élevée dans
une famille où beaucoup sont sourds (oncle, tante), elle nous informe sur les «
bénéfices secondaires » qui permettent d’avoir des « avantages » lorsque les
parents n’entendent pas (ah, mettre la musique à fond dans sa chambre sans se
faire disputer !).
La communauté sourde, la langue des signes sont pratiquement
un monde à part. Un sourd ne comprend pas le sens figuré (« Après la pluie le
beau temps » est une expression prise au sens premier par un sourd), n’a pas le
même humour (il y a des blagues « Pi sourds » (qui font rarement rire les
entendants). Un sourd exprime difficilement par oral ses sentiments, (parce que
c’est abstrait) mais regardez son corps, sa gestuelle, ses expressions et vous
aurez tout le panel de ses émotions. La LSF est expressive, chaque élément a sa
place dans ce que « dit » la personne sourde et le plus important est en
premier. J’apprends cette langue depuis plus de dix ans et je la trouve belle.
Véronique Poulain entre révolte et difficile compréhension a
appris à aimer ses parents et à être fière d'eux et de leur parcours.
Ce livre est une bonne approche de la situation d’une famille où les uns entendent d’autres pas. Ce n’est pas rébarbatif, ça se lit tout seul, c’est agréable.
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