"Le Grand Monde" de Pierre Lemaitre

 

Le Grand Monde
Auteur : Pierre Lemaitre
Éditions : Calmann-Lévy (25 janvier 2022)
ISBN : 978-2702180815
592 pages

Quatrième de couverture

La famille Pelletier

Trois histoires d’amour, un lanceur d’alerte, une adolescente égarée, deux processions, Bouddha et Confucius, un journaliste ambitieux, une mort tragique, le chat Joseph, une épouse impossible, un sale trafic, une actrice incognito, une descente aux enfers, cet imbécile de Doueiri, un accent mystérieux, la postière de Lamberghem, grosse promotion sur le linge de maison, le retour du passé, un parfum d’exotisme, une passion soudaine et irrésistible.

Mon avis

Première rencontre avec la famille Pelletier à la sortie de la seconde guerre mondiale (on est en 1948). Il faut tout de suite dire que Pierre Lemaitre est un formidable raconteur d’histoire. Souffle romanesque, fond un peu historique, intrigue policière, rapports familiaux difficiles, clin d’œil aux romans précédents (très astucieux), tout est mis en place pour captiver le lecteur et présenter une belle saga.

Les parents Pelletier sont propriétaires d’une savonnerie à Beyrouth, florissante sur le marché. Tout va bien, enfin presque … Aucun des quatre enfants (trois garçons, une fille) n’a l’intention de reprendre l’entreprise familiale. D’ailleurs le roman commence par la procession annuelle fêtant la création de la fabrique. C’est un passage obligé, même quand on n’habite pas sur place. C’est l’occasion pour les enfants de se retrouver et on sent déjà quelques tensions. Le fils aîné a tout raté, apparemment son mariage aussi (en couple avec une peste qu’incarnerait Balasko à la perfection). Le deuxième veut être journaliste, le troisième est amoureux d’un légionnaire, qui se bat actuellement à Saïgon et qu’il rêve de rejoindre. La fille a des idées mais ne sait pas trop où elle en est et hésite à partir. Les parents le savent : lorsqu’un enfant quitte le nid, il ne revient pas….

Le lecteur va de Beyrouth à Saïgon, passe par Paris, suit les uns, les autres et ceux qui les accompagnent sans jamais se perdre. On se demande quand certains vont se croiser, se retrouver à nouveau, se faire coincer. Les sous-entendus sont légion, habilement amenés jusqu’à une vérité originale qui pointe le bout de son nez. C’est très prenant, captivant, bien construit. Bien sûr, pour une seule fratrie, ça fait pas mal de personnes qui sortent de l’ordinaire mais aucune importance. On est dans le récit, on dévore les pages, on prend du plaisir. Que demander de plus ?

Le fond historique n’est pas développé comme dans d’autres écrits de l’auteur mais il suffit pour nous mettre la puce à l’oreille sur des faits réels (le trafic des piastres) et rien ne nous empêche de creuser cet aspect dans d’autres livres.

L’écriture est vive, avec des pointes d’humour (noir parfois), des rebondissements bien pensés et surtout bien dosés. Pas un protagoniste n’est abandonné au profit d’un autre. Chacun vit sa vie mais des connexions se créent et c’est un régal de voir comment elles se mettent en place (je serais curieuse de connaître, en amont, la méthode de l’auteur, pour que tout soit bien en phase). L’atmosphère des différents lieux est parfaitement adaptée à ce qu’on y vit à cette époque et c’est très fort car crédible et intéressant.

Quand on ferme la dernière page, on a envie de dire : Bon, à quand la suite ? Il faut attendre encore combien de temps ?

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