La couleur des sentiments (The Help)
Traduit de l’anglais (Etats- Unis) par Pierre Girard
Auteur : Kathryn Stockett
Éditions : Jacqueline Chambon (14 Novembre 2011)
ISBN : 978-2848683720
528 pages
Quatrième de couverture
Jackson, Mississippi, 1962. Dans quelques mois, Martin
Luther King marchera sur Washington pour défendre les droits civiques. Mais
dans le Sud, toutes les familles blanches ont encore une bonne noire, qui a le
droit de s'occuper des enfants mais pas d'utiliser les toilettes de la maison.
Quand deux domestiques, aidées par une journaliste, décident de raconter leur
vie au service des Blancs dans un livre, elles ne se doutent pas que la petite
histoire s'apprête à rejoindre la grande, et que leur vie ne sera plus jamais
la même.
Mon avis
Les années 60 dans le Mississipi, les blancs, les noirs, «
séparés mais égaux…. » nous dit une des voix de ce roman.
Une narration avec trois regards différents sur une même société, celle des
blancs bien pensants et des noirs à leur service.
Trois femmes s’expriment, deux « bonnes » et une jeune femme qui n’aura de
cesse de dénoncer ce qui la choque en les faisant témoigner dans un écrit qui
devra, bien entendu, rester anonyme…. Remarquablement écrit puisque le
vocabulaire, l’expression orale ou écrite sont adaptés aux narratrices.
Nous irons à la rencontre de :
Aibileen qui pense : «On m’avait planté dedans une graine d’amertume.
Et j’acceptais plus les choses comme avant. »
Minny qui sait qu’elle ne doit pas être insolente avec « ses patrons », qu’elle
doit obéir mais qui a tant de mal à se taire, à laisser passer ce qui la
choque.
Miss Skeeter qui lit « l'attrape cœur » en cachette, qui interroge les femmes
noires au service de ces blancs riches, souvent méprisants, et qui se rend
compte que, même sorti du contexte, on reste attaché à ce qu’on est.
« Pour avoir cru qu’elle allait cesser de se penser comme une bonne sous
prétexte que nous étions chez elle, et qu’elle ne portait pas son uniforme. »
Et tous les autres qui donnent vie et couleurs à ce livre « coup de cœur »….
Un livre coloré….
Marron comme le chocolat ….
« Si le chocolat avait été un son, ce son aurait été la voix de Constantine
quand elle chantait. Si chanter avait été une couleur, cela aurait été la
couleur de ce chocolat. »
Chocolat d’une certaine tarte aussi ;-) ….
Blanc, comme la couleur des uniformes des bonnes, comme si l’habit
changeait la couleur de leur peau et les rendait "autres" ….
Noir, comme la peau de ces personnes parfois humiliées, souvent traitées
avec condescendance, dont
« on » dit qu’elles ne peuvent pas utiliser les mêmes toilettes, les mêmes
assiettes ….. de peur d’attraper leurs maladies …
Rouge, comme le sang qui coule dans nos veines et qui est le même quelle
que soit la couleur de la peau. Rouge comme la colère devant l’injustice ….
Rose, comme la robe de Celia, pauvre blanche qui n’arrive pas à se faire
aimer des autres femmes de sa condition ….
Bleu, comme la couverture de ce livre « révolution » qui dérange, qui
choque, qui fait parler et qui est présent dans le récit …
Vert, comme l’espérance, celle qu’un jour, les hommes comprendront enfin
….
Un livre magnifiquement construit où les pages se déroulent sans qu’on ait
envie de le poser.
Un livre qui vous parle au cœur et qui vous rappelle quelques vérités.
Callie qui dit à Miss Skeeter : « Si les Blanches lisent mon histoire,
je veux qu’elles sachent ça. Dire merci quand on le pense pour de bon, quand on
se rappelle que quelqu’un a vraiment fait quelque chose pour vous, ça fait
tellement de bien. »
J’ai aimé ce roman, j’ai aimé ces femmes, j’ai apprécié les références
musicales (Stevie Wonder, Bob Dylan, …), littéraires (L’attrape cœur, Henry
Miller ….), historiques (Martin Luther King, Kennedy….) glissées intelligemment
ça et là ….
Ce livre, c’est du bonheur de lecture à l’état pur …
Même les dernières pages « Trop peu, trop tard » sont édifiantes du besoin qu’a
eu l’auteur d’apporter par son écrit une pierre à l’édifice des hommes qui se
battront toujours que ce soit par leurs écrits, leurs actes, leurs gestes ….
pour qu’un jour les hommes soient réellement libres et égaux ….
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