Les morts d’Avril (The April Dead)
Auteur : Alan Parks
Traduit de l’anglais (Ecosse) par Olivier Deparis
Éditions : Rivages (8 mars 2023)
ISBN : 978-2743659073
450 pages
Quatrième de couverture
Alan Parks nous replonge dans la Glasgow des années 70, et
plus précisément entre le 12 et le 22 avril, période durant laquelle l’inspecteur
Harry McCoy va avoir fort à faire : des bombes artisanales rappelant le mode
opératoire de l’IRA explosent dans Glasgow, un capitaine de la marine
américaine nommé Andrew Stewart lui demande de l’aider à retrouver son fils, et
son vieil ami Stevie Cooper – criminel patenté – sort de prison et ne semble
pas prêt à mettre fin à ses activités illégales.
Mon avis
C’est la quatrième fois que je retrouve Harry McCoy, le
policier récurrent d’Alan Parks. En effet, il décrit Glasgow dans les années 70
en suivant les mois. Nous sommes ici en Avril 1974, entre le 12 et le 22.
Waterloo du groupe ABBA est diffusé dans de nombreux pubs où la bière coule à
flots.
Tout commence avec un appartement dévasté par une bombe. Il
semblerait que le jeune mort découvert sur place ait mal manipulé son matériel.
Un essai artisanal raté ? Quel était le but de cet homme ? Dans un
même temps, Harry va récupérer, à sa sortie de prison, un vieux pote, Stevie
Cooper, qu’il connaît depuis qu’ils ont ensemble traversé une enfance
difficile. C’est une amitié bizarre entre un flic et un voyou, faite d’une
tendresse particulière, parfois assortie d’épisodes durs à la limite de la
violence
Wattie, son fidèle coéquipier se voit confier une enquête. Il
a un fils en bas âge. Fatigue et manque de sommeil sont son quotidien. Pourtant
il fait tout pour réussir et être mieux vu de leurs chefs. Il demande à McCoy
de l’aider discrètement et à eux deux ils vont mener des investigations. De plus, dans un bar où ils finissent la
journée, un gars interpelle Harry. Son fils de vingt-deux ans a disparu. Il s’appelle
Donny et était sur la base navale américaine de Holy Loch. Harry se laisse
attendrir….
Alan Parks nous plonge dans une ville de Glasgow sombre,
torturée, parfois gangrénée par les gangs, sous la menace des bombes puisqu’une
deuxième vient d’exploser. Est-ce que l’IRA est de retour ? Ou s’agit-il d’autre
chose ? McCoy et Harry ont du boulot : trouver qui fabrique ces engins
et dans quel but, retrouver Donny, le fils disparu, éclaircir une histoire avec
Stevie qui est accusé. Il ne faut pas qu’ils s’endorment et la pression est sur
leurs épaules. Et ils ont chacun leurs problèmes personnels….
Tout l’art de l’auteur est de nous faire pénétrer dans son
récit et de nous embarquer à la suite de ses personnages. Il crée une
atmosphère palpable, on y est. On sent les odeurs, on entend les bruits, on a
peur, c’est sombre et dur mais tellement addictif. Les protagonistes ont de
plus en plus de consistance au fil des intrigues, leurs relations évoluent, s’étoffent.
On apprend plus de choses sur eux. Cette fois-ci, McCoy qui depuis trois tomes
malmènent son corps en mangeant mal, fumant et buvant, a un ulcère très
douloureux qu’il ne soigne pas vraiment correctement. Cela l’affaiblit mais son
esprit reste vif et il est très observateur. Capable de déductions pertinentes,
il analyse finement les éléments qui sont en sa possession.
L’écriture est une pure réussite (merci au traducteur), c’est
fluide, prenant, les dialogues sont parfaitement bien placés, intégrés au texte
et on ne se perd jamais. On fait connaissance avec des individus sombres qui font
peur, on réalise qu’ils sont prêts à tout pour arriver à leurs fins et la
tension monte au fil des pages. Il y a du rythme avec des actions qui
permettent de rebondir sur une autre piste mais également des moments plus calmes
où les policiers sont plus dans la réflexion. Cela nous permet de souffler car
il y a quelques passages difficiles nous montrant jusqu’où peuvent aller les
hommes dans l’horreur.
J’ai apprécié les thèmes évoqués en filigrane avec doigté et
intelligence. Alan Parks construit son roman sur un fond historique très
intéressant qu’il exploite avec tact. Il se bonifie de titre en titre et c’est
de plus en plus abouti. J’ai hâte de lire la suite !
NB : Même s’il est sans doute préférable de lire cette série dans l’ordre, ce livre peut être lu indépendamment des autres.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire