"La nuit barbare" de Zadig Hamroune

 

La nuit barbare
Auteur : Zadig Hamroune
Éditions : Emmanuelle Colas (7 Avril 2023)
ISBN : 978-2490155682
182 pages

Quatrième de couverture

Un gamin issu de l’immigration prend la parole dans la nostalgie jubilatoire des années 1970 et 1980. Nous suivons la trajectoire d’un voyou studieux, enfant de la République et rat de bibliothèque, maltraité, abusé, qui pourtant ne cesse de danser et de chanter.

Mon avis

On dit de lui qu’il est Normand d’adoption, kabyle d’instinct, Zadig Hamroun, après avoir été enseignant et traducteur, est devenu écrivain. Il aime les mots, leur musique, leur sonorité. Il les fait résonner, se faire écho, se renvoyer des images, des actes, des chansons, des phrases avec différentes mélopées qui vont d’une page à l’autre comme dans un match de ping pong.

On commence en 1977, pour finir dans les années 80 avant une courte conclusion en 2019 et un passage en 2022. C’est un gamin issu de l’immigration qui s’exprime et que l’on voit grandir, il s’appelle Lyazid. Il chante il danse, il explose en diverses personnalités. Il peut être fort et se « blinder », avoir peur et se taire, jouer au dur et se battre mais toujours il vit, il existe, prenant à bras le corps ce que son quotidien lui offre, ou lui reprend, c’est selon.

Il veut écrire, et il lit sans arrêt, surprenant sa famille qui ne comprend rien à ce besoin. Il s’en fout, lui, ça lui est indispensable de tenir un livre, de découvrir, de rêver, de penser à « plus tard je serai écrivain » (au futur pas au conditionnel).

Dans sa tête, ça se bouscule, ça part dans tous les sens, il a tant le désir de dire, de transmettre, de partager. Sa mémoire est quelques fois en jachère, il a oublié ou il n’a pas voulu se souvenir…. C’est dur d’être issu de l’immigration, de ne pas savoir où on en est côté sexe, pas de cadeaux, il faut faire sa place, être accepté. Lyazid s’accroche même quand on lui fait du mal, même quand c’est terrible et douloureux. Il parle de sa mère « Il fallait qu’elle fût inquiète pour m’aimer. » qui montre son livret scolaire, lui fredonne des berceuses et des contes. Elle est présente, il l’aime mais elle, sait-elle lui dire la même chose ? Elle préfère se montrer présente.

Il y a des hauts, des bas, des oublis dans ce pan de vie que nous traversons aux côtés de ce gosse. Il est fougueux, attachant, il pétille, scintille, refusant de s’éteindre même quand c’est difficile.

C’est avec une écriture poétique, parfois presque déstructurée où les mots vibrent comme autant de messages que l’auteur nous transmet son récit. Il a sans doute mis beaucoup de lui dans ces pages dont on se délecte. Des thèmes graves sont évoqués mais comme c’est un jeune qui s’exprime, le pathos, le tragique sont « détournés » (sans être cachés pour autant) avec des termes plus simples.

« Je suis vieux avant l’âge. Je l’ai toujours été. Mais l’enfant sourit derrière mon épaule. »

J’ai aimé ce roman, l’espérance sans cesse renouvelée de Lyazid, il démarre doucement puis monte en puissance, porté par les voix de tous ceux qui l’ont aidé à se construire, à être lui.


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