Mission Damas (Damascus Station)
Auteur : David McCloskey
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Johan-Frédérik Hel-Guedj
Éditions : Verso (24 mai 2024
ISBN : 978-2386431050
560 pages
Quatrième de couverture
Sam Joseph, agent de la CIA, est envoyé à Paris afin de
recruter Mariam Haddad, haute fonctionnaire travaillant
au palais présidentiel syrien. Entre eux, c’est le coup de foudre. Mais
cette relation interdite pourrait leur coûter très cher, surtout qu’ils doivent
se rendre à Damas pour traquer le responsable de la disparition d’un espion
américain.
Mon avis
David McCloskeyest un ancien analyste de la CIA pour qui il
a travaillé dans plusieurs antennes à travers le Moyen-Orient et il est
également spécialiste de la Russie. C’est dire si son récit est bien pensé,
ancré dans de terribles réalités.
Sam Joseph est agent de la CIA mais lorsqu’il est en
mission, il doit tout avoir du touriste ordinaire, flânant çà et là. Il a
appris à déjouer une filature, à repérer les personnes qui peuvent le filer, à
subir des sévices corporels pour être prêt quelles que soient les circonstances.
Mais souvent entre l’entraînement et le terrain, il y a un gouffre….
Au début du livre, on le suit en Syrie où il participe à une
exfiltration qui ne se passe pas comme prévue. L’atmosphère dans le pays est
très tendue, on le sent dès le début et les descriptions très pointues nous
plongent dans ce contexte anxiogène où règne la peur.
Par la suite, on confie une tâche à Sam, il doit recruter Mariam
Haddad, assistante d’une personne importante au palais présidentiel syrien,
afin d’obtenir des informations. Ce que ni l’un ni l’autre n’avaient prévu, c’est
le fait qu’ils se sentent irrésistiblement attirés l’un vers l’autre. Ils
savent que c’est interdit, qu’ils ne doivent pas céder à leurs pulsions
amoureuses mais …. Sam n’ignore pas que Mariam sera son « talon d’Achille »,
que les ennemis profiteront de cette faiblesse s’il est pris.
À Damas, Bachar El-Assad impose une main de fer, la guerre
civile est en route mais il ne lâche rien. Les espions sont surveillés, coincés,
tout est fait pour les prendre en défaut, faire craquer leur couverture
officielle, les obliger à se dévoiler.
C’est avec une écriture rythmée (merci au traducteur), sans
fioriture que l’auteur emmène le lecteur dans un univers digne des meilleurs
films d’espionnage. De l’action en permanence et pour souffler au milieu des
scènes de violence, l’amour interdit de Sam Et Mariam. Mais rien n’est simple
pour eux, ils sont sans arrêt sur la défensive, obligés d’être sur le qui-vive
en permanence, ne pouvant rien montrer de leurs sentiments…
J’ai trouvé ce roman particulièrement intéressant, même s’il
est « dur ». Il nous montre l’envers du décor des milieux politiques
et des services secrets. Ce n’est pas un jeu de chat et de souris, c’est
beaucoup plus complexe que ça. Il y a des enjeux énormes, notamment lorsque les
familles des agents secrets sont menacées. Eux, ils sont formés pour faire
face, prêts à souffrir, voire à mourir mais quand l’ennemi touche une personne
qu’ils aiment, la donne change… D’où le fait que quelques fois, ceux qui sont
recrutés, le sont parce qu’ils n’ont pas d’attache.
David McCloskey
décrit des méthodes pour faire parler qui font froid dans le dos et on se doute
bien qu’elles existent…. Ce qu’il présente est très pertinent, il glisse même
des faits historiques pour donner du poids à son histoire. Les personnages ne
sont pas manichéens, ils ont des failles, certains très humains. Je pense à
Ali, qui est plutôt surprenant dans sa façon d’être, d’appréhender les
relations avec les autres, quel que soit leur bord.
Un recueil sans temps mort, à l’intrigue travaillée qui plaira aux amateurs du genre !
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