Et ils vécurent heureux malgré tous leurs enfants
Auteur : Raphaëlle Giordano
Éditions : Récamier (17 octobre 2024)
ISBN : 978-2385771188
338 pages
Quatrième de couverture
" Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants...
" Les contes ne racontent pas la suite. Et pour cause. Être parent n'est
pas un chemin bordé de roses ! Qui pourrait affirmer sans mentir qu'il n'a
jamais eu " mal à ses enfants " ? D'où les petites crises de
daronnalgie, ces douleurs spécifiques à la parentalité. C'est ce qui arrive à
Andrea, en difficulté avec sa fille de seize ans, Suzanne. Un jour, une
opportunité inattendue se présente à elle, un casting national pour une
nouvelle émission de téléréalité : La Darons Academy.
Mon avis
« Je voudrais vivre sur une île déserte, quelques
jours. Je n’en peux plus de mes gosses. » Je crois que beaucoup de parents
ont été effleurés par cette pensée ou une similaire … On est bien d’accord,
certains jours c’est trop ! On a beau aimer ses enfants, parfois on ne les
supporte plus. Pas eux, mais tout ce qu’on doit assumer pour que ça « tourne ».
Anticiper, penser à (tout un tas de choses sauf soi), ne pas oublier de,
organiser, prévoir etc. Qu’on soit homme ou femme, on se doit d’être un « daron
à la hauteur » si possible bien meilleur que celui de la famille d’à côté.
Andrea dont on fait la connaissance au début de ce roman est
une mère et une épouse qui essaie de s’en sortir au mieux entre les crises d’adolescence
de sa fille, les regards indifférents de son époux. Elle est à bout et ne sait
plus quoi envisager pour respirer un peu, prendre du recul, recontrôler sa vie
et ne pas se faire « bouffer ». On reconnaît dans son portrait (même
si parfois c’est un peu caricaturé) un ou une ami(e), quelqu’un de sa famille, une
connaissance ou soi-même ….. Quand une maman ou un papa n’arrive plus à gérer, que
faire ? Les conseils des uns et des autres, ce n’est pas toujours la bonne
solution….
Alors lorsqu’Andrea, en train de faire son marathon de
superwoman au centre commercial, est alpaguée par un animateur avec un flyer
pour la « Daron Academy, une émission de téléréalité elle le prend. Elle
ne sait pas ce qu’elle fera de ce papier mais on ne sait jamais. Arrivée chez
elle, face à tout ce qui la submerge, elle se dit qu’elle ferait bien de
postuler. L’idée de passer six semaines dans un château avec d’autres parents
lui plaît bien. Ce serait l’occasion de vivre pour soi, de discuter avec d’autres
darons, confrontés eux aussi aux comportements imprévisibles de leurs enfants.
Est-ce que c’est une bonne idée ? On sait bien que parfois, ces émissions
sont « scénarisées », que la production induit les attitudes, manipule
les images…. Sa fille supportera-t-elle de voir sa mère ainsi exposée et elle
aussi par ricochets ?
Dans ce nouveau titre, Raphaëlle Giordano s’est appuyée sur
de nombreux témoignages de familles (elle explique et partage de nombreux
documents dans les dernières pages) qui, sans tabou, font part de leurs
difficultés, de ce qu’ils n’ont pas osé exprimer, ce qu’ils ont tu. Dans le
récit lui-même, il y a des lettres émouvantes, magnifiques, criantes de vérité.
Quant à la Daron Academy, l’auteur égratigne, avec humour,
dérision et même un peu de causticité, le monde quelques fois superficiel de la
télévision. Elle a une plume alerte, amusante, capable de faire rire, mais
aussi d’émouvoir comme dans les courriers qu’elle introduit dans son texte.
J’ai eu un peu de mal à entrer dans l’histoire, je ne ressentais
pas assez d’émotion, j’avais envie de prendre les choses en mains et de secouer
tout ce petit monde. Puis petit à petit, je me suis attachée à Andrea, qui veut
être forte, malgré ses faiblesses, ses manques, et qui va peut-être s’autoriser
à être elle-même. Finalement, lorsque les masques tombent, on entre dans la vraie
vie ….
C’est une histoire pétillante, par ses côtés fantaisistes et divertissants, mais également très juste dans l’approche du métier de parents. Le ton n’est pas moralisateur mais quelques pistes sont suggérées (lâchez du lest, ne pas s’oublier ni oublier son couple etc.) Et bien sûr qu’on sait tout cela mais le lire sous la plume de Raphaëlle Giordano, ça fait du bien !
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