La cadette de mes soucis
Auteur : Marjolaine Solaro
Éditions : L’Archipel (16 Janvier 2025)
ISBN : 978-2809851809
354 pages
Quatrième de couverture
Un mariage heureux, un petit garçon en pleine santé, une
petite fille en route, un film en préparation : tout sourit à Églantine, jeune
réalisatrice ambitieuse. Alors qu'elle maîtrise son quotidien au millimètre
près pour tout concilier, une jaunisse nécessite son hospitalisation. Les
spécialistes se succèdent à son chevet sans pouvoir identifier ce dont elle
souffre, laissant planer des doutes sur sa santé et celle de son bébé. La vie
entière de la jeune femme se trouve chamboulée par cette mystérieuse maladie
qui vient révéler des secrets familiaux inattendus.
Mon avis
On est en 2009, Églantine est heureuse. Son mari, Matthieu,
la soutient et la comprend, leur petit Léo, vingt mois, est gai, enjoué et
facile à vivre. En ce qui concerne sa vie professionnelle, elle va tourner son
premier film en tant que réalisatrice. Elle est enceinte d’un deuxième enfant
mais tout se passe bien. Rien ne manque à son bonheur !
Pour bien s’organiser, ne pas perdre de temps, son emploi du
temps est cadré, minuté, rien n’est vraiment laissé au hasard car tout doit
bien s’enchaîner. Et puis un jour, patatras, tout est remis en cause. La faute
à une vilaine jaunisse, mettant en danger Églantine et le bébé qu’elle attend.
Elle ne veut pas être hospitalisée, pas maintenant, alors que son premier film
va être lancé. Elle n’a pas le temps, pas envie, pas le goût et puis d’abord
son fils a besoin d’elle et elle doit bosser…
Elle comprend qu’elle n’a pas le choix. Sa vie est en
danger, celle de l’enfant qu’elle porte aussi. Elle doit rester sous surveillance
pour une durée indéterminée…. Elle pleure, tempête, râle mais elle est bien
obligée d’accepter. À partir de ce moment, ses priorités changent, elle doit
faire « le deuil » de certains événements pour se préserver et ne pas
accoucher trop tôt.
Avec beaucoup de doigté, de finesse, Marjolaine Solaro
raconte le quotidien de cette maman qui n’est plus chez elle, qui doit garder
un lien fort avec son fils malgré les jours qui passent. Elle présente les
relations médecins / malades ou entre hospitalisées. Ces liens qui se créent,
qui peuvent être très forts. Elle explique combien il est difficile d’attendre
sans savoir et sans pouvoir agir. Elle rappelle qu’il ne faut pas se décourager
ni baisser les bras. Elle n’en fait pas trop, elle ne sombre pas dans le
pathos, elle présente les faits, tels qu’ils sont.
L’essentiel de l’histoire se déroule en 2009 et Églantine s’exprime
à la première personne. Et puis, il y a deux retours en arrière en 1976 et en
1942. Ils sont nécessaires pour cerner le passé des parents et grands-parents
de cette femme et ainsi analyser les relations qui se sont mises en place. En
fin d’ouvrage, un arbre généalogique aide, si besoin, à repérer les
personnages.
Dans ce livre, de beaux portraits de femmes sont présentés.
En fonction de l’époque où elles ont vécu, les situations n’étaient pas perçues
de la même façon et l’accompagnement était différent. Y-a-t-il de bonnes ou
mauvaises décisions ? A-t-on toujours le choix ?
Malgré la gravité des thèmes abordés, le deuil, la
prématurité, les non-dits etc, l’écriture est teintée d’humour, bien dosé, pour
alléger un peu le texte entre deux propos graves. C’est très bien fait. J’ai
aimé les explications des prénoms féminins de fleurs (bravo à l’amie de l’auteur
qui a dessiné les fleurs en tête de chapitre). Le style est très vivant. Bien
que le récit se déroule souvent à l’hôpital, il y a du mouvement, de l’action.
J’ai pensé à toutes ces femmes qui vivent des situations
semblables à celle qui sont décrites. Se confier, se taire, se renfermer sur
soi, se protéger avec une carapace, déprimer et s’enfoncer, lutter et se
relever ? Les options sont nombreuses. Qu’aurais-je fait à leur place ?
Ce roman m’a émue. C’est une belle découverte !
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