Syngué Sabour : Pierre de patience
Auteur : Atiq Rahimi
Éditions : POL (20 Août 2008)
ISBN : 978-2-84682-277-0
160 pages
Quatrième de couverture
En persan, Syngué sabour est le nom d’une pierre noire
magique, une pierre de patience, qui accueille la détresse de ceux qui se
confient à elle. Certains, dans ce livre en tout cas, disent même que c’est
elle qui est à La Mecque, et autour de quoi tournent les millions de pèlerins.
Le jour où elle explosera d’avoir ainsi reçu trop de malheur, ce sera
l’Apocalypse. Mais ici, la Syngué sabour, c’est un homme allongé, comme
décérébré après qu’une balle se soit logée dans sa nuque sans pour autant le
tuer. Sa femme est auprès de lui. Elle lui en veut de l’avoir sacrifiée à la
guerre, de n’avoir jamais...
Mon avis
« Je possède ton corps et toi mes secrets. Mes secrets te font vivre. J’ai
trouvé ma pierre de patience »
« Ce qui me libérait, c’était de tout te dire….toi, tu ne pouvais rien me
répondre, tu ne pouvais rien faire contre moi …tout ça me réconfortait,
m’apaisait… »
« Cette voix qui émerge de ma gorge, c'est la voix enfouie depuis des milliers
d'années. »
Le souffle de cet homme, immobile, rythme le livre.
Sa femme parle, s’en veut de parler mais continue … C’est un monologue en huis
clos. Elle dit, déverse tout ce qu’elle n’a jamais osé dire…Cherche-t-elle le
pardon, l’absolution de cet homme qui ne peut pas réagir ?
Il ne répond pas alors elle peut tout dire, parfois de façon très dure, elle se
révolte, se met en colère. A d’autres moments elle parle avec des mots crus ou
bien avec tendresse …. Elle passe, repasse par tout une palette de sentiments,
d’émotions et nous les fait ressentir à travers ses mots.
Elle souffre parce qu’il semble ne pas souffrir alors qu’elle est malheureuse.
Malheureuse de ne plus le sentir vivant à ses côtés, malheureuse de ne pas
avoir eu la vie dont elle avait rêvé…
Parfois quelques phrases.
Très courtes ;
Saccadées, présentées
Comme un poème.
Pourquoi ?
Pour parler d’elle, de ce qu’elle ressent et des événements qui ont lieu à
l’extérieur de cette maison.
Cette femme est la voix des femmes afghanes, des femmes pour qui on choisit,
des femmes qui se taisent et qui, un jour, se décident à parler.
C’est magnifiquement écrit. Le rythme parfois lent, parfois saccadé, parfois
rapide, parfois poétique … nous rappelle sans cesse, l’homme allongé et l’on
croit entendre, derrière les mots, sa respiration ….

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