"De pierre et d'os" de Jean-Paul Krassinky

 

De pierre et d’os
Auteur : Jean-Paul Krassinsky (textes et aquarelles)
Éditions : Dupuis / Collection : Aire Libre (11 Avril 2025)
ISBN : 979-1034767069
212 pages

Quatrième de couverture

Lors d'une nuit de tempête, Uqsuralik, une jeune Inuk, est séparée des siens. Isolée sur une banquise hostile, elle tente de survive en compagnie de ses chiens.
Elle est heureusement recueillie par une famille et intègre leur campement d'hiver. Si ses talents de chasseuse lui permettent d'être rapidement valorisée au sein du groupe, les agissements du patriarche la contraignent à s'éloigner et fuir cet homme dangereux. Elle retrouve alors la famille de son oncle. Entourée de bienveillance, elle va essayer de soigner son corps et son âme des traumatismes de son passé.

Mon avis

Adapté du roman éponyme de Bérengère Cournut (que je n’ai pas lu, paru en 2019), ce roman graphique est splendide. Les illustrations sont des aquarelles représentant des inuits et leur environnement : la banquise, une nature régulièrement hostile où il faut trouver de quoi s’abriter, se nourrir …

L’auteur a travaillé pendant quatre ans dont trois uniquement sur les dessins pour réaliser cet album. Ne pas surcharger les phylactères mais respecter l’essentiel du texte n’a pas dû être facile. Pourtant on ressent bien toutes les étapes de la vie et toutes les émotions d’Uqsuralik, une jeune Inuk, qui a été séparée de sa famille par un incident météorologique.

Les paysages et les éléments naturels tiennent une grande place mais le surnaturel également. Certaines doubles pages sont consacrées à des chants et j’ai beaucoup aimé celui du vent et de l’orage.

Les vignettes ne sont pas régulières, elles s’étirent et s’étalent plus ou moins selon l’importance de ce qu’elles transmettent : la violence, la douceur ou la « communion » du moment.

Les inuits ont tendance à tous s’habiller de façon identique mais on repère les personnages avec quelques traits caractéristiques même quand ils vieillissent. J’ai lu que Krassinsky a choisi de mettre des gros sourcils à Uqsuralik pour qu’on la reconnaisse à tous les âges (on la suit sur plusieurs années).

Ce n’est pas une histoire facile, les conditions de vie sont terribles et Uqsuralik, au gré de ses pérégrinations, n’est pas forcément accueillie avec mansuétude (elle est vue comme une bouche de plus à nourrir). Les relations humaines sont rustiques le plus souvent mais j’ai beaucoup aimé la complicité établie avec la vieille femme, Sauniq.

Cette lecture bouleverse parce que, souvent, quand on imagine la vie des inuits, on ne voit que les aspects positifs, sans penser à la rudesse des journées et des rapports humains. Pour la beauté des « tableaux » et l’émotion qui s’en dégage, c’est une magnifique découverte.



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