Parce que la vie est un risque
Laure Danglade
Éditions : Kyklos (10 Février 2012)
ISBN : 978-2918406228
198 pages
Quatrième de couverture
Des années 30 au début de la Seconde Guerre Mondiale, une
jeune femme écrit, voyage, souffre et se bat. Moins contre un ennemi extérieur,
le fascisme galopant, qu'aux fins d'ordonner son propre chaos. « Journal non
intime » : la formule de l'écrivain suisse Annemarie Schwarzenbach pourrait
qualifier ce récit à la première personne, d'autant plus qu'elle ne lui est pas
étrangère.
Mon avis
En voyant le titre de ce livre, j’ai aussitôt pensé à cette
phrase lue sur un faire-part de naissance, il y a des années. Elle disait, en
substance :
« Naître, c’est vivre,
c’est accepter le risque, l’imprévu, la rencontre, c’est oser … »
On devine à travers les pages, Annemarie Schwarzenbach, elle
a eu une vie particulière, faite d’errance, de choix discutables, abusant de
morphine, s’offrant des libertés sexuelles.
Elle était écrivain, journaliste, toujours en quête, en
recherche intérieure …
Celle qui disait « Vraiment, je ne vis que lorsque j’écris…
» a-t-elle inspiré Laure Danglade ou cette dernière ressent-elle un mal être
proche de celui qu’évoquait Annemarie Schwarzenbach ?
Cet ouvrage est constitué d’ambigüité, tant dans le contenu
que dans l’écriture :
Garçon ou fille ?
« Nous étions, fils de
bonne famille, le désespoir de nos géniteurs… » (je sais que le masculin
l'emporte sur le féminin)
« Dandies, nous avions
vingt ans. J’ai le sentiment qu’aujourd’hui, avec dix de plus à peine, je suis
comme les autres prématurément vieillie. »
Ange ou démon ?
Personne déchue ou être n’ayant plus la force de lutter car
la relation à la mère l’a détruit ?
« …elle s’est rendue compte que je suis capable de vice et
de fourberie dès qu’il s’agit de me procurer du poison. »
Une écriture que certains peuvent trouver décalée, que
d’autres penseront lumineuse,
« Soudaine familiarité
d’un horizon brisé par les sommets, qui nous bouleverse. J’appartiens à ces
paysages. »
des phrases à la Rimbaud, parfois surréalistes comme hantées
par des paradis qui n’en sont pas, la drogue n’étant qu’illusion, qu’éphémère
plaisir et entraînant toujours plus loin dans la destruction.
Il n’y a pas de dialogues en style direct (ou si peu !)ce
qui donne à l’ensemble, une approche particulière, il faut adhérer à ce type
d’écrits. Aller plus loin aussi que le fait de lire l’histoire d’une jeune
fille qui jouit d’une fortune qu’elle n’a pas gagné, qui joue de son statut,
pour qui se droguer est un but ….
Ce livre se décline en deux parties, la première est plus
longue et le style y est plus travaillé, avec des phrases longues et parfois
alambiquées, la seconde est plus dans l’action, on y suit celle qui raconte
dans ses tourments, sa solitude, sa lutte vers un mieux être qui arrivera ou
pas …
« ….la pensée naît
d’elle-même, se nourrit d’elle-même, et des mots d’une langue maternelle ! »
Je conçois que ce livre puisse déranger, choquer par son
contenu mais j’ai été fascinée par l’écriture …. qui est pour moi magnifique,
fascinante, envoûtante.
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