Le jeu de la défense
Auteur : André Buffard
Éditions : Plon (14 Juin 2018)
Collection : Sang Neuf
ISBN : 978-2259263368
432 pages
Quatrième de couverture
A Lyon, une jeune magistrate est découverte battue à mort
sous une porte cochère alors qu'elle venait rejoindre son amant. Ce dernier est
rapidement soupçonné, d'autant que ses mensonges, et plusieurs éléments
matériels, l'accablent et en font le coupable idéal. Cet avocat connu, futur
candidat à la mairie, décide de confier sa défense à David Lucas, un pénaliste
réputé, qui va tout tenter pour le faire acquitter.
Mon avis
La justice a horreur
du vide….
A l’âge de la retraite, tout en continuant d’exercer son
métier d’avocat, André Buffard publie son premier roman et sans mauvais jeu de
mots, il le fait d’une main de maître, même si on peut émettre quelques bémols
que j’évoquerai par la suite.
Les chapitres sont courts et donnent du rythme, ce qui
laisse le lecteur toujours dans le « mouvement ». Le récit est écrit
soit avec « je » à la première personne, soit avec un narrateur. Lorsque
c’est le « je » qui s’exprime, c’est David Lucas, le pénaliste,
personnage principal, qui parle et on sent qu’André Buffard met beaucoup de son
expérience dans ce qu’il fait dire à son protagoniste. C’est d’ailleurs plutôt « technique »,
il y a plus de détails. On découvre le quotidien d’un avocat, qui gère plusieurs
affaires en parallèle, qui doit se renseigner à droite et à gauche, qui a
besoin d’une assistante dévouée, discrète et efficace. On se demande si les réflexions de David Lucas ne
sont pas le reflet de ce que pense Maître Buffard. Lorsqu’on lit des entretiens
de ce dernier avec des journalistes, on retrouve des points concomitants … Dans
les passages sans le « je », c’est l’intrigue qui sert de fil conducteur, à
savoir l’assassinat d’une jeune magistrate. Qui a commis l’irréparable ?
Le compagnon jaloux, un homme sans domicile fixe qui passait par là, la femme de
l’amant, un client mécontent ? La police mène l’enquête, l’avocat défend l’accusé…
Chacun son rôle….. Mais pas facile de collaborer, sans se gêner et là aussi
tout est calibré, pensé, ….
L’écriture et le style sont ceux d’un excellent conteur. André
Buffard sait captiver (dans son travail, c’est essentiel d’être un bon orateur
et il doit, sans doute, écrire avant de se rendre en plaidoirie), il sait
impliquer le lecteur dans ce qu’il présente et les affaires qu’il a suivies de
près ou de loin ont dû l’inspirer (celle qu’il évoque entre une comptable et
son patron n’est pas sans rappeler un fait divers lu dans un quotidien
stéphanois ;-)
Son approche du métier d’avocat m’a surprise, le titre en
est la preuve « le jeu de la défense ». Il considère qu’il joue et qu’il
essaie de gagner. Vu ainsi, c’est un raccourci bien entendu . Mais il y a
un peu de ça. Il ne cherche pas à savoir si la personne qu’il défend est innocente
ou coupable, son but est d’être sans état d’âme et d’ instiller le doute dans l’esprit
des jurés pour que celui ou celle qu’il défend s’en sorte le mieux possible. Il
met toute une stratégie, remarquablement décrite dans cet opus, en place.
« La part du jeu
est inhérente au fonctionnement même de la justice. Loterie du choix de l’avocat,
des magistrats qui vont gérer un dossier, tirage au sort des jurés, loterie des
verdicts. »
C’est intéressant pour le lecteur même si c’est également dérangeant. Dérangeant …le mot est lancé… j’ai trouvé que
certains protagonistes étaient un peu « clichés » (par exemple, il n’y
a pas que des tchéchènes dans le milieu de la prostitution.... ) et puis pourquoi planter le décor à Lyon ?
Saint-Etienne ce n’est pas assez bien ? Je plaisante …. quoique …. Une dernière chose :
globalement, les avocats m’ont paru être des gens très sûrs d’eux… Ils ne se
remettent pas énormément en question ou alors ils ne le montrent pas …péché d’orgueil ?
Malgré ces quelques petits reproches, j’ai avalé les plus de
quatre cent pages très rapidement, signe d’un bouquin addictif, prenant et bien
construit.
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