"Le ruisseau rouge" de Patrick S. Vast


Le Ruisseau rouge
Avril 1918. La bataille de la Lys.
Auteur : Patrick-S. Vast
Éditions : Pôle Nord Éditions
ISBN : 979-10-92285-06-2.
260 pages

Quatrième de couverture

Au printemps 1918, la pression allemande s’accentue entre Flandres et Artois. A quelques kilomètres à l’arrière des lignes britanniques, le petit village de Robecq est évacué. Demeure sur place Germain Baudouin, qui cinq ans plus tôt a été mêlé à une affaire tragique et inexpliquée au cours de laquelle le Rimbert une des quatre rivières qui traversent la commune s’est teinté de rouge. Au milieu des ruines, des destins vont se croiser. C’est l’heure des règlements de comptes.

Mon avis

Ruisseau rouge est le deuxième livre, sorti le 23 janvier 2014, d’une collection sur la Grande Guerre, dirigée par Léo Lapointe. Il a été prévu une série de six récits, avec des parutions étalées entre novembre 2013 et novembre 2014 par la maison d’éditions dirigé par Gilles Guillon, Pôle Nord Éditions (siège à Roubaix). Chaque histoire se passe dans la région du Nord et est écrite par un écrivain nordiste.

Patrick-S. Vast suit la bataille de la Lys d’avril 1918 dans un petit village près de Béthune. Il mêle habilement une ambiance historique à des faits issus de son imagination. La construction du roman alterne trois époques : une très courte situant les premiers faits en 1897 et les deux autres datées de 1914 et 1918. Le village est décrit avec précision, comme si l’auteur étalait des photographies un peu jaunies sous nos yeux. Chacun des individus, apparaissant tour à tour, est parfaitement intégré dans « le paysage ». L’ambiance est celle, typique, de certaines petites contrées, les habitants ont tendance à se surveiller, s’observer, colporter tout en disant haut et fort qu’ils ne s’occupent pas du voisin et à chacun sa vie….

L’écrivain qu’est Patrick-S. Vast a l’intelligence de ne pas « juger » : les français, les allemands ou autres étrangers qui font vivre son œuvre. Il les intègre pour le besoin de son roman au fur et à mesure de l’avancement des événements. De plus des faits dramatiques entraînent des recherches policières donnant une consistance intéressante à son écrit. On ne reste pas figé sur la vie d’un village pendant la première guerre mondiale, on va plus loin par le regard des inspecteurs ou autre essayant de démêler l’écheveau des relations.
Les retours en arrière apportent les éléments nécessaires à la compréhension des faits mais permettent également de mieux cerner l’évolution des personnalités. Mensonges, trahisons, petits arrangements pas très honnêtes, « débrouillardises » pour essayer de tirer du profit, tous les travers de tout un chacun sont soigneusement exprimés sans que cela lasse le lecteur ou paraisse « surfait ».

J’ai lu que Patrick-S. Vast s’était beaucoup documenté pour écrire cet opus. Il y a certainement un travail de fond très important mais là où l’écrivain est « fort », c’est que cela ne se sent pas. Tout est parfaitement « fondu » : le réel et l’imaginaire, et au final, nous avons une lecture fluide, agréable, où tout s’enchaîne avec merveille. Le passé éclaire le présent et cette lecture « non linéaire » est menée de « main de maître ».
Les «romans » dits historiques n’ont pas ma préférence en règle générale mais là, je suis rentrée très vite dans l’intrigue, m’attachant aux différents protagonistes (pas tous, hein, certains ont un « mauvais fond »). Les caractères de toutes ces personnes ne sont pas trop « marqués », on ne sombre ni dans la caricature, ni dans le pathos, tout est plausible.
J’ai particulièrement apprécié l’enquêteur Tillette : discret, opiniâtre, dévoué, attentif aux autres, compréhensif, mais aussi persuadé de certaines choses et souhaitant arriver à ses fins.
Un homme comme on les aime.

Je ne suis pas férue de cette période historique mais Patrick-S. Vast a su me donner l’envie de découvrir un peu plus la vie des hommes à cette époque. Comme il cite sa documentation dans une annexe assez complète, je pense que je vais me pencher un peu plus sur « La bataille de la Lys ».

Je vais avoir un souci pour « classer » ce roman, historique ? Policier ? Littérature générale ? En tout cas, un excellent livre que je recommande chaudement.
Bravo à Monsieur Patrick-S. Vast mais aussi à l’éditeur pour la qualité de cette publication : le « thème » commun des couvertures de la collection est une bonne idée et le format poche de qualité (pages et couverture de grammage épais ce qui donne une prise en mains plaisante).

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