"Le sang des pierres" de Johan Theorin (Blodläge)


Le sang des pierres (Blodläge)
Auteur : Johan Theorin
Traduit du suédois par Rémi Cassaigne
Éditions : Albin Michel (Mars 2011)
ISBN : 978-2226220608
432 pages

Quatrième de couverture

À la fonte des neiges, les gens du continent réinvestissent l’île d'Öland  . Peter Mörner s’est installé dans une vieille maison dont il a hérité. De sa villa flambant neuve, Vendela  Larsson regarde cette lande dont elle connaît tous les secrets. Quant à Gerloff, vieux loup de mer de 85 ans, il a voulu revoir, peut-être pour la dernière fois, le soleil de son enfance… Mais pour eux, le printemps ne sera pas comme les autres. La mort rôde en cette nuit de Walpurgis, et les drames du passé resurgissent…

Mon avis

Veine sanguine

Le vent, les fauvettes à tête grise, la lande, les embruns, le soleil couchant éclairant les anémones sauvages, les dernières plaques de neige, les nuits mystérieuses, une carrière, les Trolls, les Elfes, leurs légendes, une ambiance qui s’installe, en même temps que le printemps, dès les premières pages sur l’île d’Öland au large de la Suède….

« Odeur de calcaire et de varech, de mer et de terre. Vent sur la plage, miroitement du soleil sur le détroit, hiver et printemps mêlés au-dessus de l’île. »

Des personnages divers et variés vivent dans cet environnement, ils sont de passage ou habitent à demeure. Qui sont-ils ? Un vieil homme qui ne veut pas rester en maison de retraite, un homme et ses deux enfants, un couple et leur chien et bien d’autres… Un point commun entre tous ? Ils sont attachés à ce lieu pour une raison ou une autre. Ils vont se croiser, s’éviter, se parler, se taire, se terrer, se cacher, s’exposer, chercher …. et entrevoir puis découvrir en profondeur certains événements du passé mais aussi du présent…
L’éclairage sur ces différentes situations sera apporté par des chapitres courts, allant de l’un à l’autre, du passé au présent, du réel à l’imaginaire, en passant par la lecture d’un journal intime.

On n’avance pas vite, c’est un peu comme si la nature imposait son rythme, pas d’actions spectaculaires qui s’enchaînent, pas d’hémoglobine et de violence à foison. Seulement des hommes, des femmes, des enfants qui cheminent pas à pas dans leur vie, essayant de maîtriser les événements qui, de temps à autre, leur échappent …
L’écriture est agréable, fluide, « aérée ». Les chapitres courts, alternant individus, époques, styles narratifs (journal intime ou récit à la troisième personne) évitent toute lassitude au lecteur.

J’ai apprécié Peter, le tourmenté (mais pas trop, il reste très humain), qui souhaite comprendre le passé de son père, sa fille, combattive m’a émue, les voisines sont intéressantes car différentes et bien ciblées dans leur caractère. Jerry, lui-même est attachant dans son combat pour parler, sortir des mots du plus profond de lui-même.

Ce qui me plaît dans ce genre de roman, c’est qu’au-delà de l’intrigue elle-même, il y a une atmosphère et elle est si bien décrite qu’on a l’impression de la ressentir par tous les pores de la peau. De plus, et cela aussi il faut le souligner, on ne trouve pas un enquêteur qui prend le pas sur les autres protagonistes. Il est là, mais ne tient pas une place outrancière. D’ailleurs peut-on dire qu’un individu domine plus que les autres ?

Je crois que l’élément principal, le presque « héros », est cette île, que tous habitent, au sens propre et au sens figuré, de façon différente, l’investissant de leur présence, mais aussi de leurs ressentis, de leur âme, donnant d’eux à cette contrée un peu magique comme elle, leur transmet d’elle ….. Les uns ne pouvant pas être dissociée de l’autre, cette terre d’accueil qui fait partie de leur histoire personnelle …..

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