Le naufragé de la Baie de Somme
Auteur : Guillaume Lefebvre
Éditions : Ravet-Anceau (18 juin 2012)
Collection : Polars en Nord
ISBN: 978-2-35973-266-5
304 pages
Quatrième de couverture
Armand est commandant de paquebot, et non détective. Il doit
enquêter sur des cadavres retrouvés prisonniers d'une épave. Il se retrouve
manipulé et devient l'objet et la victime d'un jeu sordide. Pour quelle raison
le Whitehorse a-t-il bien pu couler ? Et surtout pourquoi les passagers
n’ont-ils pu être sauvés ? De la fin du XIXe siècle à nos jours, en passant par
la Seconde Guerre mondiale, la réponse est peut-être dans l'Histoire.
Mon avis
Second roman de Guillaume Lefebvre, le marin professionnel,
amoureux de la mer.
Je me demandais bien comment il allait s’en sortir… J’avais
très peur que cet opus ait beaucoup de points communs avec le premier. Hormis
le « taiseux » Armand et quelques personnages secondaires (dont sa voisine
qu’on imagine sans peine), l’histoire est tout à fait différente. Le contenu
s’est étoffé, a gagné en recherches dans le sens où plusieurs choses sont
évoquées, toutes reliées entre elles mais il faudra attendre que les pièces du
puzzle s’emboîtent pour tout comprendre.
L’histoire commence par un flash en 1902, puis se termine en
2012 après un court passage en 1940. Il faudra en effet, revenir dans le passé
pour comprendre le présent. Armand, confronté en Août 2008 à une situation qui
l’interpelle, ne cessera de vouloir comprendre. Il va partir d’un bout de tissu
(qu’il souhaite identifier), récupéré dans des filets de pêche, et se retrouver
entraîné dans un engrenage infernal. De l’été 2008 à Janvier 2012, nous le
suivrons dans les différents lieux où il y ira. Pour mieux nous aider à situer
l’action, chaque début de chapitre est précédé de la date où se déroulent les
faits.
L’écriture de l’auteur a gagné en profondeur, elle s’est
affinée, le contenu est moins léger. Les faits expliqués, décortiqués sont
complexes, les ramifications nombreuses, très bien agencées et lorsqu’on en
aura besoin, pour ceux qui sont plus visuels, l’arbre généalogique nécessaire
sera là.
J’ai trouvé astucieux et bien pensé, le fait que l’histoire
s’étale dans le temps, qu’Armand vive en homme normal, pas toujours obnubilé
par ce qu’il a vécu d’un peu mystérieux. C’est simplement, lorsqu’un incident
le remet sur les rails (ou plutôt sur les quais ou le bateau ;-) qu’il repart
pour son enquête. Il me semble qu’il a fallu à Guillaume Lefebvre beaucoup de
rigueur, d’organisation dans ses écrits pour que ce livre retombe correctement
sur la tranche et reste cohérent (malgré l’invraisemblance scientifique, ne
gênant en rien la lecture et qui est essentielle à l’homogénéité de
l’intrigue). De plus, par l’intermédiaire des différents points de l’enquête,
tant géographiques que sociétaux , nous passons d’un lieu à l’autre, évoquant
par ces biais, divers problèmes tels le sort des immigrés, le devenir des
progrès scientifiques et leurs limites, la responsabilité des laboratoires de
recherches pharmaceutiques, l’influence des multinationales, les relations dans
le milieu maritime etc…. Le discours n’est pas vindicatif ni politique mais les
faits sont posés et soulevés…
Les différents protagonistes sont bien présents dans
l’histoire, certains jouant un jeu pas très clair et semant le trouble dans
l’esprit d’Armand et du lecteur … L’ambiance est bien retranscrite, le milieu
des hommes de la mer est présent en filigrane mais sans plus. Je l’ai regretté
car Guillaume Lefebvre en parle tellement bien qu’il vous donne envie de faire
votre valise dans l’heure qui suit pour aller marcher sur la plage et vous
faire fouetter le visage par les embruns. Le style est sobre, précis, travaillé
sans emphase mais avec qualité, les dialogues sont insérés à bon escient.
Le tout donne un excellent roman au ton grave parfois mais
non départi de tendresse pour adoucir le tout lorsque cela pourrait devenir
trop difficile à lire.
Une fois encore, en couverture, une photo superbe…
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