Auteur : Abdellah Taïa,
Éditions : Seuil 23 août 2012
ISBN: 978-2-02-108468-9
188 pages
Quatrième de couverture
Slima est une prostituée marocaine. Son fils Jallal est très
attaché à elle. Il l'aide à attraper les hommes, les clients, les soldats d'une
base militaire. Il parle et se bat à sa place. Ensemble, ils découvrent à la
télévision Marilyn Monroe, en tombent amoureux et en font leur déesse
protectrice. Des années 80 à aujourd'hui, nous suivons leurs deux destins en
parallèle, de la ville de Salé jusqu'au Caire, de Bruxelles à Casablanca.
Mon avis
Au départ, dans les premières pages, c’est un vibrato, un long cri d’amour d’un fils pour sa
« mère ».
Grandi trop vite, trop douloureusement , il a mal, mais
il l’aime comme elle est, parce qu’il essaie de la comprendre, de l’aider. Les
mots se bousculent, se heurtent, il a tant à dire….
Puis viennent les autres voix, celles des femmes d’abord.
Ces femmes, laissées pour compte, qui veulent exister et qui ne savent pas
comment s’y prendre. Se donner aux hommes, se prostituer, est-ce une façon de
se démarquer ? Là, le ton monte, la vague devient houle et l’écriture est
crue, violente comme les actes qu’elle décrit. La voix de ces femmes vous
déchire les tympans, vous envahit jusqu’à ce qu’elles retombent, non pas dans
l’oubli mais pour redonner la parole au fils….
Le style et l’écriture de l’auteur, au phrasé poétique, dépouillé,
au rythme musical, donnent de la cadence au récit. En fonction des événements ,
le vocabulaire s’adapte.
J’ai préféré les passages où les paragraphes donnent un
tempo :
« Je te promets.
Je le jure.
Tu n’as que moi,
maman.
Je n’ai que toi,
Slima.
Autre, je serai à
jamais à toi. »
aux explications du passé et du présent (pas toujours linéaires
d’ailleurs) qu’il m’a fallu agencer pour comprendre les tenants et les
aboutissants.
Le fils et la mère ont un lien si fort que tous leurs choix
sont faits en fonction de l’autre. Ils ne vivent que pour leur amour réciproque
et pour la religion qui les unit.
Ce roman est une
tragédie. Seules quelques éclaircies, comme les cheveux blonds de Marylin ou
les roses du printemps apporteront une étincelle d’espérance, bien vite oubliée
devant la cruauté des hommes.
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