La ligne de tir
Auteur: Thierry Brun
Éditions: Le Passage (24 Mai 2012)
ISBN: 9 782847 421934
240 pages
Quatrième de couverture
Le commissaire Fratier est sur le point d’être mis en
examen. Depuis longtemps, il est lié à la pègre dans sa ville de Nancy et le
témoignage de Loriane Ornec, qu’il a corrompue quand elle était dans son
service, pourrait l’envoyer en prison. Il décide de la tuer et contraint Alice
Résilia, une ancienne terroriste de la mouvance gauchiste instrumentalisée par
le pouvoir, à exécuter cette tâche.
Mon avis
Un prologue, en 2002, à Paris, un attenta raté. Raté
complètement, une catastrophe avec des « dommages » graves, très graves…Raté ?
La faute à qui, la faute à quoi ? La faute a pas de chance, au destin, au
concours de circonstances qu’on ne maîtrise pas…
Ensuite, le premier chapitre : un homme chez un spécialiste.
Ce dernier lui annonce qu’il est atteint de dégénérescence maculaire et qu’il
va perdre la vue assez rapidement, un traitement ralentira peu l’évolution
inéluctable. On ne sait rien de cet homme sauf ses nom et prénom. On le
découvrira par la suite.
Chapitres suivants, une femme, on comprendra vite qu’elle
n’a pas toujours été du bon côté de la barrière, passant d’un statut de
fliquette bien propre à une femme pas très nette, fréquentant des gens encore
moins nets qu’elle….
Les deux autres personnages marquants de ce roman sont le
commissaire Fratier et Shadi Atassi.
Fratier, c’est le boss, le chef, celui qui sait tout, qui a
toujours raison et qui ne fait pas de sentiments (sauf s’il le décide alors il
donnera tout), toujours sur la brèche et menacé par une mise en examen.….
Atassi, un syrien, c’est le chef de gang de Nancy (mais cela
aurait pu être une autre ville).
Le point commun entre ces deux hommes, c’est leur haine
envers un troisième qui est un tueur implacable.
D’autres hommes et femmes apparaîtront mais leur caractère
sera moins marqué.
Ce roman est le récit de ces hommes et ces femmes qui se
poursuivent et pas un ne domine l’autre, même si chaque lecteur peut s’attacher
différemment à un être découvert dans les pages plus qu’à son voisin de papier.
Chasseurs et chassés se croisent et s’entrecroisent, se
pourchassent …les traqués de viennent traqueurs et vice versa. Pourquoi ? Passé
et présent se mêlent et les explications apparaissent petit à petit…
Le rythme est fou, rapide, les chapitres courts, les
dialogues ciblés, les phrases construites sans fioriture inutile, on dirait le
scénario d’un film tant c’est visuel et rapide, les images défilent, on passe
d’un lieu à l’autre: Nancy, Paris, la campagne ou la montagne reculées…
Les faits s’enchaînent à une allure expéditive, on va d’un
individu au suivant sans faire de pause et on ne suit pas de façon linéaire
chaque protagoniste bien que tout soit lié ou relié. On a l’impression de
manquer de souffle, d’être pris dans un engrenage où rien n’arrête personne
hormis la mort …. Et lorsqu’elle est là, elle est violente, provoquant des
dommages collatéraux…
L’écriture est « masculine », les phrases « sèches » et
courtes, le ton incisif, on n’a pas le temps de s’appesantir, de se poser des
questions, la cadence effrénée nous emporte plus avant.
On peut sans doute regretter que tout cela semble un peu
superficiel car on reste avec l’action des personnages. Thierry Brun,
probablement par choix, ne creuse pas les milieux corrompus et leurs rouages ne
va pas chercher très loin dans les pensées des hommes et des femmes.
Il y aurait peut-être eu matière à faire autre chose….
Néanmoins, l’auteur maîtrise parfaitement l’art du suspense
et l’art de jeter le trouble dans l’esprit du lecteur. Tout cela est
admirablement bien ficelé et on passe un bon moment.
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