Chiens enragés
Auteur : Marc Charuel
Éditions : Albin-Michel (26 Février 2014)
ISBN : 9782226255990
560 pages
Quatrième de couverture
« Un agent mort est un con. Rarement un héros. Dans ton cas,
tu n’en seras un pour personne. » Son officier traitant de la DGSE l’avait
prévenu : s’il tombait avec le réseau islamiste qu’il infiltrait, on
l’abandonnerait à son sort. Et Sébastien Verdier, alias Abdelaziz, en a pris
pour dix ans. Les terroristes, eux, ne l’ont pas oublié. A sa sortie de prison,
il est chargé d’héberger un djihadiste venu d’Afghanistan, porteur du testament
de Ben Laden. L’occasion pour Verdier de prendre sa revanche, de recontacter
les services secrets qui l’ont lâché, d’être réhabilité. Mais l’engrenage dont
il est prisonnier semble se refermer définitivement sur lui avec l’intervention
de la CIA.
Mon avis
Bienvenue ??? Dans le noir, le très noir…….
Ancien photographe de guerre, on pourrait se poser la
question de savoir où l’auteur est allé chercher tout ça… Sa mère l’avait
prévenu, la bande dessinée (à laquelle il souhaitait se consacrer) ce n’était
pas le bon choix. Alors il est parti avec son appareil photo, il a vu, vécu,
échappé à la mort plusieurs fois, engrangé des connaissances, fait des
rencontres et un jour il a écrit….
Alors, où est-il allé chercher tout ça ? Au fond de
lui-même, dans ses souvenirs, au fond des yeux des autres, dans ce qu’ils ont
partagé avec lui, parfois en paroles, parfois sans un mot, les silences peuvent
être si lourds… Il a plongé là où l’homme est si noir qu’on n’ose pas trop s’y
aventurer parce qu’on pense que tant de haine, ça n’existe pas… Je ne sais pas
s’il s’agit d’une documentation détaillée, de recherches fouillées,
d’expériences connues…Peut-être, préfère-je ne pas me poser la question…il
s’agit bien d’un roman, n’est ce pas ?
C’est sans complaisance, d’une écriture sèche et directe que
Marc Charuel nous entraîne dans l’horreur. Nous alternerons le présent, à
savoir 2011, et dix ans plus tôt, 2001 où un groupe islamiste prépare les
attentats du 11 Septembre. Sébastien Verdier, alias Abdelaziz, en a pris pour
dix ans à « l’abri ». Infiltré d’un groupe terroriste de la banlieue de
Nanterre, officiellement converti à l’islam, il a été renié par sa famille mais
réintègre l’appartement familial à sa sortie de prison. Abandonné des services
secrets, il ne sait plus comment gérer sa vie, l’attitude à avoir avec « ses
frères » musulmans, ses enfants, ses voisins. Nous sommes dans une cité peu
reluisante et Verdier rêve d’autre chose pour sa femme et ses « petits »,
devenus grands pendant son absence et avec qui il a du mal à communiquer. Il se
doit de les protéger donc de se taire, de ne pas se trahir, de « jouer son rôle
».
Parallèlement, un journaliste, Georges Chesnier reporter en
Afghanistan, se retrouve de retour en France et décide d’enquêter sur Sébastien
Verdier. Il n’a plus rien à perdre, son fils est décédé d’une overdose et son
couple bat de l’aile. Il va mettre son nez, ses mains, son énergie, là où ça ne
sent pas très bon, décidé à gratter pour comprendre, pour enfin avoir des
réponses.
En Afghanistan, américains, français, et autres
protagonistes se côtoient, se trompent, envoient des leurres, le sang coule car
tuer n’est-il pas le meilleur moyen de s’assurer du silence des gens ?
Violence, barbarie, complots, trafic de drogue,
manipulations par les radicaux, informations déformées, personnages sous influence
arrivant à faire ce qu’ils n’auraient jamais imaginé, nous sommes loin d’un
roman calme. Rien n’est épargné à personne et dans une même bande, les
traîtrises existent également et presque « légalement ». A qui faire confiance,
il n’y a pas que Verdier qui se pose la question….le lecteur aussi….Les femmes
sont dans l’ombre et plutôt éteintes à part quelques unes qui relèvent la note,
ouf !
C’est très dur à lire car les scènes sont, assez
régulièrement, un vrai cauchemar, et en même temps, ça vous prend aux tripes
car vous voulez savoir ce qu’il va se passer
La construction avec les retours en arrière qui éclairent en
partie le présent, donne un rythme soutenu permettant de maintenir, si besoin
était, l’attention du lecteur qui n’en demande pas tant, le pauvre, il a à
peine le temps de souffler que c’est reparti, ailleurs ou ici ou là-bas. Le
contenu n’est pas neutre, il analyse, décortique, dissèque les situations,
étudie la vision du monde par les terroristes. Au-delà, de l’action,
omniprésente dans les pages et qui vous laisse pantois dans votre canapé, on
trouve un vrai regard sur ceux qui ont fait le choix d’un chemin tortueux,
torturé, qu’ils sont les seuls à comprendre ….et sur lequel personne ne devrait
souhaiter les accompagner….
Note: Le titre.... Est-on un homme lorsque la violence est
la seule façon de communiquer qu'on utilise?
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