Des phalènes pour le commissaire Ricciardi (Anime di vetro,
Falene per il commissario Ricciardi)
Auteur : Maurizio De Giovanni
Traduit de l’italien par Odile Rousseau
Éditions : Payot & Rivages (7 Octobre 2020)
ISBN : 978-2743651312
402 pages
Quatrième de couverture
Traversé par une crise existentielle, le commissaire Ricciardi se sent incapable de s’ouvrir à la vie. La belle et hautaine Bianca, comtesse de Roccaspina, implore Ricciardi de rouvrir une affaire classée. Dans l'atmosphère tendue de l'Italie des années 1930, où Mussolini et ses voyous fascistes surveillent la police de près, une enquête non autorisée est un motif de licenciement immédiat. Mais la soif de justice de Ricciardi ne connaît pas d’apaisement.
Mon avis
La visite soudaine,
surprenante, de la comtesse de Roccaspina va le remettre sur les rails. Elle
lui demande rouvrir un dossier classé depuis plusieurs mois, qui la concerne de
près. En effet, son époux s’est accusé du meurtre d’un usurier qui lui prêtait
de l’argent et est en prison dans l’attente de son procès. Mais elle, sa femme,
Bianca, est sûre d’un fait : il n’a pas quitté la maison la nuit de l’assassinat
donc ça ne peut pas être lui ! Elle veut donc que le commissaire aidé de
son fidèle adjoint, le brigadier Maione mène une nouvelle enquête. La
difficulté principale est que tout cela ne peut pas être officiel, il va
falloir agir en sous-main, discrètement, d’autant plus que les surveillances
des fascistes sur les policiers sont importantes.
Après avoir hésité,
Ricciardi accepte l’affaire, c’est sans doute ce qu’il lui fallait pour
repartir de l’avant. Il est bien conscient de mettre sa carrière en danger mais
il passe outre. Pourquoi le compagnon de Bianca ne réfute-t-il pas ses aveux ?
Quel est l’enjeu pour lui de camper sur ses positions ? Comment le commissaire
peut-il le faire parler ?
Ricciardi et Maione
vont essayer d’interroger en catimini diverses personnes, toutes liées de près
ou de loin au prêteur décédé. Sa femme, sa fille, les religieuses dont il
faisait les comptes …. Avec tous ces éléments, la personnalité du mort se
précise mais est-ce que ce sera suffisant pour élucider l’énigme de sa
disparition ?
Je ne connaissais
pas cet auteur et je suis sous le charme de son style et de son écriture (merci
à la traductrice !). Il y a des passages emplis de poésie, de lyrisme.
« La peur du dehors rendra meilleure la chaleur du dedans, entretenue par
les douces couvertures et l’odeur du bois brûlé diffusé par les poêles. »
La musique est présente comme un fil conducteur, avec une chanson qui peut
expliquer les réactions du commissaire face aux femmes. Elles sont plusieurs à graviter
autour de lui et chacune à une place particulière et des liens avec cet homme. Les
rêves, les pensées de quelques-uns des protagonistes ont également une
importance capitale et sont retranscrits avec beaucoup de verve.
J’ai aimé l’atmosphère
de cette intrigue, cette espèce de nostalgie qui vibre entre les lignes. J’ai
admiré les déductions du commissaire, comment il s’empare d’un regard, d’une
phrase banale, d’un fait pour tirer des conclusions. Il est « pointu »
dans sa façon de mener un entretien, de pousser plus loin la réflexion. L’ambiance
des années 30 en Italie, avec la suspicion, les surveillances, les
dénonciations, a aussi son importance. Ricciardi est un homme atypique, qui a
du charme et qui a un petit quelque chose de caché, de secret, qui donne envie
de mieux le comprendre. C’est pour moi une première lecture de Maurizio De
Giovanni et de son personnage récurrent mais c’est certain, j’y reviendrai !
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