"Le serveur de Brick Lane" (The Waiter) de Ajay Chowdhury

 

Le serveur de Brick Lane (The Waiter)
Auteur : Ajay Chowdhury
Traduit de l’anglais par Lise Garond
Éditions : Liana Levi (7 Octobre 2012)
ISBN : 9791034904600
310 pages

Quatrième de couverture

Brick Lane. Dans ce quartier de Londres jeans et parkas se mélangent aux saris et les restaurants indiens proposent des currys aussi parfumés qu’au New Market de Calcutta. Kamil y est serveur depuis peu, mais de serveur, il n’a guère que l’habit, car son âme est celle d’un détective, et son modèle inavoué est Hercule Poirot. Mais de Londres à Calcutta, la mort a partout le même visage. Alors le serveur de Brick Lane troque son plateau contre sa casquette de détective, déterminé à affronter les fantômes du passé.

Mon avis

« Brick Lane » est le premier roman pour adultes de l’auteur. Il a vécu en Inde puis fait des études aux Etats-Unis avant de s’installer à Londres où il a fondé une compagnie de théâtre. Ce n’est pas le premier écrivain d’origine indienne mis à l’honneur par la maison d’éditions Liana Levi et c’est intéressant.

Ancien policier à Calcutta, Kamil est maintenant serveur à Londres dans le quartier de Brick Lane. Il est en situation illégale et travaille dans le restaurant d’un ami de son père. Pourquoi ? À Calcutta, il était policier, content de monter en grade et d’enquêter sur le meurtre d’une star de cinéma de Bollywood Asif Khan mais les événements ont mal tourné et il a perdu sa place. Non pas qu’il ait fait une ou des erreurs, mais sans doute que ce qu’il avait mis au jour, a dérangé. Lui, n’a pas eu envie de se taire, de faire semblant mais celui lui a coûté son emploi, sa fiancé et le fait d’être éloigné de sa famille. Son paternel ne lui manque pas trop car ils ont parfois des difficultés à se comprendre.

Troquer la casquette d’Hercule Poirot (qu’il admire) pour les gants blancs et le nœud papillon de serveur n’est pas chose aisée. Mais les gens qui l’ont accueilli, un couple et leur fille agréable, espiègle et joyeuse, l’aident et l’accompagnent avec beaucoup de bienveillance. Cela le soulage un peu mais on sent bien que son « vrai » métier lui manque énormément. Il l’exprime en évoquant son passé et sa dernière enquête régulièrement. C’est d’ailleurs lui qui parle en disant « je » dans ce récit.

En cet automne pluvieux, un ami du patron fête ses soixante ans dans le luxe et la volupté. Il a invité beaucoup de monde dont, au grand dam de sa très jeune épouse, son ex-femme, une personne peu discrète. Kamil est là en tant que personnel de service. Il observe, se montre efficace. Il constate rapidement que les gens voient le plateau qu’il tient mais pas lui. Il en profite et rien n’échappe à son regard acéré : tensions, discussions secrètes etc. En fin de soirée, le fêté, Rakesh Sharma, est retrouvé assassiné près de la piscine. Aussitôt les vieux réflexes d’enquêteur ressortent et avant l’arrivée des policiers londoniens, Kamil agit. Il sait qu’il doit se faire oublier, d’autant plus qu’il flirte avec l’illégalité en faisant cela et en travaillant mais comme dit le proverbe : chasser le naturel, il revient au galop …..

Le récit oscille entre le présent en Angleterre et le passé quelques mois auparavant en Inde. C’est l’occasion de comparer les méthodes d’investigation, le poids des hommes politiques ou des supérieurs, la façon dont sont menées les recherches, les interrogatoires, et comment sont construites les conclusions. Il y a également le poids du pays, on ne réagit pas de la même manière d’un côté et de l’autre. L’analyse que fait Ajay Chowdhury est bien menée pour quelqu’un qui ne vit pas à Calcutta. Pour l’Angleterre, le quartier de Brick Lane est un lieu à visiter, ne serait-ce qu’à travers ce livre (d’ailleurs, cette histoire va être adaptée en série, j’ai hâte de la visionner). On découvre les rites, les habitudes des deux lieux.

L’écriture est vivante (merci à Lisa Garond pour sa traduction), bien rythmée. Les protagonistes ont de la consistance et une part d’ombre, personne n’est vraiment lisse. On s’aperçoit que le passé, les préjugés, les us et coutumes influencent les ressentis, les déductions, les réponses comme si quelques fois, la parole avait encore du mal à se libérer.

Je ne doute pas une seconde que Kamil fera encore le détective et c’est avec beaucoup de plaisir que je le retrouverai !


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