L’été de Katya (The Summer of Katya)
Auteur : Trevanian
Traduit de l’américain par Emmanuelle de Lesseps (traduction révisée par Marc
Boulet)
Éditions : Gallmeister (Totem) (3 Juin 2021)
ISBN : 978-2-35178-782-3
290 pages
Quatrième de couverture
À l’été́ 1914, Jean-Marc Montjean, jeune médecin tout juste
diplômé́, revient s’installer à Salies, petit village du Pays basque dont il
est originaire. Rapidement, il est appelé́ à soigner Paul Treville dont la
jolie sœur jumelle, Katya, l’intrigue de plus en plus. Bien accueilli chez les
Treville, le jeune homme devient un ami de la famille, qu’il fréquente assidûment
en dépit d’une certaine ambigüité́ dans leurs relations. Et même s’il devine derrière
leur hospitalité́ et leurs bonnes manières un lourd et douloureux secret, il ne
peut s’empêcher de tomber éperdument amoureux de Katya, quelles qu’en soient les
conséquences.
Mon avis
Ce roman a été écrit en 1983 par Trevanian, auteur américain
mystérieux à l’œuvre prolixe et variée. Il a publié de nombreux livres, pas
toujours sous le même nom, et ce n’est que très tard qu’on a su qui il était
réellement. Autant dire qu’il ne cherchait pas la gloire ni la rencontre avec
ses lecteurs ! Il est décédé en 2005.
Le récit commence en 1938, vingt-quatre après les faits, le
docteur Jean-Marc Montjean se souvient de l’été 1914. Jeune médecin, il est
venu s’installer dans le pays basque et assiste le Docteur Gros dans de multiples
tâches. Les patients sont un peu suspicieux face au jeunot mais il n’est pas
débordé de travail et fait ce qu’il faut lorsqu’on lui demande ou lorsque son
collègue est absent. C’est suffisant. Malgré tout, il a du temps libre et se
promène dans le village de Salies dont il est originaire, notant sur un cahier
ses impressions. Il aime les mots, se plaisant à penser aux réparties qu’il
sortira face à telle ou telle question …
C’est alors qu’il se prélasse sous un arbre, son carnet sur
les genoux qu’une jeune femme l’interpelle. Il fait alors la connaissance de Katya
qui lui demande de venir soigner son frère Paul. C’est ainsi qu’il pénètre dans
l’intimité de la famille de Tréville. Le père et les deux enfants (la mère est
décédée) semblent avoir des choses à cacher mais Jean-Marc n’en a cure, il
tombe sous le charme de Katya. Pourtant, il comprend rapidement que les gens du
coin jasent sur cette famille. En effet, les Tréville, arrivés de Paris, sont un
scandale pour cette petite communauté basque. Pourquoi sont-ils là ?
Le docteur Montjean passe du temps avec les trois membres de
la famille, thés, petits soupers, conversations diverses… Il réalise que chacun
a un comportement bizarre, le père semble perdu dans ses livres, recherches,
notes, conclusions de lectures …. Le frère étouffe sa sœur avec une autorité trop
importante et se montre totalement changeant, pouvant être sympathique ou
carrément désagréable …. Katya, elle parle de coin hanté dans la maison qu’ils
ont louée… Le jeune amoureux n’est pas toujours à l’aise mais il persiste et
signe….
Il y a une magnifique atmosphère dans ce recueil. La légèreté
de l’été, le soleil qui réchauffe les âmes et les corps, les robes blanches de Katya
qui illuminent le tout et en contraste une lourdeur qui pointe, pour deux
raisons, on sent qu’avec les Tréville, un « dérapage » peut arriver d’un
moment à l’autre et en plus, on sait que la guerre n’est pas loin.
L’écriture (merci à la traductrice et au traducteur) n’est
pas désuète, elle est racée, élégante, porteuse de sens. Elle vous envoûte
comme ce presque huis clos (il y a peu de personnages et de lieux) qui nous
entraîne dans les tréfonds de l’âme humaine.
J’ai aimé l’approche psychologique pas à pas des différents personnages,
le suspense présent tout au long du récit et l’étude de cette société bien-pensante,
vite dérangée par « ces gens » qui ne se mêlent pas à eux, qui ne
sont pas de leur milieu, qui font tache, qui surprennent, qui posent question….
Ce qui est absolument réussi, c’est qu’il ne se passe presque rien mais on est
à fond dans l’histoire et on ne peut pas la lâcher.
Coup de cœur et un auteur que je relirai !
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