"Des torrents de sang et d'argent" de Philippe Cuisset

 

Des torrents de sang et d’argent
Auteur : Philippe Cuisset
Éditions : Kyklos (31 janvier 2022)
ISBN : 978-2918406471
182 pages

Quatrième de couverture

Entre 1904 et 1908, dépossédés de leurs terres, les peuples herero et nama se révoltent contre la colonisation allemande. Le général von Trotha mate l’insurrection et signe le premier ordre écrit d’extermination totale. Les deux peuples sont décimés.

Mon avis

Comprendre, s’adapter, survivre….

Il y a d’abord le début du titre « Des torrents de sang… » puis la photo en page deux. On sent tout de suite qu’on rentre dans un contexte âpre, difficile, et que tout cela sera à la limite du soutenable.

Et puis on rencontre Esther, lumineuse, engagée, noble. Une femme qui, jusqu’à la dernière décision qu’elle partage avec nous, nous montre combien elle se tient droite, sans baisser les yeux, face à ce qu’elle a vu, vécu, subi. En suivant son parcours, on puise dans sa force pour continuer la lecture, comme elle a continué de lutter, parce qu’on lui le doit bien.

Philippe Cuisset a du talent pour nous ouvrir les yeux, nous secouer, nous émouvoir, nous mettre en colère sur ce qui a été et que, complaisamment, certains gouvernants ont « oublié ». Comme le rappelle Aimé Césaire, cité en fin d’ouvrage, faut-il que l’homme blanc soit touché pour que la société bien-pensante agisse ? Pourquoi ce mépris envers les souffrances africaines ?

Dans ce récit, parfaitement documenté, l’auteur nous présente un génocide (le premier du vingtième siècle), reconnu bien tardivement puisque le gouvernement allemand a consenti l’implication de son pays, en 2004, cent ans après les faits.

C’est en 1884, que l’Allemagne s’installe en Namibie, considérée alors comme une colonie mais l’appât du gain, la soif de richesse des dirigeants allemands entraînent des vols de territoires, des confiscations de bien. Des peuples namibiens se rebellent mais une énorme armée de dix mille hommes, avec le général Lothar von Trotha à sa tête, est envoyée sur place, pour réprimer les combattants. Avec le texte de Philippe Cuisset, nous découvrons avec horreur ce qu’il s’est passé.

Eugen Fisher et l’hygiène raciale avec des expérimentations violentes et cruelles. Les hommes et les femmes qui luttent pour rester en vie face à une haine calculée, volontaire, tenace, obligés de s’économiser pour garder un brin d’espoir, de rester mutique face à la douleur, de contenir leur rage….

Avec une écriture précise, montrant les événements, mais également les ressentis, l’auteur, dans un style épuré nous touche de plein fouet et nous laisse le cœur en vrac.


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