"Voile rouge" de Patricia Cornwell (Red Mist)

 

Voile Rouge (Red Mist)
Auteur: Patricia Cornwell
Traduit de l’anglais par Andrea H. Japp
Éditions: Les Deux Terres (21 mars 2012)
ISBN: 978-2848931128
464 pages

Quatrième de couverture

Kay Scarpetta, bien déterminée à découvrir les raisons du meurtre de son assistant Jack Fielding, se rend au pénitencier de femmes de Géorgie, où une prisonnière affirme détenir des informations sur ce dernier. Elle évoque aussi d’autres assassinats sans relations apparentes : une famille d’Atlanta décimée des années auparavant et une jeune femme dans le couloir de la mort. Peu après, Jaime Berger, ancienne procureur de New York, convoque Kay Scarpetta à un dîner, mais dans quel but ? Kay comprend que le meurtre de Fielding et celui auquel elle a échappé autrefois constituent le début d’un plan destructeur. Face à un adversaire malade et dangereux, elle traverse enfin le voile rouge qui l’empêchait de comprendre.

Mon avis

Si les noms de Benton, Scarpetta, Lucy et Marino n’évoquent rien pour vous, ne lisez pas ce livre et commencez par un des premiers de Madame Cornwell.

En effet, ses héros récurrents sont tous présents directement ou indirectement dans ce roman et il vaut mieux les connaître un peu pour comprendre de qui il s’agit et quels « codes » régissent leurs relations. De plus, les rapports entretenus par les différents protagonistes prennent beaucoup de place dans le contenu des chapitres, parfois au détriment de l’enquête que tout bon amateur de polar attend.

Malgré tout, il faut reconnaître à cet écrivain une excellente capacité à faire évoluer ses héros, qui se « découvrent » de plus en plus, n’hésitant pas à confier leurs états d’âme profonds au lecteur. On aime ou on n’aime pas. Certains penseront que cette introspection et ce regard sur le nombril peuvent lasser, faire passer les recherches au second plan ou tout simplement ne servir à rien. Il y a aussi, ce côté scientifique, très poussé, qui peut rebuter car rien ne nous est épargné, ni le vocabulaire précis, pointu du domaine médical (matériel entre autres), ni les scènes d’autopsie avec pesée, analyse et tutti quanti …. Mais ceux qui, comme moi, suivent ses personnages depuis une vingtaine d’années, savent combien ces examens divers peuvent apporter un autre éclairage à une scène de mort et combien les non-dits, les malaises, le mal-être des uns et des autres entraînent des dépendances, des fissions entre les personnes qui vivent sous sa plume.

Dans ce dernier opus, les partenaires habituels de Kay Scarpetta apparaissent avec des rôles plus ou moins secondaires. Tous auront une place dans la nouvelle recherche à laquelle elle se consacre: Actions ou interactions, silence ou complaisance, manipulation ou sincérité des personnages, Patricia Cornwell décortique, dissèque, analyse les échanges humains, les pensées de chacun jusqu’à semer le doute dans nos esprits comme dans celui de Kay.

Qui influence qui ? Où se situe la vérité ? Comme à son habitude, Kay Scarpetta ira au bout de ses limites pour comprendre. Elle ne lâchera rien car elle veut saisir les tenants et les aboutissants. C’est une femme qui a souffert. Protégée par sa carapace, elle essaie de rester maître d’elle-même mais comme tout un chacun, elle se pose des questions et sa fragilité existe même si elle a du mal à l’admettre. Est-elle victime ou coupable ? Qui tire les ficelles ? Est-ce que quelqu’un les tire ou tout cela est-il le fruit de son imagination ?

L’écriture au cordeau de Madame Cornwell nous emmène dans les couloirs du centre pénitencier pour femmes de Savannah, glissant ça et là quelques réflexions sur la peine de mort, les conditions de vie, le système judiciaire américain tortueux et complexe.

Mais au-delà de cette visite, nous irons aussi avec elle sonder les cœurs, les esprits des uns et des autres. Que ce soit en voix in dans le texte ou en voix off par l’intermédiaire de longs dialogues (qui ont le mérite d’alléger le texte) nous mettrons un certain temps à cerner les volontés des individus ….. Heureusement, Benton, le fidèle compagnon de route, le mari aimé et aimant, sera là pour aider Scarpetta et le pauvre lecteur à prendre du recul, à ne pas trop réagir à l’affectif, à accepter de se reposer sur lui, à voir clair ….

Les esprits chagrins pourront soulever que la fin de cette histoire est un peu rapide. Comme souvent dans les romans policiers, la pression retombe d’un coup mais c’est sans doute pour préserver la santé du lecteur et le maintenir en forme pour lire le prochain roman….

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