Mathilde ne dit rien
Auteur : Tristan Saule
Éditions : Le Quartanier (21 janvier 2021) puis Folio Policier
ISBN : 978-2896985494
328 pages
Quatrième de couverture
La fin de la trêve hivernale approche, et Mathilde découvre
que ses voisins sont menacés d'expulsion. Les recours légaux n'ont rien donné.
Mathilde n'a pas toujours été travailleuse sociale. Mathilde porte en elle de
sombres secrets. Mathilde ne dit rien, mais Mathilde va prendre les choses en
main.
Mon avis
Un petit pavillon de banlieue, le mari est au boulot, l’épouse
regarde derrière les carreaux. Elle observe une femme qui semble passer et
repasser d’une maison à l’autre, elle a une combinaison de travail. Elle s’interroge sur ce qu’elle peut faire.
Et puis, la sonnette de la porte d’entrée retentit et elles se retrouvent face
à face. Apparemment, l’employée a coupé les fils d’internet, la fibre, et si la
réparation extérieure est faite, il faut relancer la box dans la maison. Gaëlle
la croit et retourne à ses tâches ménagères. Sauf que cette intruse s’attarde,
se promène à l’étage, l’angoisse monte … Gaëlle sent bien que quelque chose ne
tourne pas rond et c’est le drame : des menaces pour que son conjoint paie
un certain Mohammed ….
On fait ensuite connaissance avec Mathilde, une belle plante
comme on dit. Elle travaille dans le social, elle reçoit ceux qui n’arrivent
plus à joindre les deux bouts et qui demandent une aide financière. Toute la
journée à écouter des doléances, à supporter toute la misère du monde qu’elle
retrouve aussi chez ses voisins… Elle veut bien aider Mathilde mais certains
profitent de la situation, trichent avec la réalité pour berner le système. À côté
de ça, d’autres galèrent vraiment. Elle ne dit rien Mathilde mais elle encaisse.
Ras le bol également des collègues tirant au flanc ou avantageant ceux qu’elles
connaissent.
Alors, parfois, Mathilde craque, le trop plein envahit tout,
et elle revêt sa cape de justicière comme lorsqu’elle est allée voir Gaëlle. Qu’est-ce
qui peut pousser une femme ordinaire à franchir les limites ? Quelles sont
les causes de sa colère rentrée, contenue, qui éclate parfois ? Qu’a-t-elle
vu, vécu pour en arriver là ?
Si ce roman démarre tranquillement, le rythme va vite accélérer.
De courtes incursions dans le passé nous aident à comprendre l’histoire de Mathilde,
qui a finalement bien des zones d’ombre. Elle a souffert, ramassé, et même si
elle n’a pas toujours eu raison, l’injustice, elle déteste. Dans un contexte
social malheureusement réaliste où chacun se débrouille comme il peut, avec les
moyens du bord, les petites magouilles, la peur au ventre de finir le mois dans
le rouge, d’être expulsé avant la trêve hivernale, l’auteur campe des
personnages vivants, crédibles, pas toujours bien dans leur vie, ni dans leur
tête.
Avec une écriture vive, acérée, par petites touches, il nous
rappelle que la vie est loin d’être un long fleuve tranquille, que l’effet
papillon peut entraîner de gros dommages. Si au départ, je posais le livre pour
aller faire autre chose, je me suis vite retrouvée accrochée au récit. Je
voulais comprendre le parcours de Mathilde, le pourquoi de ses décisions, ce
qui l’avait amenée à agir ainsi. Si quelques fois, on a le sentiment que
Tristan Saule va sombrer dans les clichés, il se reprend vite et une certaine
forme d’humanité transpire dans son style.
Un auteur qui mérite d’être connu !
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