"Un degré de séparation" de Pablo Mehler

 

Un degré de séparation
Auteur : Pablo Mehler
Éditions : Liana Levi (4 Janvier 2024)
ISBN : 9791034908455
194 pages

Quatrième de couverture

Frederic Altman, un écrivain américain ayant connu la notoriété, n’est plus en mesure d’écrire la moindre ligne et ce sans motif apparent. Des années après son effondrement créatif, pour ne pas dire son effondrement tout court, la découverte d’une vieille photo dans les affaires de sa mère récemment décédée fait remonter à la surface les questionnements non résolus sur le secret de sa filiation. La photo, sur laquelle figure sa mère avec un jeune homme, a été prise à l’époque de sa naissance. Cet inconnu serait-il son père ?

Mon avis

Frederic Altman est un écrivain en panne d’inspiration. Le trou, la page blanche, il n’y arrive plus. Il a pourtant connu une belle notoriété mais ses livres ne sont plus en tête de gondole….  Cet état a même rejailli sur son quotidien, il a une vie monotone, triste, rempli de vide, de solitude …

Sa mère est en maison de retraite et puis un jour, elle meurt. La directrice de l’établissement l’appelle, il doit récupérer ses affaires. Peu motivé, il y va malgré tout, donne tout ce qui peut profiter et s’apprête à jeter le reste. Et là, par un curieux hasard, une photo, style photomaton, s’échappe et tombe sur le sol. Frederic la regarde et constate que sur ce cliché sa mère, en compagnie d’un homme, sourit, ce qui était plus que rare. Qui était cet homme ? Que représentait-il dans la vie de sa génitrice ? Est-ce le père qu’il n’a pas connu ?

Frederic part en quête, essaie de reconstituer le puzzle de la vie de sa maman, de comprendre ce qu’il s’est passé, quels ont été les événements qui ont jalonné son parcours. Commence alors pour Frederic un long chemin qui l’emmènera des Etats-Unis à la France pour essayer d’avoir des réponses à ses questions.

D’une écriture alerte, passant du passé au présent (un chapitre sur deux), l’auteur nous présente la une relation mère/fils. Ce n’est pas un lien ordinaire, la mère ne sait pas vraiment aimer son enfant, les grands-parents sont là heureusement. Seules les discussions intellectuelles quand il est plus grand, semblent avoir de l’intérêt à ses yeux. C’est une femme qui met en permanence les émotions à distance, elle est maladroite, instable, fantasque, pas toujours sérieuse avec l’alcool et la drogue. Alors son fils se retrouve en pension, et quand les vacances arrivent, elle l’oublie… Il a malgré tout réussi à se faire des amis, surtout un qui l’aide à prendre du recul, à se faire une place parmi tous les élèves.

Les passages présentant le passé nous montrent comment cet homme s’est construit avec une mère absente, un père inconnu, des lacunes, principalement affectives, à combler en permanence. C’est d’ailleurs par l’écriture qu’il remplit cette absence. Il a tissé une histoire, en s’inspirant de la sienne, des carences, des non-dits, des silences. Alors sa mère n’a pas apprécié et quand il l’a interrogée sur son géniteur, elle n’a rien lâché.

Maintenant, elle n’est plus là et cette photo le questionne, c’est lui qui ne lâchera rien. Il commence par chercher qui est l’homme aux côtés de celle qui lui a donné la vie. Patiemment, il remonte le fil, consacrant tout son temps à cette recherche. Un pas après l’autre, il recoupe les indices, remonte le temps, relie ce qu’il apprend à ce qu’il a vécu dans le passé.

Très prenant, parfaitement construit, ce récit est intéressant. Il est représentatif de plusieurs époques, de nombreuses vies, de l’attachement entre les êtres avec les difficultés que cela entraîne, mais également les petites joies. On découvre un enfant solitaire qui devient un homme au fil des chapitres, on l’accompagne dans ses désillusions, ses espoirs, ses réussites.

Pablo Mehler signe là un premier roman prometteur, à l’écriture fluide et vive. Le style alterne descriptions, dialogues, ressentis et réflexions sur les parcours de vie qui ne sont jamais prévisibles.

Un premier roman réussi !


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