Le refuge
Auteur : Alain Beaulieu
Éditions : Liana Levi (4 Avril 2024)
ISBN : 979-1034909285
242 pages
Quatrième de couverture
S’installer dans un chalet au pied d’une montagne est le
rêve d’une vie pour Antoine, ancien professeur de création littéraire à
l’université, et pour Marie, autrefois éducatrice. Ils profitent paisiblement
de leur nouvel univers jusqu’à une nuit de juin sans lune, lorsqu’un braquage
inattendu vient chambouler leur tranquillité. Dans un accès de colère, Antoine
s’empare de son arme de chasse, geste aux conséquences irrémédiables qu’il ne
cessera de se reprocher. Son bien le plus précieux, la sérénité, est
définitivement perdu.
Mon avis
« Mais je n’arrive plus à mettre le couvercle sur la
marmite, et ça déborde partout. »
Alain Beaulieu est directeur littéraire aux Éditions Druide
et professeur titulaire au Département de littérature, théâtre et cinéma de
l'Université Laval à Québec. Il a écrit des nouvelles, des romans, des pièces
de théâtre …
« Le refuge » est son dernier titre et a été
Lauréat du Prix France-Québec 2023. C’est un excellent livre qui explore avec
une précision chirurgicale les conséquences d’un geste irréfléchi.
Marie et Antoine sont retraités, il était enseignant en
création littéraire, elle était éducatrice. Pour profiter de chaque instant, à
fond, et être près de la nature, ils se sont installés au « Refuge »,
un chalet près de la montagne. Ils y vivent tranquilles, avec peu de luxe,
quelques voisins. En communion avec leur environnement, ils sont heureux.
Jusqu’à une nuit, périlleuse, où des voleurs se pointent
chez eux, les agressant et leur demandant de l’argent qu’ils n’ont pas. Devant
les blessures infligées à son épouse, Antoine est en colère, et lorsque les
indésirables partent, avec trois fois rien, il sort son fusil et tire. Cet acte
n’est pas neutre et aura des conséquences et des ramifications inattendues.
L’auteur « décortique » avec beaucoup
d’intelligence tout ce que cela va engendrer. Ce qui est vraiment terrible,
c’est de voir les options qui s’offrent au couple, les choix qu’ils font et ce
que ça entraîne à chaque fois. Pendant plusieurs mois, régulièrement, ils sont
confrontés à « un cas de conscience » et sont dans l’obligation de
prendre une route ou une autre. Que faire ? Y-a-t-il de bonnes ou de
mauvaises décisions ? Et qui doit les prendre ? À qui demander
conseil ? Avec qui partager et est-ce une bonne idée ? Ne vaut-il pas
mieux garder tout cela dans la sphère intime ?
Ce récit est surprenant, original, bien écrit, captivant
bien qu’il y ait peu de personnages. La culpabilité est analysée de l’intérieur.
Tout d’abord du point de vue du « fautif », de ce mari qui a commis l’irréparable
et qui est hanté par son acte. D’ailleurs, il se décide à coucher sur le papier
les événements de cette nuit puis de ceux que cela a provoqué, pour lui et tous
ceux qui feront partie des dommages collatéraux. Il a besoin de prendre du
recul, de réfléchir. Il écrit mais sa compagne décide de donner elle aussi son
point de vue et chaque fois qu’il s’exprime, elle complète et éclaire les faits
sous un autre angle. On a de ce fait deux narrateurs.
Le style et les réflexions sont parfaitement adaptés à chacun :
l’homme ou la femme. On observe ainsi leurs dialogues, leur approche de ce qui
les perturbe beaucoup, leurs échanges, leurs intentions suivies de ce qui se
déroule réellement car on ne maîtrise jamais tout n’est-ce pas ? On découvre
dans ce texte, comment un grain de sable, de petites choses peuvent bouleverser
le cours d’une vie, de plusieurs destins ….
Au début de chaque chapitre une citation en exergue, bien
ciblée, elle nous rappelle la fragilité de l’avenir qui ne nous appartient pas.
« Le refuge », un endroit choisi par ces habitants
pour son calme et vivre en paix jusqu’à ce que ….
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