"Madelaine avant l'aube" de Sandrine Collette

 

Madelaine avant l’aube
Auteur : Sandrine Collette
Éditions : Jean-Claude Lattès (21 août 2024)
ISBN : 978-2709674539
254 pages

Quatrième de couverture

C’est un endroit à l’abri du temps. Ce minuscule hameau, qu’on appelle Les Montées, est un pays à lui seul pour les jumelles Ambre et Aelis, et la vieille Rose. Ici, l’existence n’a jamais été douce. Les familles travaillent une terre avare qui appartient à d’autres, endurent en serrant les dents l’injustice. Mais c’est ainsi depuis toujours. Jusqu’au jour où surgit Madelaine. Une fillette affamée et sauvage, sortie des forêts. Adoptée par Les Montées, Madelaine les ravit, passionnée, courageuse, si vivante. Pourtant, il reste dans ses yeux cette petite flamme pas tout à fait droite. Une petite flamme qui fera un jour brûler le monde.

Mon avis

Des phrases courtes, percutantes, parfois sans verbe, sans complément. Une écriture rude, puissante, qui pulse comme un cœur qui bat vite, de façon saccadée. On sent la rudesse des conditions de vie, des lieux.

« Eux et elles » sont soumis à leur seigneur et maître, ils vivent, ou plutôt survivent, comme ils peuvent, au jour le jour, car lorsqu’on souffre du froid, de la faim, on ne peut pas toujours anticiper. On imagine la période, probablement avant la révolution, et le coin perdu, paumé, où chacun fait de son mieux, pour se faire discret, ne pas attirer les foudres du chef en faisant ce qu’il faut.

Il y en a un qui observe, qui raconte, avec la maturité de celui qui voit sans être vu, comme s’il était transparent. Et lorsqu’on découvre qui il est, sur le tard, on est très surpris. Pouvait-il en être autrement d’ailleurs ?

Dans cet univers rugueux, où la tendresse n’apparaît pas souvent, où le combat de chaque jour est celui d’hier ou du lendemain, apparaît une fille de la faim. Une sauvageonne qu’il faut pratiquement « capturée » pour la voir de près. Elle porte en elle la peur et la violence, elle est à l’affût et sa présence fera voler en éclats l’agencement en apparence paisible de la bourgade.

« On pouvait bien nous domestiquer et nous éduquer, il resterait cette part d’incertitude, le morceau de nous prêt à éclater à chaque instant, il y avait dans ces yeux et dans les miens cette petite flamme pas tout à fait droite, pas tout à fait nette, que personne ne contrôlerait. »

Elle est celle qui va oser, se rebeller, aller où elle n’a pas le droit. Elle est celle qui va dépasser les limites. Rien ne se semble lui faire peur …

C’est un roman marquant, presque dérangeant par le contexte, le contenu. Sandrine Collette a un phrasé singulier, qui laisse le lecteur pantelant. Elle analyse finement les situations, les ressentis. Les personnages sont très présents, même quand ils ne sont pas là physiquement, ils « habitent » le récit. Quant à l’atmosphère, elle vous capte, vous étouffe, elle est palpable.

Un texte inoubliable.


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