L’enfant de sel
Auteur : Estelle Tharreau
Éditions : Taurnada (27 Mars 2025)
ISBN : 978-2372581509
290 pages
Quatrième de couverture
Adrien Destive disparaît après avoir rencontré Apolline, une
adolescente tourmentée, fille d'un restaurateur en faillite. Rapidement, le
cadavre d'un autre garçon est découvert tandis que des phénomènes inexpliqués
obligent la journaliste, Marion Stravi, à renouer avec des techniques
d'investigation paranormales qui pourraient être la clé pour sauver Adrien.
Mon avis
Les écrivains qui se renouvellent et réussissent à captiver
le lecteur ne sont pas aussi nombreux qu’on l’imagine. Estelle Tharreau a cette
qualité rare de toujours trouver un sujet qui questionne. De plus, elle ne se
contente pas de le survoler. Elle se documente énormément, va au fond des
choses et bâtit ensuite une histoire qui tient la route tant sur le fond que la
forme. C’est assez impressionnant.
Jeune adolescente, Apolline vit avec son père (il l’élève seul)
à Salins, une petite ville qui porte bien son nom. Il tient un restaurant qui
vivote et comme Julien Destive va réhabiliter les thermes, sa guinguette fermera.
À lui d’accepter les propositions qui lui sont faites ou, à défaut, de partir.
Adrien le fils unique de Destive disparaît, alors qu’il a été vu en compagnie d’Apolline.
Vengeance du père de cette dernière ? Ou autre chose ?
Marion, jeune journaliste rêvant d’une affaire qui la
sortira de l’ombre, est envoyée sur place pour investiguer. Il faut préciser
que personne d’autre n’était disponible. N’est-ce pas l’occasion, pour elle, de
voir décoller sa carrière ? D’étranges événements, à la limite du
surnaturel, l’interrogent. Elle décide de creuser tout ça sans imaginer jusqu’où
ça l’entraînera.
Elle rencontre Cynelle, d’origine haïtienne, tenant une
boutique en ville. Elle n’est pas tout à fait dans la norme des habitants du
coin. Elle a des croyances particulières qui font partie de sa vie depuis
toujours, de son ADN pourrait-on écrire…
L’auteur de son écriture fluide et addictive s’intéresse,
avec ce dernier titre, à de nombreux thèmes. La monoparentalité, les croyances,
les pratiques occultes, les rites vaudous, les grands complexes qui « tuent »
le petit commerce, le rôle des médias etc.
On pourrait supposer qu’elle va se « perdre » en voulant
aborder tous ces sujets et que son récit sera brouillon. Pas du tout !
Tout s’articule parfaitement, les « ponts » établis entre tout ce qu’elle
évoque sont réfléchis et bien pensés.
Certaines scènes sont difficiles parce que, comme dans la vraie
vie, il ne se passe pas que des choses douces et jolies. La présence de
situations paranormales met une atmosphère étrange, parfois lourde, bien
retranscrite. On a le cœur serré, les yeux grand ouverts, le cerveau en
ébullition… Assaillie de doutes, d’hypothèses, je ne savais plus que penser,
que croire. J’ai réalisé que le vaudouisme est une « vraie » religion
avec des pratiques qui peuvent surprendre mais un véritable culte organisé.
J’ai été totalement surprise par ce roman. Je me disais que
le côté ésotérique n’allait pas trop me plaire (j’aime bien garder les pieds
sur terre) mais j’avais envie de connaître le devenir des personnages car l’intrigue
est bien menée. Je me suis attachée à Marion, pour qui cette « enquête »
journalistique est également une incursion dans son passé. C’est vraiment très
fort d’avoir fait ce lien !
Et puis, comme souvent avec Estelle Tharreau, j’ai appris
des choses et ça c’est pour moi un élément essentiel d’une lecture réussie !
Qu’elle continue ainsi !
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