"Les bains de Kiev" d'Andreï Kourkov (Samson i bannoye delo) (Самсон и Надежда)

 

Les bains de Kiev (Samson i bannoye delo) (Самсон и Надежда)
Auteur : Andreï Kourkov
Traduit du Russe 5ukraine) par Paul Lequesne
Éditions : Liana Levi (9 Octobre 2025)
ISBN : 979-1034911332
386 pages

Quatrième de couverture

Kiev, printemps 1919. Vingt-huit soldats de l’Armée rouge ont mystérieusement disparu aux bains municipaux. N’ont été retrouvés que leurs vêtements laissés au vestiaire. Ont-ils déserté ? Ont-ils été assassinés ? Et par qui ? Des brigands, des agents de la contre-révolution ? Samson mène l’enquête. Il arpente les rues de Kiev, met à profit les rudiments de formation qu’il a reçus, et progresse dans l’art d’interroger témoins et suspects. Méthodiquement, il remonte la trace des disparus, utilisant les pouvoirs de son oreille coupée. Au fil de ses investigations, il explore les fausses pistes et met à jour d’autres affaires d’importance.

Mon avis

Ce roman fait partie d’une série (le contexte et quelques individus récurrents sont présents) mais peut être lu indépendamment.

1919, Kiev. Samson est devenu milicien enquêteur un peu par hasard. Il vit avec Nadejda qu’il a épousée. Il rentre parfois tard mais leur couple tient bon, ils s’aiment. Au travail, il arrive que ses supérieurs lui demandent de résoudre des affaires délicates. Il doit se faire discret pour mener ses investigations, se méfier de certains et être vigilant pour ne pas se mettre en danger inutilement.

Dans la ville, différents groupes s’opposent, l’Armée rouge ou blanche, des russes, des ukrainiens, des chinois. Les bolcheviks ont pris le pouvoir. C’est la guerre d’indépendance ukrainienne et le moins qu’on puisse dire, c’est que la vie quotidienne, les soirées, les nuits sont agitées et qu’il est très difficile de savoir à qui faire confiance. Sortir seul le soir n’est pas recommandé car même ceux qui surveillent la ville peuvent ne pas être d’accord entre eux sur qui doit être surveillé ou arrêté. Alors, il faut être prudent en permanence sur ce qu’on fait, ce qu’on dit, ce qu’on partage.

Les bains municipaux ont du succès. On y vient en couple ou entre amis. Un soir, vingt-huit soldats de l’Armée rouge fêtent un anniversaire avec du caviar et des bouteilles. Mais le lendemain, il ne reste que leurs vêtements et aucun indice sur ce qu’ils ont pu devenir. Auraient-ils déserté ? Pourquoi de cette manière et où sont-ils maintenant ? Ont-ils été tués, et par quoi et pourquoi ? Toutes les hypothèses sont possibles…. C’est Samson qui essaie de résoudre cette affaire pour le moins surprenante, une trentaine d’hommes d’un coup, ça fait beaucoup ! Il s’aide de son oreille amputée qui entend à distance et qu’il peut cacher car elle ne se détériore pas.

Lorsqu’il découvre un indice aux Bains, il pense qu’il a trouvé lé solution et que tout va se terminer très vite. Mais pas du tout. La piste ne s’avère pas être celle qu’il croyait et il doit réfléchir pour avancer. Il ne manque pas d’imagination et a un excellent sens de l’observation. Il tente des « expériences » (le coup du cheval est amusant) et ça fonctionne.

Je crois que c’est ce que j’aime le plus lorsque je lis cet auteur, ce savoureux mélange d’absurdité (très très bien dosée) et de rationnel. Les petites « choses » décalées sont absolument « délicieuses » car c’est très fin, on a les yeux qui « frisent » même plusieurs jours après avoir lu.

La cité de Kiev a une place à part entière dans le récit. On dirait qu’elle a un cœur, qu’elle « respire ». Samson ne s’y trompe pas, il voit bien que, suivant les lieux ou les quartiers, il doit donner une image de lui-même qui correspond à l’endroit et aux personnes rencontrées. Il fait le caméléon, il s’adapte. Quelques fois, on se dit qu’il est un peu naïf mais pas du tout, il examine avec certaine forme de candeur mais également beaucoup de sérieux.

L’écriture d’Andreï Kourkov (merci au traducteur) est plaisante, raffinée dans le sens où elle est posée, de qualité, avec des scènes, des dialogues et les ressentis des protagonistes parfaitement exprimées. En situant les aventures de Samson dans ce « décor », l’écrivain fait passer un message sur les relations humaines, lorsque les hommes se heurtent, se disputent, se battent sans réfléchir ni se mettre à la place de celui qui est en face.

Pour moi, tout cela est tout à fait équilibré et réussi !

L’origine de cette série de livres sur Kiev en 1919 est intéressante. L’auteur explique qu’une personne lui a remis lors de l’automne 2019, en pleine pandémie, un carton avec des documents datant 1919 et provenant de la police secrète bolchevique. Il s’est alors plongé dans cette période de l’Histoire et a été totalement passionné. Voulant partager ce qu’il s’est passé à ce moment, il a fait d’autres recherches puis a pris la décision d’écrire. Petit à petit tout s’est mis en place. Il a le sentiment d’arpenter la ville et ses rues à l’époque, il « visualise » les lieux et les événements qu’ils décrits … pour notre plus grand plaisir !

"La villa aux étoffes - Tome 1" d'Anne Jacobs (Die Tuchvilla)

 

La villa aux étoffes - Tome 1 (Die Tuchvilla)
Auteur : Anne Jacobs
Traduit de l’allemand par Anne-Judith Descombey
Éditions : Charleston (16 Juin 2020)
ISBN : 978-2368125090
596 pages

Quatrième de couverture

Augsbourg, automne 1913. Marie quitte l'orphelinat pour entrer comme femme de cuisine dans la somptueuse villa des Melzer, une famille de riches industriels du textile. Tandis qu'elle tente de trouver sa place parmi les domestiques, à l'étage des maîtres, c'est l'ouverture de la saison des bals qui occupe tous les esprits. Car cette année, Katharina, la fille des Melzer, doit faire son entrée dans le monde. Seul Paul, l'héritier, semble étranger à cette agitation, déterminé à prendre ses distances avec sa famille...

Mon avis

Premier tome d’une saga familiale commençant en 1913, ce roman est très plaisant à lire.

On fait connaissance avec la famille Melzer, les parents, leurs deux filles et leur fils. Ce sont de riches industriels dans le domaine du textile. Vu leur niveau de vie, ils ont de nombreux employés avec qui, pour la plupart, ils sont assez exigeants. C’est comme ça que la jeune Marie, qui a passé beaucoup de temps à l’orphelinat, arrive comme fille de cuisine dans cette propriété.

Dès les premières pages, on sent qu’elle a du caractère, qu’elle n’aime ni le mensonge ni l’injustice et qu’elle ne se laissera pas faire. Je me suis attachée à elle face à cette attitude un peu « rebelle » dans le sens où elle se démarque des domestiques habituels.

Les trois enfants de la famille sont différents. Katharina a un tempérament artiste et est plutôt jolie. Paul, c’est le fils dont on espère (et attend) qu’il reprenne l’usine bien que cela ne semble pas sa priorité. Elisabeth est plus discrète, moins belle, on la remarque moins et de fait, on s’intéresse moins à elle ce qui la chagrine. Quelques tensions existent entre eux trois au grand des parents.

On va donc suivre l’histoire de tous ces personnages, suffisamment bien décrits pour qu’on ne se mélange pas. On découvre les relations entre patrons et employés tant à l’usine qu’à la villa. Les rôles bien définis (surtout pour les femmes), les petites révoltes qu’on essaie d’étouffer, les non-dits, les jeux d’influence pour les mariages et la vie à cette époque qui est bien présentée.

L’obligation d’être « dans la norme », dans les conventions est omniprésent. Le lecteur comprend vite qu’il n’est pas aisé de sortir de ce qu’on attend de vous …. Mais que de cachotteries ! C’est parfait pour maintenir notre intérêt, nous faire poser des questions …

À part une ou deux petites erreurs de temporalité, j’ai trouvé le contexte intéressant et parfaitement expliqué. L’écriture est fluide, le vocabulaire bien choisi, merci à la traductrice.

C’est une lecture détente, abordable et agréable. Le récit se termine à la veille de la première guerre mondiale et on se doute bien que les hommes vont partir… qui fera tourner l’usine ? À suivre ….


"Les braises de l'incendie" d'Éric Decouty

 

Les braises de l’incendie
Auteur : Éric Decouty
Éditions : Liana Levi (2 Octobre 2025)
ISBN : 979-1034911387
354 pages

Quatrième de couverture

« Ne pas faire de zèle. » Voilà ce qu’on rabâche au juge Krause depuis qu’il est chargé d’instruire l’affaire de l’hôtel Caumartin. Dans la nuit du 8 avril 2005, cet hôtel social délabré où s’entassaient des immigrés africains a été réduit en cendres par un violent incendie. Comment « ne pas faire de zèle » quand 28 personnes ont perdu la vie ? Pris dans une tourmente personnelle, le juge Krause n’est pas sûr d’avoir la force de mener à bien cette enquête. Jusqu’à ce qu’il croise la route de Nathalie Ségurel, une jeune avocate qui lui remet un témoignage inédit. Tano, un adolescent ivoirien, a disparu après avoir vu quelque chose qu’il n’aurait pas dû voir ce soir-là. Le juge et l’avocate se lancent à sa recherche, écoutant leur instinct quitte à franchir la ligne rouge.

Mon avis

Le juge Krause est dans un « placard ». Il y a quelques années, sa façon de faire, en remuant ce qui ne sent pas bon, a dérangé, surtout parce que ça touchait des collègues corrompus. Alors, maintenant, il est sur la touche, un peu oublié de tous, avec des petits dossiers à régler.

Et puis, voilà qu’on lui confie une affaire délicate. La nuit du 8 Avril 2005, vingt-huit personnes, dont des enfants, sont décédés dans un incendie. Elles étaient installées, en surpopulation, avec d’autres, dans un hôtel insalubre. À lui de mener l’instruction avec pour consigne principale de « Ne pas faire de zèle ». Deux courants « opposés » encadrent sa « nomination », certains voudraient que, comme, autrefois, il aille au fond des choses, qu’il ose et d’autres qu’il ne creuse pas trop, que tout cela reste un fait divers, certes, tragique, mais sans remous car du côté des propriétaires, ce n’est pas très « propre ».

Alors que va choisir cet homme, miné par des problèmes personnels ? Aura-t-il l’envie, la force de s’investir dans des investigations qui peuvent le mettre face à des situations où les choix seront difficiles ?

Sa rencontre avec Nathalie Ségurel, une jeune avocate, le motive. Elle a recueilli le témoignage d’une petite fille rescapée de la fournaise. Elle a perdu sa mère et sa sœur et cherche son grand-frère sorti avant que le feu prenne. Le juge et l’avocate forment un duo atypique, improbable, mais attachant. Ils n’auront de cesse de comprendre tous les enjeux qui se cachent derrière les apparences. Mais trouver la vérité peut parfois provoquer des dommages qu’on ne maîtrise plus, qui protéger et pourquoi ?

« La vérité contre la promesse d’un avenir ravagé. »

Est-ce que la doyenne en lui confiant ce dossier espère des réponses ou veut-elle l’aider à avancer, à tenir le coup, lui qui a un quotidien difficile ? En tout cas, elle a bien fait car il ne lâche rien. Ce qui est le plus compliqué pour lui, c’est de gérer les informations qu’il récolte, pouvant mettre des personnes en danger ou les compromettre.

Krause et Ségurel prennent des risques, transgressent un peu les règles pour obtenir des éléments afin de cerner la personnalité de chacun. Mais ils sont face à des décisions qui peuvent tout bouleverser. Que vont-ils faire ?
C’est très intéressant de suivre leurs raisonnements parce qu’on s’interroge. Quelle position aurait été la mienne à leur place ? Qu’est-ce qui est le mieux, qui croire ?

C’est le quatrième roman que je lis de cet auteur et je l’ai trouvé extrêmement juste, complet. Éric Decouty était journaliste spécialisé dans les affaires politico-financières. Son écriture est très précise, « fouillée », jamais rébarbative car il insère des dialogues, évitant ainsi toute monotonie dans le propos. Son récit fait froid dans le dos, il nous ouvre les yeux ou nous rappelle ce qu’on connaît déjà. La précarité dont on sait qu’elle existe mais qu’on « oublie » parfois. Les jeunes d’origine étrangère qui, même avec Bac + 5, galèrent à trouver un boulot. L’embrigadement dans les cités entre trafic de drogues ou influence des islamistes radicaux. Quel avenir leur propose la société ? Quel encadrement, quelles propositions d’accompagnement ont-ils ? Que mettre en place pour éviter les erreurs de « trajectoire » ? Et quid des marchands de sommeil, de ceux qui se remplissent les poches en profitant de la vulnérabilité des autres ?

C’est un livre édifiant, au contenu lucide. Le rythme est excellent, pas de temps mort, des protagonistes bien campés et très crédibles. Le texte est abouti et l’ensemble absolument réussi.  À conseiller et à lire !


"Enfant brûlée cherche le feu" de Cordelia Edvarson (Bränt barn söker sig till elden)

 

Enfant brûlée cherche le feu (Bränt barn söker sig till elden)
Auteur : Cordelia Edvardson
Traduit du suédois par Anna Gibson
Éditions : Christian Bourgois (2 Octobre 2025)
ISBN : 978-2267056013
210 pages

Quatrième de couverture

Élevée dans la tradition catholique dans le Berlin des années 1930, Cordelia est une jeune fille à part. Elle aime la poésie, surtout celle qu'écrit sa mère, la belle et reconnue écrivaine Elisabeth Langgässer, qu'elle admire tant. Mais la jeune Cordelia ignore que le père qu'elle n'a jamais connu était juif. Sa mère est quant à elle plus occupée à poursuivre sa carrière en faisant oublier ses propres origines juives auprès des dignitaires nazis qu'à protéger sa fille. Alors, à quatorze ans, Cordelia est déportée. Elle survit à l'enfermement à Theresienstadt puis à l'enfer d'Auschwitz. Grâce à la Croix-Rouge suédoise, elle se retrouve après la libération à Stockholm, où elle réapprend à vivre.

Mon avis

Cordelia Edvardson est née en 1929 à Berlin et morte à Stockholm en 2012, après une longue vie consacrée au journalisme et à l'écriture. En 1977, après la guerre de Kippour, elle s'installe en Israël, où elle travaille en tant que correspondante pour un grand quotidien suédois.

Née d’un père juif inconnu, Cordelia a été élevée par sa mère, une écrivaine. Celle-ci lui lisait des extraits de ses romans, de ses poèmes, même lorsqu’elle était enfant. Cela lui a donné le goût des mots.

« Emplie, submergée, enivrée par les mots, leur texture, leur goût, leur parfum, leur couleur, la gamine s’ouvrait alors. […] Qu’ils soient prononcés, lus ou écrits, les mots sont nourriture. »

Les mots la sauveront, la soutiendront dans toutes les épreuves de la vie (et rien ne lui sera épargné). Oserais-je écrire que c’est la seule chose positive que lui a offert celle qui, en lui faisant la lecture, lui a donné l’amour des mots ?
Elle lui a également donné une petite croix, quand elles ont été séparées mais, vu les circonstances, à mon avis, c’était une façon, pour sa génitrice, de se dédouaner face à une situation où elle n’avait pas le beau rôle….

Cette dernière se marie lorsqu’elle est petite et son beau-père la frappe. Elle souffre mais personne ne s’en rend compte. Elle commence à être « invisible » ce qui continuera lorsque, pendant la seconde guerre mondiale, elle sera déportée à quatorze ans. Pourquoi ? Parce qu’à moitié juive…  

Enfant, elle a baigné dans la religion catholique alors, elle ne comprend pas que d’un coup, elle soit juive. Dans un premier temps, elle rejette l’étoile jaune. Mais elle sent qu’elle met sa famille en danger, qu’elle est le petit coucou qu’il faut expulser du nid. C’est tellement dur pour elle….

Sa mère essaie un stratagème en la plaçant pour la cacher aux yeux de la loi mais ça ne fonctionne pas. Et elle se retrouve dans les camps, à se battre chaque jour pour manger, marcher, dormir…. Devenue un numéro, elle doit lutter pour survivre. Elle saisit vite qu’il vaut mieux avoir l’air en bonne santé pour être jugée apte au travail et ainsi rester en vie. Comme d’autres, elle apprend à faire de la soumission un acte : au lieu de se résigner à son sort, il est mieux de le revendiquer. Malgré son désir de vivre, elle reste hantée par une question : pourquoi maman, m’as-tu abandonnée ? Parfois elle tisse des liens mais tout cela reste fragile. Le quotidien qu’elle décrit est abominable, terrible et dire qu’elle n’est qu’une jeune fille…. Comment continuer à avancer ? Ne pas avoir le souhait de se coucher pour ne plus jamais se relever ? J’étais en apnée pendant ma lecture lorsque pendant ces passages.

Cordelia a été une femme forte, capable de rester droite malgré une relation difficile avec ce qu’on nomme aujourd’hui, une mère dysfonctionnelle, indifférente. Comment peut-on aimer si mal sa fille ? Et comment se construire en vivant de tels événements ?

Dans ce récit, Cordelia parle d’elle en disant « elle », « la fillette » etc. je me suis interrogée sur ce « je » qui est absent. Est-ce une façon de mettre à distance la souffrance, de se protéger des souvenirs douloureux qui remontent afin de les éloigner, de les rendre moins présents ? Je ne sais pas. Mais, même avec cette forme d’expression, ses phrases (merci à la traductrice) font mouche et nous touchent. Elle a une écriture lumineuse, vibrante, qui irradie. La lire, c’est être sentir chaque mot pénétrer en nous, c’est absorber ce qu’elle a vécu, c’est serrer les poings en se disant « non, pas ça »….

On peut dire qu’elle a été courageuse, volontaire, droite etc. Les qualificatifs sont bien pauvres pour une femme exceptionnelle qui aurait pu mourir plusieurs fois mais qui a toujours tenu bon.

Ce livre restera gravé en moi.

"Bruxelles Guide vert voyage & cultures" de collectif (Michelin)

 

Bruxelles
Guide vert voyage & cultures
Éditions : Michelin (26 Septembre 2024)
ISBN : 978-2067265585
180 pages

Quatrième de couverture

- Les incontournables (classés 1, 2 ou 3 étoiles) :  La Grand-Place***, Musées royaux des Beaux-Arts***, Atomium** ...
- Les coups de coeur : «Gravir» le Mont des Arts et arpenter les allées de ses musées. S’adonner sans retenue à la streetfood bruxelloise. Découvrir le port et les quartiers en pleine mutation le long du canal ...
- Les bonnes adresses pour tous les budgets :  se restaurer, prendre un verre, shopping, sortir, se loger
- De nombreux plans détaillés et des suggestions d’itinéraires.
- Un plan d'ensemble détachable pour retrouver les adresses et les principaux sites étoilés de la destination.

Mon avis

Ce guide vert est très bien fait et les conseils donnés sont excellents !

Il y a un plan détachable où on retrouve les principaux lieux à visiter. Ensuite, les points d’intérêt sont détaillés par quartiers avec plans et photos. Et évidemment les meilleurs restaurants, bars et boutiques à explorer. On trouve également un résumé pour un séjour de trois jours.

J’ai beaucoup apprécié ce guide, varié, complet, et avec un résumé historique de certains monuments, ce qui complète parfaitement ce qu’on observe sans toutefois connaître toute l’histoire des lieux.

Le livre est très bien agencé, le haut des pages en couleurs permet de se repérer, les symboles, les classements par étoiles et les repères sont très clairs. C’est vraiment pratique car en plus il n’est pas volumineux (12 cm sur 16 cm pour une épaisseur d’1 cm) et rentre dans une poche ou un petit sac.

Toutes les bonnes adresses étaient à jour.

Désireuse de visiter d’autres villes européennes, je ferai confiance au petit guide Michelin.





"Les communications animales de Milo et Jade" de Aurélie Gombault & Florine Danjou

 

Les communications animales de Milo et Jade
Tara est agressive avec les autres chiens
Auteurs : Aurélie Gombault & Florine Danjou
Éditions : Chérubins Éditions (16 Mai 2025)
ISBN : 978-2487628151
162 pages

Quatrième de couverture

Milo et Jade ont une capacité particulière : ils communiquent avec les animaux ! Lorsque Tara, une chienne agressive avec ses congénères, est privée de promenades par ses gardiens inquiets, les deux amis décident d’intervenir. Avec l’aide de Lisa, une spécialiste en communication animale, ils vont tenter de percer le mystère de son comportement. Et si Tara essayait simplement d’envoyer un message que personne ne comprend ?

Mon avis

Florine Danjou est animaste, naturopathe pour les animaux, praticienne en communication animale. De sa rencontre avec Aurélie Gombault est né ce recueil qui donne des pistes pour mieux appréhender les réactions des animaux familiers, être à leur écoute, les comprendre et ainsi apporter des réponses lorsque leurs comportements surprennent, voire dérangent.

En partant de l’histoire de deux amis Milo et Jade, le récit présente une chienne, Tara, qui a une attitude agressive avec les autres chiens. Florine Danjou explique dans la préface que les enfants sont intuitifs et savent plus facilement communiquer avec les animaux pour leur redonner confiance. De plus, partir d’eux permettra de toucher un public de jeunes.

La pratique évoquée dans ce livre fait appel aux cinq sens et à une certaine forme d’intuition. La personne qui cherche à établir un lien avec l’animal doit être calme, « se couper » du bruit extérieur et des sollicitations pour « entendre » ce que veut transmettre l’animal.

Parfois, il faut d’abord faire appel à un ou une éducateur trice avant de tester cette façon de faire car c’est trop compliqué à gérer.

À travers les événements vécus par les personnages de ce livret, le lecteur découvre ce qui peut être mis en place, en confiance, pour faire évoluer une situation délicate.

Le texte, très clair, est accompagné de belles illustrations (les protagonistes sont d’ailleurs dessinés dans les premières pages pour bien situer les différents intervenants). Le vocabulaire est à la portée de jeunes à partir de huit / neuf ans et pour des collégiens. Le rythme est plaisant et les nombreux dialogues donnent de la vie à l’ensemble. J’ai trouvé le contenu intéressant, j’ai beaucoup appris.

Une annexe donne la parole à Tara, on cerne son passé et on a des explications sur ce qu’elle a vécu et qui a pu engendrer son attitude bagarreuse. Comme quoi, il est important de se pencher sur le passé de nos amis les bêtes.

Dans la seconde annexe, les points clés pour réussir sont évoqués, simplement, sans fioriture. Suivront deux petits tests et quelques mots sur les autrices.

Ce recueil, très complet est une belle entrée en matière sur le sujet de la communication animale.

Animaste

"Les enfants sont rois" de Delphine de Vigan

 

Les enfants sont rois
Auteur : Delphine de Vigan
Éditions : Gallimard (4 Mars 2021)
ISBN : 978-2072915819
352 pages

Quatrième de couverture

"La première fois que Mélanie Claux et Clara Roussel se rencontrèrent, Mélanie s'étonna de l'autorité qui émanait d'une femme aussi petite et Clara remarqua les ongles de Mélanie, leur vernis rose à paillettes qui luisait dans l'obscurité. “ On dirait une enfant ”, pensa la première, “elle ressemble à une poupée”, songea la seconde. Même dans les drames les plus terribles, les apparences ont leur mot à dire." À travers l'histoire de deux femmes aux destins contraires, Les enfants sont rois explore les dérives d'une époque où l'on ne vit que pour être vu. Des années Loft aux années 2030, marquées par le sacre des réseaux sociaux, Delphine de Vigan offre une plongée glaçante dans un monde où tout s'expose et se vend, jusqu'au bonheur familial.

Mon avis

Mêlant faits réels (et édifiants) à de la fiction, Delphine de Vigan nous éclaire, si besoin est, sur l’emprise du numérique, ses déviances, ses dangers….

Elle commence son récit en 2019, à une époque où, déjà, certains se mettent en scène sur les réseaux sociaux ou les chaînes YouTube. C’est le cas de Mélanie, qui, admirative des « stars » (si on peut parler de star) de la téléréalité, a tenté de percer dans une émission. Elle n’a pas été retenue et elle est ressortie blessée de cet échec. Des années plus tard, mariée et mère de deux enfants, elle tient sa revanche. C’est une des femmes les plus suivies grâce à la chaîne qu’elle a mise en place pour mettre en avant le quotidien de sa progéniture. Eux, ils ont suivi, que ne feraient-ils pas pour plaire à leur mère. Ils déballent les cadeaux offerts par les marques, commentent, signent des autographes et font des selfies avec tous les gosses qui les admirent, les aiment et peut-être, pour certains, les envient. Une vie de paillettes où tout n’est qu’apparence ….

Ce qui, au début, pourrait s’apparenter à un jeu, un loisir, est devenu, au fil du temps, un vrai travail, minuté pour être rentable. Tout est calculé, mesuré, il y a même un studio d’enregistrement au domicile familial… L’auteur montre la lente mais sûre dérive vers cette mainmise, cette quasi impossibilité de revenir en arrière. La mère est heureuse, mais son fils et sa fille sont-ils épanouis ? En étant jalousés, ne risquent-ils pas de souffrir ?

Un jour, la fille de Mélanie disparaît et une enquêtrice, Clara, se charge des investigations. Cette fillette a-t-elle été enlevée ? Par qui ? Et pourquoi ? Clara découvre ce monde totalement différent du sien. C’est un choc. En avançant dans ses recherches, elle souhaite des réponses, mais tout ce qu’elle entrevoit va au-delà de ce qu’elle avait imaginé ….

« C’est un monde dont l’existence nous échappe. »

Delphine le Vigan s’est beaucoup renseigné, son récit contient de nombreuses informations, notamment sur les financements de ces chaînes et le vide juridique en matière de protection de l’enfance. Les jeunes chanteurs, comédiens, sont soumis à une réglementation mais pour les mineurs youtubeurs, en 2019, il n’y avait rien, aucune contrainte, aucune loi …

La procédurière, Clara, qui investigue, essaie de cerner le mécanisme et les rouages de cet univers « parallèle » et elle tombe des nues face à certaines situations. Elle visionne des images, réfléchit, creuse, pousse le père et la mère dans leurs retranchements …

Les portraits de ces deux femmes, que tout oppose, sont saisissants de réalisme. Peuvent-elles se comprendre ?

On bascule ensuite dans les années 2030 où l’on voit ce que chacun est devenu. C’est alors une réflexion profonde, nourrie, qui nous projette dans un futur qui sera bientôt un présent si « on » laisse les dérives s’installer…

J’ai été scotchée par tout ce qui est transmis dans ce récit. C’est, malheureusement, très juste.

Ce roman est une piqûre de rappel, un texte fort, addictif, effrayant par certains aspects. On y va tout droit, il est temps d’agir….. Il faut communiquer sur ces sujets, faire de la prévention dans les écoles et ailleurs. À offrir, à prêter, à faire lire encore et encore.