Laisse le monde tomber
Auteur : Jacques-Olivier Bosco
Éditions : French Pulp Éditions (24 Octobre 2019)
ISBN : 9791025106525
370 pages
Quatrième de couverture
À travers une succession de crimes, de jeunes policiers vont
être confrontés à la violence sociale et humaine d’une grande cité de banlieue.
« Et la violence ne se combat pas par la violence… » ; c’est ce qu’aimerait
prouver Jef, le flic idéaliste et lâche, mais sa collègue Hélène, bouffie de
mal-être, a de la rage à revendre, quant à Tracy dont le frère est mort lors
des attentats de Paris, c’est de vengeance dont elle rêve.
Mon avis
On ne peut se battre contre l’évolution du monde *
Il y a des auteurs comme ça, qui vous prennent aux tripes,
vous font monter les larmes aux yeux et vous abandonnent, pantelants, dans
votre canapé …. JOB (Jacques-Olivier Bosco) est de ceux-là. A chaque fois, il
fait mouche et pourtant, ces écrits sont noirs, terribles, emplis de souffrances,
de violence, de …. réalisme……
On est en banlieue parisienne, les jeunes de la cité font la
loi, la drogue circule sous le manteau … La maréchaussée sait tout cela, gère
ce qu’elle peut, avec le plus de doigté possible, pour éviter de mettre les
bâtiments à feu et à sang. D’ailleurs, ils rythment le roman et servent de
numéro aux chapitres : BAT A, BAT B etc…. Lorsque tout cela a été
construit, il y avait de la place pour tout le monde : black, blanc, beur
comme on dit ainsi que différents milieux professionnels, de classe, disons,
moyenne. Tous cohabitaient et puis …. Ces lieux sont devenus une zone de non droit
où la police évite de se promener la nuit et reste peu le jour….
Jef Lenantais et Hélène Lartigue sont deux collègues
policiers, ils ont atterri dans ce secteur et sont bien obligés de faire face.
Ils savent que s’ils demandent leur mutation, ils ne l’auront pas car leur
poste ne fait pas envie et puis, il semblerait qu’ils se soient habitués….
Cabossés par la vie, tous les deux ne savent plus où ils en sont, ce qu’ils
veulent, à part, éventuellement, être aimés. Ils cachent leurs blessures. Alcool,
tabac, etc…leur tiennent compagnie….
Dans la cité, un jeune garçon a été attaqué par ce qu’on
apparente à un chien tueur ou un monstre aux dents acérés. Ce sont Jef et
Hélène qui récupèrent l’enquête. Leur ténacité, leur volonté font qu’ils ne vont
rien lâcher. Ils sont habités par une sorte de colère rentrée qui ne demande qu’à
sortir, qu’à s’exprimer. Et ce n’est pas Tracy, une enquêtrice qu’ils vont croiser
sur leur chemin qui va modifier cet état de faits. Elle est encore plus en rage
qu’eux, presque détachée de tout, sans émotion. Le travail d’investigations n’est
pas aisé, les tensions sont nombreuses et montent au fil des pages.
Lorsque l’auteur nous décrit le quotidien des forces de l’ordre,
on se rend compte de la dangerosité de leur métier, des angoisses de leur
famille, des choix qu’ils doivent faire dans l’urgence. Il leur faut agir
toujours et encore. Se reposer, s’arrêter ? Ce n’est pas forcément
possible quand les évènements violents se multiplient. Le lecteur est pris dans
ce mouvement, il suit la peur au ventre, il cherche une lueur d’espoir pour s’accrocher
et croire que demain est un autre jour…. Alors, oui, demain est un autre jour
mais il n’est pas obligatoirement meilleur, ni plus calme…..Jacques-Olivier
Bosco nous met au cœur du côté noir de notre société, il nous oblige à ouvrir
les yeux, à tremper les mains dans le sang, un
filet glacé coulant au creux de nos reins…. En immersion, on serre les
poings….
Lire ce genre de récit secoue, remue, ne laisse pas
indifférent et renvoie des questions qui font mal….C’est dur, sombre, et
pourtant, on le dévore, on en redemande, quitte à finir lessivé. La faute à son
écriture choc, addictive, à ses mots qui percutent fort, si fort, à son style
incisif qui ne s’embarrasse pas de fioriture, à ses personnages désenchantés auxquels
on souhaite de s’en sortir, de retrouver goût en la vie …
NB : j’ai beaucoup apprécié les clins d’œil aux protagonistes
des romans précédents, c’est fugace et sin on ne les connaît pas, ça ne gêne en
rien la lecture.
*page 46…. Et si on essayait quand même, JOB ? Qu’en dites-vous ?
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