L’accompagnateur (Der Heimweg)
Auteur : Sebastian Fitzek
Traduit de l’allemand par Céline Maurice
Éditions : L'Archipel (10 mars 2022)
ISBN : 978-2809843361
370 pages
Quatrième de couverture
À Berlin, peu après 22 heures, Jules est au standard d'un
service d'accompagnement dédié aux femmes en danger. Son premier appel est
celui de Klara, terrorisée à l'idée d'être suivie par un psychopathe. Un homme
qui a peint en lettres de sang la date de sa mort dans sa propre chambre à coucher.
Et ce jour se lèvera dans deux heures !
Mon avis
Je suis une habituée des romans de Sebastian Fitzek, je sais
qu’il repousse toujours les limites, qu’il est capable d’aller de plus en plus
loin quitte à choquer, déranger. Avec ce nouveau titre, il a atteint son but
mais je ne sais pas trop comment me positionner…
Ce soir-là, Jules remplace un ami au service d’accompagnement
téléphonique pour aider les femmes en danger. Il a travaillé au 112, donc ça ne
le gêne pas de suppléer son pote qui pour une fois va sortir et peut-être
draguer une fille malgré ses ennuis de santé. Il se retrouve rapidement en
ligne avec Klara, qui est terrorisée, persuadée qu’elle va bientôt mourir.
Comment l’aider à distance, la maintenir en vie sans pouvoir agir ? D’ailleurs,
est-elle vraiment en péril ou ne fabule-t-elle pas un peu ?
Un lien se noue entre Jules et Klara, ils ne se voient pas,
se parlent et il arrive même qu’il se confie alors qu’il est censé écouter…
Jusqu’où va-t-il aller pour soutenir cette femme, où s’arrête sa mission, et
puis si elle ment, n’est-elle pas en train de la manipuler d’autant plus qu’elle
lui précise que si le tueur au calendrier a vent de leur conversation, il sera
le prochain sur la liste….
C’est très ambigu et l’auteur va « jouer » sur cette
ambivalence (et des tas d’autres) tout au long de son récit. C’est ce qui fait
son charme, ce qui désarçonne le lecteur, balloté de ci de là, se demandant
sans cesse où est la vérité …
Il est toujours intéressant de voir comment cet écrivain s’y
prend pour « nous retourner le cerveau » nous entraînant dans des
histoires à tiroirs, pleines de ramifications, de méandres, d’incertitude. C’est
surprenant, déroutant, voire déstabilisant. C’est vraiment un point fort du
style et de l’écriture de Monsieur Fitzek, comme le fait de connaître
parfaitement les rouages de la psychologie et d’en utiliser tous les ressorts
pour nous captiver.
Si on considère tout cela « L’accompagnateur » est
un thriller efficace, qui angoisse, qui fait peur, qui tient en haleine tant le
rythme est soutenu et les rebondissements (presque des « revirements »)
sont nombreux. L’écriture est fluide, la traductrice a bien retranscrit le
sentiment d’angoisse qui monte au fil des chapitres amenant des questionnements
de plus en plus nombreux.
Il faut malgré tout préciser que les thèmes évoqués, malheureusement,
encore d’actualité, sont abordés avec des représentations de violence, parfois
très dures, trop à mon goût. Les descriptions plus succinctes apportent autant
de frayeur chez celui qui lit, les détails gores ne soutenant pas forcément le
propos si on zappe les paragraphes qui nous mettent mal à l’aise.
Sebastian Fitzek est un spécialiste de ce genre de recueil où les personnages semblent tous plus torturés les uns que les autres et où, dès les premières pages, on se demande qui sera vraiment celui qu’il semble être. Il ne faut pas se préoccuper de la vraisemblance, mais plutôt de l’impression générale que laisse ce rédacteur une fois la dernière page tournée. Il s’explique lui-même en fin d’ouvrage sur toutes les idées biscornues qui lui viennent à l’esprit. Je suis persuadée qu’au-delà du plaisir qu’il a à écrire, il en a encore plus à l’idée de nous provoquer, attendant nos réactions….
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