"Memorial Drive" de Natasha Trethewey (Memorial Drive)

 

Memorial Drive (Memorial Drive)
Mémoires d’une fille
Auteur : Natasha Trethewey
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Céline Leroy
Éditions de l’Olivier (19 Août 2021)
ISBN : 9782823617320
226 pages

Quatrième de couverture

Le 5 juin 1985, Gwendolyn est assassinée par son ex-mari, Joel, dit « Big Joe ». Plus de trente ans après ce drame qui a changé sa vie, Natasha Trethewey, sa fille, affronte enfin sa part d’ombre en se penchant sur le destin de sa mère. Tout commence par un mariage interdit entre une femme noire et un homme blanc dans le Mississippi. Suivront une rupture, un déménagement puis une seconde union avec un vétéran du Vietnam. À chaque fois, Gwendolyn pense conquérir une liberté nouvelle. Mais la tâche semble impossible. Elle est toujours rattrapée par la violence.

Mon avis

Elle avait dix-neuf ans lorsque son ex beau-père a tué sa mère. Elle a mis une trentaine d’années avant d’écrire sur ce drame, sans doute pour se libérer mais également pour donner la parole à sa mère.

Le lien fusionnel qui les unissait n’a pas suffi à empêcher son assassinat. Aurait-il pu en être autrement ?

Gwendolyn, afro-américaine est tombée amoureuse d’un blanc canadien et ils ont eu Natasha. A l’époque, en 1966, les mariages mixtes n’étaient pas bien vus et la petite fille n’était à l’aise dans aucune communauté, ni la noire, ni la blanche, comme si elle était de nulle part. Pour sa mère, c’était la même chose, en pire, accompagner son mari blanc dans une soirée était difficile car elle était regardée comme une étrangère.

Ces deux femmes ont lutté pour leur identité en permanence (l’auteur est maintenant professeur à l’université et poétesse reconnue). Dans ces « Mémoires d’une fille », Natasha Trethewey présente des souvenirs heureux, d’autres beaucoup moins. Avec une écriture délicate, des pointes de poésie, elle analyse comment les événements se sont enchaînés jusqu’à l’inconcevable. Les peurs et les espoirs ont envahi son quotidien et je souhaite de tout cœur, que la rédaction de ce livre lui ait permis de souffler, de moins sentir le poids du passé.

Elle savait et se trouvait dans l’incapacité d’agir.

« Et là, tu sais que tu es impuissante.
TU SAIS TU SAIS TU SAIS
Regarde-toi. Aujourd’hui encore tu crois que tu peux prendre tes distances avec cette petite fille par l’écriture, en recourant à la deuxième personne du singulier, comme si tu n’étais pas celle à qui tout cela est arrivé. »

Les souvenirs peuvent sembler incomplets, parfois désordonnés mais c’est le propre de la mémoire, de ne pas tout savoir. Plus on avance dans la lecture, plus les choses sont claires, des extraits de journal intime, de conversations enregistrées, sa mère voulait s’en sortir. La douleur est présente, d’autant plus que l’auteur fait resurgir des faits qu’elle avait occultés.

Un témoignage inoubliable !


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