On n’aurait jamais dû lui ouvrir la porte
Auteur : Romuald Olb
Éditions au Pluriel (7 Novembre 2022)
ISBN : 978-2492598074
150 pages
Quatrième de couverture
Léon a tout pour être heureux : des parents aimants et
protecteurs, une belle maison au bord de la Garonne, un chien et une scolarité
qui se passe bien dans l’un des meilleurs lycées de Bordeaux. Pourtant, le
bonheur de Léon et de ses parents commence à se fissurer le jour où une tour de
huit étages s’élève juste en face de leur maison.
Mon avis
Léon a dix-sept ans et dans ce roman, c’est lui qui s’exprime.
Il est en terminale, vit avec ses parents dans une petite maison au bord de la Garonne.
Sa mère, fille d’immigrés, très bosseuse, a une bonne situation. Son père,
nettement moins courageux, a été porté à bout de bras par son épouse et s’en
sort malgré tout. Ils remboursent leur crédit de façon régulière. Tout va donc
pour le mieux dans le joli pavillon bien ensoleillé.
Mais…Il y a souvent un « mais » n’est-ce pas ?
Un projet urbanistique écoresponsable et citoyen (porté par la nouvelle mairie
écologiste de Bordeaux) voit le jour. Une tour de huit étages avec vue sur le
fleuve ou pour les appartements moins bien lotis sur un boulevard et la voie de
chemin de fer, voire sur l’habitation de la famille de Léon… Bien sûr, un
collectif de propriétaires, dont Armand, le père de Léon, s’est échiné à faire
annuler le permis de construire mais tout était dans les clous, donc rien à
espérer…. Déprime pour Armand, incapable de penser à quoi que ce soit d’autre,
le soleil moins présent parce que caché par l’immeuble, tout ça ce n’est pas
bon pour le moral …. Et quand on commence à s’enfoncer…. Il devient moins
performant au boulot et risque un licenciement….
Léon, lui, observe, presque jusqu’à épier, les quelques
personnes qui s’installent dans la tour. Un couple, en particulier, l’intrigue….
Oui, ce n’est pas une bonne idée d’espionner les gens surtout quand on doit
passer le bac et essayer d’avoir une mention, on perd du temps derrière les
carreaux. Mais Léon est un adolescent curieux. D’ailleurs, le lecteur s’en rend
vite compte. Ses observations sont minutieuses, réfléchies, il analyse ce qu’il
entend, ce qu’il voit, établissant un parallèle avec ce qu’il sait déjà ou
extrapolant de temps à autre.
Le décor est planté. Quant au contexte familial, il est
décrit avec minutie mais l’auteur a eu l’intelligence de ne pas tout révéler en
une seule fois, ce qui évite tout effet de lourdeur. C’est au long des
différents chapitres, petit à petit, que l’on comprend comment s’est construit
le couple Armand / Malika, quelles sont leurs racines, leurs choix de vie, la place
de chacun dans le foyer. Plus on avance plus on ressent le mal-être du père,
incapable de relativiser la présence de l’édifice qui pourrit son quotidien.
Forcément, ça risque de rejaillir sur la vie de couple, d’autant
plus qu’une voisine de ce bâtiment détesté se présente et demande de l’aide.
Lui fermer la porte au nez ? Faire preuve d’un peu d’humanité ? A-t-elle
vraiment des problèmes ? Il arrive qu’une décision, comme l’effet
papillon, vous entraîne plus loin que vous le souhaitiez au départ.
Ce récit commence doucement, comme le journal intime d’un jeune
adolescent regardant ses parents et son environnement. Puis au fil des pages,
une tension s’installe, on la sent qui grandit en nous et entre les
protagonistes. On se demande si ça va s’arrêter ou empirer. Romuald Olb a très
bien construit son histoire, il sème le doute, nous inquiète, fait monter la
pression. On réalise que la nouvelle construction a déstabilisé tous les liens
familiaux et que l’équilibre a disparu.
L’écriture est plaisante, racée, il n’y a pas de fausse
note. La couverture sobre, se suffit à elle-même. Il y a une belle approche
psychologique des personnages. Leurs émotions sont retranscrites avec doigté.
Une belle découverte d’un nouvel auteur à suivre de près.
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