Comme une image
Auteur : Magali Collet
Éditions : Taurnada (6 Octobre 2022)
ISBN : 978-2372581080
246 pages
Quatrième de couverture
Lalie a 9 ans, un teint de pêche et des joues roses. Elle a
aussi deux frères et des chatons, une belle-mère et deux maisons. C'est une
enfant intelligente et vive, une grande soeur attentionnée et une amie fidèle.
C'est la petite fille que chacun aimerait avoir. D'ailleurs, tout le monde aime
Lalie. Tout le monde doit aimer Lalie. C'est une évidence. Il le faut.
Mon avis
Regardez cette petite fille, elle est sage comme une image. On
a tous, un jour entendu cette phrase, n’est-ce pas ? C’est l’impression
que donne Eulalie, qui préfère d’ailleurs qu’on l’appelle Lalie. Elle aura
bientôt dix ans, ses parents sont séparés, elle a un frère, une belle-mère et
un demi-frère.
Le divorce agit sur elle comme un catalyseur, on comprend
très vite qu’elle ne supporte pas cet état de faits. Deux personnalités vont s’opposer
en elle. Celle qui est lisse, obéissante, qui parle comme une petite fille de
son âge et l’autre, la face cachée, violente, perverse, qui s’exprime dans un
langage châtié. Est-ce possible d’être comme ça à cet âge-là ? On peut
légitimement se poser la question. Et que la réponse soit oui ou non, cela n’empêche
pas de continuer la lecture. Pourquoi ?
- Parce qu’on pénètre dans l’univers de cette gamine qui mène
le monde comme elle l’entend, sans peur, sans sentiment ou avec des sentiments
qui n’appartiennent qu’à elle. Oui, ça met mal à l’aise, ça semble malsain et
on se demande jusqu’où ça peut aller. Mais n’est-ce pas le but des romans de
nous bousculer dans nos habitudes, voire nos certitudes ?
Lalie fait des apartés. Nous pénétrons dans son cerveau
particulier, elle analyse, observe, mène la danse et manipule avec beaucoup de
doigté. Le mensonge est sans doute ancré en elle et certaines scènes où elle
retourne la situation et coince les adultes sont dignes de Hitchcock. Elle
arrive toujours à ses fins et redevient aussitôt la petite fille sage comme une
image que tout le monde connaît. À l’école, tout est parfait, on aurait bien du
mal à croire qu’elle puisse être méchante…… et pourtant ….
- Parce qu’à travers ce récit, Magali Collet montre les dégâts
psychiques lorsque des préadolescents sont rongés par la jalousie, la volonté d’être
le centre et le souhait de décider. Bien sûr, il faut une âme torturée, un
esprit tourmenté pour en arriver à de telles extrémités. Ce qui est
impressionnant, c’est l’impuissance des adultes qui connaissent le côté noir de
Lalie, face à ceux qui n’y croient pas (ou qui refusent, même une fraction de
seconde, de penser à de telles éventualités).
Je crois que c’est là le point fort de ce récit, ce grand
écart entre deux Lalie et l’impossibilité de la stopper. L’autrice s’est
attaquée à un sujet difficile. Il fallait qu’elle dose son histoire, qu’elle n’en
fasse pas trop, que ce soit presque, je dis bien presque, vraisemblable.
Trouver un équilibre, maintenir le lecteur dans l’angoisse, ne pas grossir le
trait…. Vaste travail.
Avec son écriture au cordeau, les différents points de vue
des protagonistes et cette plongée en apnée dans la tête de Lalie, Magali
Collet a réussi son pari. J’avoue que les passages, où Lalie s’exprime à la première
personne sont flippants, on n’a pas envie de « l’entendre », de « l’écouter »,
on voudrait la faire taire. Cela met des frissons, on est en colère, on ne peut
pas agir, brr…. Et ça c’est bon signe, cela signifie que l’auteur a su nous
captiver !
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