L’assassin est à la plage
Auteur : Arlette Aguillon
Éditions : L’Archipel (18 Juin 2014)
ISBN : 9782809814774
350 pages
Quatrième de couverture
Engagé par Le Réveil, l’hebdo local dont Madeleine, 80 ans,
est propriétaire, Maxime, 26 ans, est chargé avec Jasmine, 14 ans, photographe,
de rédiger l’article sur un pendu mystérieux trouvé sur un rond-point de la
charmante station balnéaire. En une semaine, trois autres cadavres sont
découverts dans 3 autres ronds-points. Maxime entreprend alors une enquête peu
orthodoxe, qui va le conduire à l’assassin. Passé en deux mois du statut de SDF
à celui de héros national, ce gentil garçon est devenu la coqueluche de ces
dames. Mais il se retrouve avec deux amoureuses problématiques sur les bras.
L’une a 14 ans et l’autre 80. Que faire ? Pourquoi ne pas prendre la route avec
l’ami Manu et son camion pizza ?
Mon avis
L’écriture, c’est de l’image et de l’émotion en conserve
: tu ouvres la boîte et le parfum intact te saute à la figure.*
Ne me demandez pas pourquoi, je ne sais pas… Mais lorsque je
serai en retraite, j’ai bien envie de commencer une collection de photos de
ronds-points …
Certains sont très originaux et racontent presque une
histoire…
Mais, maintenant que j’ai lu le roman d’Arlette Aguillon, je
me demande si je ne vais pas changer mon fusil (ou plutôt mon Canon (excusez le
mauvais jeu de mots)) d’épaule.
Bref, tout est histoire de regards, finalement…. Si je
photographie de loin, je ne m’expose pas à de mauvaises surprises…
Désopilant et décapant, ce roman est une véritable bouffée
d’oxygène. C’est un savoureux cocktail d’enquête policière et de description
d’un coin du Sud habité de personnages truculents, se trouvant dans des
situations multiples, plus ou moins cocasses, mais toutes retranscrites avec un
langage qui sent bon la vie et un à propos de bon aloi. Car avouons-le, on rit,
on jubile au contact de Maxime qui raconte (en italiques dans le texte) en
commençant par la page deux (les romans, c’est comme les chroniques de livres,
le plus difficile, c’est le début). Donc, on suit les réflexions et l’intrigue
vues par le jeune journaliste et en parallèle, on lit également le récit, plus
conventionnel d’un narrateur extérieur. L’alternance des deux est un régal à
consommer sans modération.
Les protagonistes sont surprenants et restent tout à fait
crédibles, ce qui est le fait d’un enchainement des scènes et des rôles de
chacun tout à fait justifiés. Et pourtant, vu de l’extérieur, ce n’est pas si
simple. Maxime, jeune chômeur, lettré (les références littéraires sont
nombreuses et bien amenées) qui aimerait être embauché au journal « Le Réveil
», pourrait donner l’impression d’être le plus facile à « camper ». Mais que
dire de Madeleine, cette femme âgée, fortunée, qui a le sens de la répartie et
ce cette très jeune Jasmine, surdouée dans un corps de bébé ? Laquelle des deux
va faire son « quatre heures » de Maxime ? Et puis, est-ce bien raisonnable ?
C’est là que tout l’art de l’auteur se fera sentir. Elle décortique à travers
des regards croisés les relations de Maxime avec ces deux femmes (bien que
Jasmine n’en soit pas totalement une) et tout cela est intéressant et réel,
bien analysé (sans excès de psychologie ouf, Freud n’a pas débarqué…)
Ceux qui sont en second plan n’en sont pas moins captivants
et ne sont pas aussi « lisses » qu’il y paraît. C’est avec bonheur que le
lecteur découvrir quelques secrets d’alcôve….plus ou moins nets….
« Pour conserver
sa saveur, un secret crapuleux doit se distiller de bouche à oreille, goutte à
goutte, comme une essence aromatique. »
Je pense qu’Arlette Aguillon a dû avoir beaucoup de plaisir
à écrire ce roman décoiffant. Il est bien sûr classé en collection « suspense »
chez Archipel mais il mérite une mention spéciale pour le bon moment qu’il fait
passer au lecteur.
* page 43
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