"Les mots nus" de Rouda

 

Les mots nus
Auteur : Rouda
Éditions : Liana Levi (5 Janvier 2023)
ISBN : 9791034907069
162 pages

Quatrième de couverture

Entre Belleville et la Brousse, Ben cherche sa place. Il traverse les années 90, les bouleversements du monde et les luttes sociales qui secouent le pays.

Mon avis

Rouda est né en 1976, à Montrieul. Chanteur, slameur, auteur-compositeur-interprète et poète français, « Les mots nus » est son premier roman. Et ce titre est très bien choisi. Cet homme a tout compris du « pouvoir des mots ». Ceux qui bercent, ceux qui détruisent, ceux qui crient la révolte, ceux qui parlent d’amour ou d’amitié, ceux qui blessent, ceux qui « poétisent » …. C’est tellement fort un mot….ça peut tout bouleverser sur son passage. Rouda les aime, leur permet de donner le meilleur d’eux-mêmes, il les chuchote, les hurle, les « slame » pour le plus grand bonheur du lecteur.

Dans les premières pages, une bande son pour accompagner la lecture.

Au début du récit, 1990, Ben a quatorze ans. Il vit en banlieue, va au collège. Ce n’est pas toujours aisé mais il s’accommode de sa vie et de ses parents. Chez lui, on parle peu, ni des autres, ni d’eux, ni de ce qui rend tristes.

« C’est juste que mon père n’a pas assez de mots. Et que ma mère ne sait pas dans quelle langue il faut lui parler. »

Pour passer le bac, il va dans un établissement sur Paris, ça permet de s’inventer une autre vie, de faire comme si, de rêver, de profiter d’un quotidien différent. Et puis, c’est la faculté, les rencontres, les influences pas toujours bonnes, il faut bien que jeunesse se passe…. Et un jour, Oriane, une fille exceptionnelle, qui illumine par sa présence et c’est la découverte de l’amour. Elle est raisonnable, elle apaise Ben, elle le comprend mais pour combien de temps …

« On ne peut pas changer le monde, Ben, mais il faut tout faire pour qu’il ne nous change pas. »

Ben sait bien que « La violence qui fait du bien n’est pas une manière d’être. » Pourtant certaines situations le révoltent. Alors pour calmer ses colères, il absorbe les mots, il lit, il prend des notes, il découvre ceux qui ont lutté avant lui. Il se sent solidaire des chômeurs, de ceux qui sont malmenés, incompris, oubliés…. Alors, comme les curés prennent l’habit, il épouse la cause des laissés pour compte. Il se battra avec ses failles, avec ses forces, avec ses armes, avec ses mots….

Ben, tu as raison d’y croire, mais ce ne sera pas facile, et peut-être que tout ça ne servira à rien mais tu l’auras fait, c’est ça ? Tu auras essayé ? Tu as besoin d’aller jusqu’au bout, de ne rien lâcher, pour être toi …

Ben n’était pas destiné à se trouver en première ligne des combats, mais c’est ainsi, c’est parfois violent la vie, ça fait mal, ça fait peur, et puis on se relève et on continue. Ben ne peut pas envisager d’abandonner alors jusqu’au bout …il porte l’étendard de la révolte….

Ben, c’est vous, c’est moi, c’est eux, c’est tous ceux qui, un jour, se sont levés, même une seule fois, pour dire stop !

Ce roman est bouleversant par la place qu’il donne aux mots. C’est une vague, un murmure, un cri, un tsunami. J’ai aimé les textes, en italiques, semés ça et là, ils rythment l’histoire, lui donnent une autre dimension. Parfois, les phrases elles-mêmes semblent être du slam et on a envie d’entendre l’auteur nous les dire. Qui sait ? Peut-être certaines d’entre elles deviendront une mélodie le temps d’un slam ?

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