"Peace and Death" de Patrick Cargnelutti

 

Peace and Death
Auteur : Patrick Cargnelutti
Éditions: Jigal (7 Septembre 2017)
ISBN: 978-2-37722-015-1
344 pages

Quatrième de couverture

Y a-t-il eu un meurtre à la résidence pour personnes âgées Les Lilas ? C’est la première question que se pose la lieutenant Céleste Alvarez en se rendant sur les lieux aux aurores. Odette gît, fracassée, au bas d’un escalier auquel elle n’aurait jamais dû avoir accès. Comment a-t-elle pu arriver là en pleine nuit ? L’enquête s’annonce complexe et les témoignages plutôt flous : le personnel est surchargé de travail, quant aux autres pensionnaires, ils semblent tous un peu perdus...

Mon avis

Les histoires d’amour….

Elle a connu les années « Peace and Love » aux Etats-Unis, Colette…  Elle a vécu l’amour fou qui ne s’embarrasse pas de questions, qui profite de chaque instant, qui vit à fond « ici et maintenant »….Mais aujourd’hui, c’est une vieille femme qui  est installée dans une résidence de personnes âgées où elle occupe une chambre depuis qu’elle a eu un AVC. Les journées sont longues pour elle, alors, allongée sur son lit, ou assise dans son fauteuil, elle se souvient…. L’esprit vif, acéré, elle n’a rien oublié et nous voilà plongé à ses côtés dans un Ranch du Nevada où ses parents l’ont envoyée, puis dans les rues de Los Angeles, sur les routes menant au Canada…..

Mais voilà qu’Odette, sa voisine de chambre a disparu, elle est tombée dans les escaliers et elle est morte…. Pourtant les « pensionnaires » ne vont jamais dans ce coin de la maison…. Mais bon, c’est bien connu, parfois « ces petits vieux » perdent la tête et font n’importe quoi….

La lieutenant Céline Alvarez est dépêchée sur les lieux. Enquête de routine, une chute malencontreuse dans un coin peu éclairé… Oui, mais une porte, fermée à clés, menait en haut des marches et la mamie qui s’est rompue le cou, n’avait pas de trousseau dans sa poche….

Céline, c’est une femme, alors forcément, elle « sent les choses », a des intuitions, les couleurs lui parlent et là, dans cette demeure accueillant ces personnes en fin de vie, elle pense de « source sûre » qu’il faut creuser, que des éléments lui échappent, qu’elle n’a pas tout vu, ni entendu…..  Au grand dam de son chef et de son collègue Manu, entêtée, comme seules les femmes savent l’être, elle creuse, elle fouille, flirtant allègrement avec l’illégalité…. De plus, Colette l’intrigue et elle aimerait bien en savoir plus sur son passé, elle sembla douée pour cacher des choses, devenir transparente et se taire quand elle l’a décidé….

J’ai lu ce roman d’une traite et j’ai beaucoup aimé me promener d’une époque à une autre. En 1967, l’auteur a intégré dans son récit des éléments historiques comme la guerre du Viet Nam… On sent que les conflits entre les hommes ont provoqué des dommages collatéraux, et qu’au nom d’un idéal, certains étaient prêts à tout, on devine aussi qu’au nom de la liberté, certains jouaient les Robin des Bois …. En 2017, Céline est une femme actuelle, elle mange des kebabs, des pizzas, ne se préoccupe pas (trop) de son surpoids mais elle ne lâche rien côté boulot…. Le quotidien dans la maison de retraite est bien décrit avec ses travers, ses interventions minutées, ses employés plus ou moins disponibles, attentifs…. Là, on se rend bien compte que les « anciens » n’attendent plus rien …..

Patrick Cargnelutti émaille son récit de références musicales, littéraires, cinématographiques,  artistiques (peinture) ….Elles sont glissées et intégrées dans le contexte et il cite Eluard « MON » poète….. Savoir ce qu’écoute un personnage, ce que lit un autre, les rend plus humains, et cela apporte un plus à la lecture.

Me plonger dans l’histoire d’amour de Colette m’a fait rêver. C’est un amour fort, fou, qui renverse tout sur son passage, qui se nourrit de lui-même, où rien n’existe que le couple…. Et puis quelques pages plus loin, on retombe dans un rythme plus lent, à petits pas, au ralenti avec les anciens…. L’ambivalence entre le jeune couple souriant qui brûle la vie par les deux bouts, à la James Dean,  et ses papis et mamies qui sont aux portes de la mort est une grande force du texte et cela nous ramène à notre condition de mortels……

Un excellent premier roman et un auteur à suivre !

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