Cuba Spleen
Auteur : William Navarette
Éditions : Emmanuelle Collas (5 Mai 2023)
ISBN : 978-2490155705
194 pages
Quatrième de couverture
William Navarrete, comme tous les Cubains, aurait pu vivre
dans l’un des lieux les plus beaux de la planète. Pourtant, son enfance et son
adolescence ont été marquées par le pouvoir omniprésent d’un seul homme, Fidel
Castro. À partir de cette expérience intime, William Navarrete tire une analyse
de la dictature cubaine. Alliant la verve du conteur à la virulence du
critique, il nous livre avec Cuba Spleen un récit fort, attachant et plein
d’une ironie tragique, qui nous incite à nous interroger sur la menace que
représente aujourd’hui la montée des régimes totalitaires.
Mon avis
Écrivain, journaliste et traducteur, William Navarette est
né à Cuba en 1968. Son enfance et son adolescence ont été marquées par la
dictature avant qu’il puisse fuir (à 23 ans) et s’installer en France (il a été
naturalisé français). Il milite dans des associations en lien avec les droits humains.
Dans ce livre, il pointe du doigt les dérives du pays qu’il a quitté, la
complaisance des autres états, il partage son expérience et s’interroge sur l’avenir
qui paraît bien sombre dans cette « prison à ciel ouvert ». Il est
très conscient de la « chance » qu’il a de vivre en France et de
pouvoir voyager et il témoigne de cette liberté si chère à son cœur.
« Nous étions comme lobotomisés », lorsqu’une
dictature s’installe et qu’on n’a connu que ça, c’est presque comme si c’était « la
normalité » donc on accepte, on a peur, mais on ne peut pas lutter… Par
exemple, chez les plus jeunes, les élèves admirent souvent leurs enseignants
alors dans ce cas-làces derniers en profitent pour passer des messages, pour
endoctriner. Soit les parents pensent la même chose, soit ils essaient de lutter
et d’ouvrir les yeux de leurs enfants. Mais rien n’est simple, le joug pèse
comme une chape de plomb…
William Navarette, dont la famille maternelle était en exil,
faisait partie des « gusanos » (les vermines pour le gouvernement).
Comment s’intégrer, trouver sa place quand vous êtes rejeté ? Il nous
explique que Fidel Castro n’a pas été le premier dictateur, ce fonctionnement
avait déjà été présent en 1924 et il y avait eu une révolution. Ceux qui s’opposaient
choisissaient l’exil (je ne savais pas que Robert Desnos avait aidé un écrivain
à fuir) mais difficile de tout laisser derrière soi.
J’ai beaucoup appris en lisant ce récit édifiant. Je ne
savais pas que l’Église catholique et le gouvernement américain avaient
accueilli des petits cubains et que les parents n’avaient pas pu forcément les
retrouver, c’est révoltant ! L’auteur explique comment la propagande est
utilisée pour tromper les habitants, édulcorer la réalité et travestir les
faits. S’il n’y a qu’une source d’information, impossible de comparer…
William Navarette ne peut pas retourner à Cuba, ce serait se
mettre en danger. Certains de ses compatriotes, restés sur place, se taisent
car ils craignent pour leur famille. Ils sont surveillés, le moindre acte, le
plus petit mot peuvent être interprétés …. Il le dit, lui il peut écrire,
parler, sa mère vit en Floride et il n’a plus de proches là-bas.
Son écriture, très humaine, nous plonge dans le quotidien,
dans le passé, on sent qu’il n’a rien laissé au hasard. D’autre part, les
remerciements, en fin d’ouvrage, montrent la place de sa Maman, qui lui a
ouvert les yeux, qui a éveillé son militantisme. Elle ne lui cachait
rien et lui a présenté les événements avec intelligence.
Cette lecture m’a bouleversée, elle met des mots sur l’indicible, l’inacceptable et nous rappelle, si besoin est, les risques d’installer un dictateur à la tête d’un pays….
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