"L’enquêteur agonisant" de Leif G.W. Persson (Der döende detektiven)

 

L’enquêteur agonisant (Der döende detektiven)
Auteur : 
Traduit du suédois par Esther Sermage
Éditions : Rivages (7 Juin 2023)
ISBN : 978-2743660383
450 pages

Quatrième de couverture

Rusé et perspicace, Lars Martin Johansson est une légende vivante. Aujourd’hui, il vit à la campagne et profite de sa retraite. Sauf que … Après avoir subi une attaque cérébrale, il se retrouve à reprendre du service et mener l’enquête de son lit d’hôpital.

Mon avis

Leif GW Persson est un criminologiste et profiler renommé. Dans ses romans, il analyse la société et observe les méthodes de la police suédoise.

Lars Martin Johansson, personnage récurrent dont je viens de faire connaissance, a été un excellent policier, un homme qui « voyait dans les coins ». Une intelligence vive, capable d’observations et de déductions fines pour résoudre des affaires difficiles. Mais lorsque l’âge est là, il faut savoir céder sa place et s’arrêter. C’est ce qu’il a fait. Il vit maintenant à la campagne, avec sa femme (plus jeune de vingt ans et donc encore en activité), il est en surpoids, parce qu’il aime bien manger et boire, profiter de la vie….

Et soudain, le trou noir, une attaque cérébrale. Lorsqu’il revient à lui, à l’hôpital, il a le côté droit paralysé. La jambe répond un peu mais pas le bras. Ses pensées sont parfois confuses (on s’en rend compte avec quelques remarques qu’il fait, écrites en italiques). Il est fatigué, diminué et pour un homme de sa trempe, cela ne lui convient pas du tout. La spécialiste qui le suit, explique qu’il va falloir changer les habitudes alimentaires, faire du sport, avoir une vie saine pour aller mieux. Renoncer à la bière, aux saucisses bien grasses, à la sauce, etc. C’est très dur pour Lars, il a l’impression d’être puni et surveillé en permanence. Est-il prêt à tous ces sacrifices ?

Heureusement, un dérivatif arrive à point nommé. La doctoresse lui parle d’un cold case : une fillette assassinée dont le meurtrier n’a jamais été arrêté. Il aura bientôt prescription mais c’est peut-être l’occasion pour Lars de s’occuper, comme ça en dilettante, à son rythme. Ce ne sera pas une enquête officielle puisqu’il n’est plus en service mais c’est un défi intéressant à relever et il se « prend au jeu ».

Que ce soit hospitalisé ou de retour chez lui, il se lance dans des investigations. Faisant appel à ses anciens collègues, il récupère des documents, réfléchit, déduit. Son esprit troublé par ses problèmes de santé ne réagit pas forcément assez rapidement. Il s’invective, fait de l’ironie sur son état physique et mental, se moque de lui-même et de sa faiblesse. Mais il ne baisse pas les bras, il veut coincer le tueur et ne lâche rien.

Chez lui, deux aides sont là pour le quotidien une jeune femme, et un « employé » de son frère. C’est provisoire, le temps qu’il se rétablisse. Mais ces deux personnes ne vont pas se contenter de faire garde-malade et c’est génial. Elles ont des caractères intéressants, des attitudes qui font mouche auprès de notre enquêteur pas si agonisant que ça.

Ce récit, sans crime « en direct », sans sang (ou si peu, juste un nez qui saigne), sans violence, se déroule dans une atmosphère qui m’a carrément conquise. Leif G.W. Persson mène son intrigue de main de maître, son histoire avance pas à pas, tout se tient et c’est vraiment très bien pensé. Je ne connaissais pas cet auteur mais je vais me pencher sérieusement sur ce qui a déjà été publié.

L’écriture (merci à la traductrice) et le style m’ont régalée. J’ai aimé les petites phrases à l’humour mordant, les relations que Lars entretient avec sa femme, son frère, ses aides, ses ex-collègues. Il a une façon de s’exprimer (les dialogues sont bien présents), l’air de rien, comme s’il était un peu « détaché » mais en réalité, il obtient ce qu’il veut. C’est un filou dans le bon sens du terme et franchement c’est un personnage comme je les aime !

Cette lecture a été un pur plaisir du début à la fin !

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