Les entrailles de la nuit
Auteur : Marco Pianelli
Éditions : Plon (14 mars 2024)
ISBN : 9782259315814
290 pages
Quatrième de couverture
Lucie, huit ans et demi, vient d’être enlevée. Grâce à sa
montre connectée, elle a pu donner l’alerte et le compte à rebours est lancé :
dans vingt-quatre heures, les chances de la retrouver vivante seront moins
qu’infimes… Le major Victor Tchaïev est dépêché sur place. Coriace et rugueux,
il est spécialisé dans la résolution des crimes les plus complexes. Or, dans ce
cas précis, il ne s’agit pas de confondre un criminel, mais de sauver une vie.
Et plus l’enquête progresse, plus la vérité devient mirage. Car celui qui joue
avec le sablier possède toujours un coup d’avance. Tchaïev va devoir affronter
un maître dans l’art de manipuler les faits, les êtres et les esprits. S’il
n’est pas déjà trop tard, comment arracher cette petite aux entrailles de la
nuit ?
Mon avis
PRIX DU ROMAN DE
LA GENDARMERIE NATIONALE 2024
En apnée, le souffle court, le cœur à cent à l’heure…. Dès
les premières pages, j’ai été happée, presqu’incapable de poser ma lecture. Ce
n’était pas envisageable. L’enquêteur l’avait dit : vingt-quatre heures
pour retrouver la fillette, après c’est le plus souvent un échec.
Avec son écriture dynamique, puissante, avec ses puch lines,
son style vif et un rythme rapide, l’auteur m’a pris dans ses rets. J’aime sa
façon d’écrire, toujours en mouvement, sans temps mort.
Lucie, huit ans et demi a disparu, probablement enlevée. Par
qui et pourquoi ? Elle a activé sa montre connectée et a ainsi alerté ses
parents. La gendarmerie est prévenue et le major Victor Tchaïev est envoyé sur
place, sur ordre du ministre qui connaît très bien la famille inquiète. On ne
tarit pas d’éloges sur Victor qui a choisi de rester sur le terrain alors qu’il
pourrait faire autre chose.
Lui, il a besoin de se confronter aux situations délicates,
de chercher, de sentir l’adrénaline qui l’aide quand il est en danger. Derrière
un bureau, ce n’est pas pareil, ça ne lui correspond pas, je suis sûre qu’il
serait malheureux. Arrivé sur place, il collabore avec l’équipe de gendarmerie
où tous les membres se mettent pratiquement à son service, prêts à l’aider, à
le soutenir (ne serait-ce qu’en fournissant du café chaud), à lui expliquer la
vie ici loin de la capitale, à l’accompagner dans sa réflexion et ses
investigations.
En plus de toutes ces personnes motivées et à disposition,
il a Pénélope dans l’ombre. Bras droit efficace, capable d’anticiper, de
« sentir » ce que veut le major, une geek rapide, dégourdie,
intuitive, une femme quoi ! Ce qui fait toute la différence, n’est-ce
pas ? Ces deux-là communiquent à demi-mots, savent toujours où ils veulent
aller et ce qu’il faut obtenir pour avancer.
La course contre la montre est engagée, Victor ne veut pas
perdre. La caféine le maintiendra éveillé, sa volonté d’en découdre, de coincer
le saligaud qui a fait ça, fera le reste. Victor c’est un homme brut de
décoffrage, qui ne tergiverse pas, qui veut des résultats. Bougon mais
attachant. Il exige de lui-même le maximum et les collègues doivent le suivre.
Quand il s’exprime, on l’écoute, on agit et vite. C’est tout. Ses raisonnements
sont « pointus » parce que son cerveau « scanne » ce qu’il
voit, ce qu’il entend, ce qu’il a analysé.
Dans chaque ligne, on sent l’urgence dans le phrasé. Les
dialogues sont précis, ciblés, parfois teintés d’humour (et là d’un coup, on
reprend sa respiration).
« -Je ne suis pas vraiment une anguille, major,
plutôt un phacochère, faudrait pas que je reste coincé dans un terrier.
-Au moins, ça bouchera une sortie. »
Les scènes sont décrites avec des mots qui font mouche. On y
est, on ressent l’atmosphère, on voit les lieux, on sent les odeurs qui
envahissent les narines de Victor. Presque de la réalité virtuelle sans le
casque, rien qu’en lisant, ça c’est fort !
« Sa superbe venait de faire faillite, le front
offert à la sudation et la jambe droite remuant de manière épileptique,
hurlaient le langage de la trouille. »
Marco Pianelli prend ses lecteurs en otage. Il sait bien
qu’on ne lâchera pas le récit, qu’on voudra savoir, qu’on tremblera, que
parfois un sourire pointera mais pas longtemps car l’angoisse, la peur, reprendront
le dessus. On est comme Victor, on essaie de recouper les informations, de
trouver un indice, et on est malheureux de ne pas y arriver.
C’est un roman qui a largement mérité le prix qu’il a reçu. L’intrigue est originale, réfléchie et elle met en avant plusieurs aspects du mensonge. Les personnages sont hauts en couleurs, « palpables »avec des caractères bien définis. Le contexte du kidnapping d’un enfant nous prend aux tripes et on aimerait intervenir. Voilà pour le fond. Quant à la forme…c’est une réussite, des chapitres courts, des phrases qui s’enchaînent et qui percutent et un Victor que je reverrai volontiers dans un prochain titre !
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