Mauvais cœur
Auteur : Audrey Brière
Éditions : Seuil (7 Février 2025)
ISBN : 978-2021552348
384 pages
Quatrième de couverture
1922. Dans un petit bourg du nord de la France se dresse le
Familistère, un immense bâtiment de brique rouge, de verre et d'acier, où sont
logés les employés des fonderies Godin et leurs familles. Une communauté
ouvrière unique, fondée sur une utopie humaniste. Pourtant, ce matin-là, leur
institutrice est retrouvée assassinée. Dépêché sur les lieux, l'imperturbable
Matthias Lavau, enquêteur aux capacités remarquables, ne peut s'empêcher d'être
étonné. Quel étrange endroit, quelle drôle de façon de vivre...
Mon avis
Familistère, ça vous dit quelque chose ? Moi, non, ou
alors je ne me souvenais pas. Il a été fermé en 1968 et c’est maintenant un
musée. Jean-Baptiste Godin (des poêles Godin) a pensé, créé et construit « une
utopie réalisée » dans les années 1860 et suivantes. C’est un lieu de vie
où les ouvriers ont accès à des logements, une piscine, des économats pour les
achats, une buanderie, un pouponnat, une école etc… Le tout est bien géré, mais
forcément ça se passe en vase clos. Si l’usine se développe, il n’y a pas assez
d’appartements alors des jalousies peuvent voir le jour entre ceux d’en haut et
ceux d’en bas (les ouvriers qui n’ont pas accès au familistère et à ses
services).
C’est là, en 1922, qu’Audrey Brière situe son nouveau roman.
Elle s’est énormément documentée pour que son récit tienne la route. Le côté
historique est parfait pour la description et l’utilisation des locaux, le quotidien
de l’époque, le vocabulaire employé, les vêtements (Esther qui ose mettre un
pantalon !), les méthodes d’investigation des enquêteurs, les progrès
scientifiques etc.
Dans ce familistère où en apparence, tout se déroule
toujours bien, une institutrice est assassinée. Diligenté sur place, c’est l’inspecteur
principal, Matthias Lavau, qui va essayer de comprendre et d’empêcher que la situation
dégénère. C’est un homme grand, taciturne, pas très à l’aise avec les autres,
avec une mémoire exceptionnelle, un sens de l’observation aigu mais il a peur
du sang… On ne peut pas être parfait…. Il donne tout pour réussir.
Dans cette communauté, les inimités ne sont pas visibles. Il
faut montrer un front uni et lisse mais on s’aperçoit que certains individus ne
sont pas « nets » et cachent certaines choses. Mais comment les « coincer » ?
Il faudra beaucoup de ténacité à cet homme et l’aide d’Esther
Louve, une collègue, pour avancer pas à pas et tout faire pour résoudre cette
affaire. Quelques éléments du passé sont habilement glissés au bon moment soit
pour éclairer un fait, soit pour fournir une nouvelle piste.
L’écriture de l’auteur est « racée », de belle qualité.
Le phrasé nous plonge dans l’intrigue, crée une atmosphère légèrement surannée.
Les personnages sont intéressants. Si on connaît Matthias et Esther depuis le
livre « Les malvenus », on découvre leur évolution, si non, ça ne
pose aucun problème. J’apprécie que ces deux-là soient maladroits dans leur
relation à l’autre. Leur enfance a été suffisamment ardue pour expliquer leurs difficultés.
On les observe. Ils sont parfois un peu brusques, parfois perdus car ils
voudraient et n’osent pas … Mais cela ne
les empêche pas d’être terriblement professionnels, avec des interprétations
très pointues. Ils se complètent à merveille.
Cette lecture m’a beaucoup plu. Un mini bémol pour un élément de la fin, pas totalement indispensable à mon sens, mais qui ne m’a pas gênée plus que ça, tant le reste tient la route. Pour moi, Audrey Brière est montée en puissance !
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