"La vertigineuse évasion" de Laurent Lecrest

 

La vertigineuse évasion
Auteur : Laurent Lecrest
Éditions : Globophile (6 Novembre 2023)
ISBN : 979-1094423189
210 pages

Quatrième de couverture

Lou a l’énergie d’une centrale nucléaire, l’agilité d’un bouquetin, l’intelligence d’Einstein… « La modestie d’un aigle royal, les chevilles d’un hippopotame… » me coupe maman. OK, j’ai compris le message. Je vais être brève. Ce livre raconte mon enlèvement par 2 bandits en cavale. Et tout ce que je peux vous dire c’est que lorsque j’en ai terminé avec eux, ils étaient au bout de leur vie.

Mon avis

Lou est une adolescente qui aime bien écrire. Elle décide de raconter ses vacances dans un livre. Ses parents, estimant qu’ils ont un droit de regard, font des commentaires lorsqu’ils ne sont pas d’accord par exemple ou pour compléter ce qu’elle a présenté.

En congés, les voilà tous les trois en montagne, dans les Dolomites pour faire de la randonnée et de l’escalade avec nuits en refuge. Lou râle parfois, il faut tenir le rythme. De temps en temps, elle trouve ses parents un peu lents et se moquent gentiment d’eux.

Malgré un réseau téléphonique parfois faible, elle reste en contact avec ses copains, copines. Instagram ou autre, elle communique et se tient au courant de tout !

Très observatrice, un soir, dans un gîte, elle remarque deux hommes qui se tiennent un peu en retrait et dont l’attitude l’interpelle Le lendemain, ils ne sont plus là mais la police les recherche ! La jeune collégienne est enchantée, elle aura des choses à partager avec sa bande d’amis !

Enfin un peu de piment dans son quotidien ! Mais elle n’imagine pas, à cet instant, qu’elle va croiser à nouveau ces malfrats et qu’elle ne maîtrisera pas la situation. Cette rencontre l’entraînera dans une aventure vertigineuse.

J’ai trouvé ce roman très plaisant à lire. Il est parfaitement adapté pour un public de bons lecteurs, à partir de 8 / 9 ans jusqu’à 13 /14 ans. Lou est attachante, drôle, plus vraie que nature. L’écriture, le style, les réflexions sont en phase avec son âge. L’auteur a bien su se mettre à la portée de ceux à qui il destine cette publication. Il a soigneusement dosé le suspense, n’a pas multiplié les personnages, ni les lieux. Le décor montagnard est beau, les soirées en refuge décrites avec réalisme. Les pointes d’humour mettent le sourire aux lèvres.

Laurent Lecrest a rédigé un récit intéressant, abouti, bien construit. Cette histoire plaira autant aux filles qu’aux garçons ! C’est bien réussi !

"Elles" de Saskia Jacquemin

 

Elles
Auteur : Saskia Jacquemin
Éditions : 5 Sens (15 octobre 2025)
ISBN : ‎ 978-2889498390
266 pages

Quatrième de couverture

Lorsque Elia se retrouve plantée devant ce supermarché, les pieds trempés et le cœur en éclats, elle réalise à quel point son monde vient de s’écrouler. Pas loin, une autre femme est en fuite, entraînant dans sa course une petite fille. Une grand-mère réunira ces destins que rien n’aurait dû faire se rencontrer. « Elles », c’est l’histoire de quatre femmes de générations différentes aux destins entremêlés. Elles pourraient être vos sœurs, vos filles, vos mères. Agnès, Elia, Sinaï et Nina ont le point commun de n’avoir pas été épargnées par la vie mais d’avoir su coaguler rapidement des blessures imposées.

Mon avis

Elia, Sinaï, Agnès, trois femmes. Elles n’avaient aucune raison de se croiser, de se parler et puis, la magie de la vie les a fait se rencontrer.

« Il se disait souvent que ces deux femmes devaient être l’une pour l’autre, des rencontres de vie, celles qu’on explique difficilement et qu’on n’oublie jamais. »

Dans les chapitres avec l’en-tête de leur prénom, elles s’expriment, parlent de leur quotidien, de leurs espoirs, de leurs déceptions, de leurs peurs, de leurs joies …. De temps à autre, on peut lire le journal de Nina, beaucoup plus jeune. On « accompagne » ces personnes sur plusieurs années, au cœur de leur vie, dans leur intimité.

« Ces femmes n’étaient pas censées se rencontrer et pourtant, leurs destins s’étaient emmêlés les uns aux autres, laissant naître des racines qui devenaient profondes. »

Certains disent qu’une femme s’accomplit dans la maternité, lorsqu’elle devient mère. Mais on peut être mère ou père, sans porter l’enfant au creux de son ventre. On peut également être heureux-se sans être parents. L’essentiel, c’est de se sentir bien dans ses choix, dans ce qu’on souhaite au plus profond de soi sans laisser peser les influences extérieures.

Ce sont de magnifiques portraits que nous offre Saskia Jacquemin. Elle décrit celles qu’elle présente avec retenue, délicatesse, sans les juger, sans trop de pathos. Il y a les coups du sort, ce qu’on ne maîtrise pas et qui peine ou détruit, et il y a parfois un regard échangé, un mot ou un geste qui aident à avancer, à se relever, à croire encore en l’avenir.

C’est tout cela et bien plus encore qu’on découvre dans ce roman intimiste. Elles ont toutes une blessure morale et le besoin de ne pas s’appesantir sur elles-mêmes. Résilientes avant tout, elles se battent avec leurs moyens, et se rendent rapidement compte que lorsqu’on donne un peu de soi, on reçoit beaucoup plus.

J’ai trouvé cette lecture émouvante, emplie d’émotion. Bien sûr, j’ai parfois pensé que « c’était encore vraiment pas de chance » pour certains protagonistes mais il arrive que, dans la réalité, ce soit ainsi. Alors, le fait que tout soit condensé permet d’aborder plusieurs thèmes dans un seul récit, différentes situations que l’on pourrait connaître et face auxquelles on devrait réagir. On peut d’ailleurs se demander ce qu’on ferait si on était confronté aux événements évoqués. Et c’est là qu’en lisant, j’ai réalisé que, face à une situation, chacun réagit avec ce qu’il est, ce qu’il a vécu. On n’a pas tous le même recul par rapport à un fait grave en fonction de notre passé, des gens qu’on côtoie, de ce qu’on veut pour le futur.

Le style est fluide, les ressentis sont exprimés avec pudeur, finesse, sans en rajouter. On passe assez vite d’un personnage à l’autre, tout en comprenant aisément ce qui va les relier petit à petit.

J’ai trouvé ce livre bien écrit et plaisant à lire, même si quelques fois, c’est très triste et que ça m’a fait de la peine…. La couverture est belle !


"Ma voisine face au fleuve" de Frank Andriat

 

Ma voisine face au fleuve
Auteur : Frank Andriat
Éditions au Pluriel (18 Novembre 2025)
ISBN : 978-2492598241
208 pages

Quatrième de couverture

Antoine, professeur de lettres, vit dans un appartement face à un fleuve qui lui apporte sérénité et paix. Il se reconstruit après une rupture qui a fait voler sa vie en éclats. Sybille s’installe dans l’appartement voisin. Ils se découvrent un parcours de vie blessé. Au fil des rencontres bercées par les reflets de la lumière sur l’eau, par la musique baroque et par le vol des troupes de bernaches, un lien se tisse entre les deux voisins que de petits détails du quotidien vont rapprocher.

Mon avis

Antoine est professeur de français, il aime la littérature, la poésie, Christian Bobin, les phrases qui font rêver et les élèves motivés. Il a eu un parcours de vie peu aisé et pensait avoir trouvé un équilibre avec Amélie. Mais elle l’a quitté il y a trois ans. Il est seul dans un appartement qui donne sur le fleuve. C’est une vue apaisante pour lui, avec les reflets qui ne sont jamais les mêmes. Au collège, sa collègue Mathilde est son amie et il sait qu’il peut compter sur elle, lui parler, se confier.

Sybille vient de quitter Merlin, un compagnon toxique. Mais comme c’est elle qui a fui le domicile conjugal, son conjoint a mis ce fait à profit pour récupérer la garde de leur fils Jérôme. Elle ne le verra que les fins de semaine. Installée dans un joli logement, sur le même palier qu’Antoine, elle attend la visite de son fils. Elle réalise très vite que « son ex » n’a rien laissé au hasard. L’enfant est « formaté » par les réflexions de son père qui lui a lavé le cerveau, qui présente les faits en sa faveur. Il cherche à l’éloigner de sa mère, voire à le dégoûter de venir chez elle.

Sybille souffre, elle doit faire face, soupeser ses mots pour ne pas envenimer la situation, ne pas surréagir car Jérôme le dira à son papa, mais que c’est difficile. Il faut préserver le collégien des conflits des adultes et en parallèle, ne pas se laisser faire. Elle est sur la corde raide. Heureusement elle s’épanouit dans sa profession.

Un jour, elle voit son voisin sur le parking de l’immeuble. Il lui propose de l’aide pour porter ses sacs de courses. Tout d’abord très méfiante, elle finit par accepter en se disant que ça n’ira pas plus loin. Et puis, ils se croisent d’autres fois et petit à petit un lien se tisse et la confiance arrive. Ils discutent un peu, échangent …

Les chapitres alternent entre Antoine (qui s’exprime en disant « je ») et Sybille (avec un narrateur extérieur). On découvre leurs points de vue, leurs ressentis, les événements qui jalonnent leur quotidien.

Le style de l’auteur est infiniment poétique, doux, lumineux. Les descriptions du fleuve, par exemple, apportent une note délicate.

« Quelques oiseaux célèbrent l’obscurité qui avance sur la pointe des pieds. Les blancs entre leurs chants installent la nuit, bercée par l’eau infatigable et par les lampadaires qui peignent sur sa surface des éclats mordorés. »

J’ai été charmée par la « musicalité » de l’écriture, par l’atmosphère qui se dégage lorsque la nature ou les relations humaines - paisibles - sont évoquées. Le fleuve a un « rôle » important.
Lire Frank Andriat, c’est prendre le temps de contempler, d’écouter cette petite histoire qui se déroule sous nos yeux.
Je me suis attachée à Sybille, cette femme qui veut protéger son fils et qui a beaucoup subi. Combien sont-elles, dans la vraie vie, à lui ressembler ?  À se battre pour exister librement, sans emprise ?

Ce récit m’a beaucoup plu. Peu importe qu’il y ait d’heureuses coïncidences ou des temporalités un peu rapides. L’essentiel est ailleurs, dans la qualité du phrasé, dans la construction du texte où tout semble parfaitement en symbiose. Les mots de l’auteur parlent à la tête et au cœur et c’est ce que j’aime quand je découvre un livre !


"Trop tard pour mourir" d'Olivier Kourilsky

 

Trop tard pour mourir
Auteur : Olivier Kourilsky
Éditions : Glyphe (28 Août 2025)
ISBN : 978-2352851684
230 pages

Quatrième de couverture

Chirurgien dans un hôpital du Morbihan, David Corbin est confronté à une série d'infections post-opératoires. Il suspecte des actes de malveillance en raison de l'hostilité permanente d'un collègue. Son ami Moussa Ndiaye, anesthésiste dans le même hôpital, essaie d'oublier une affaire criminelle à laquelle il a été malgré lui lié autrefois, mais il est rattrapé par cet épisode glauque. Bientôt s'engage une course contre la montre avec un tueur mystérieux qui élimine un à un tous les intervenants de cette histoire ancienne.

Mon avis

David Corbin, mariée à Marlène, est chirurgien en Bretagne. Il a postulé car il voulait changer de région et il est heureux d’avoir été choisi. Dans l’hôpital où il vient d’être nommé, un collègue le jalouse, persuadé que ce poste lui revenait de droit. Il n’est pas toujours agréable avec Corbin. Ce dernier met son poing dans sa poche, se consacre à sa tâche, avec sérieux, application, faisant le maximum pour tous les malades qui lui sont confiés et essayant de ne pas donner prise à une quelconque remarque désagréable de l’autre docteur.

Il opère toujours avec toutes les précautions nécessaires pour éviter le moindre problème. Pourtant, une nuit, le téléphone sonne chez lui. Un de ses patients est fiévreux et présente une infection. Il se rend sur place au plus vite pour tenter d’endiguer les complications post-opératoires.

Un fait isolé ? Malheureusement non, d’autres cas similaires surviennent et il est aussitôt question de fermer son service. Le médecin est inquiet, et l’envieux jubile… Il va bien falloir trouver une solution et tout cela est bien embêtant. Corbin sait qu’il peut compter sur le soutien de Moussa Ndiaye, anesthésiste avec lequel il collabore régulièrement mais il n’est pas là.

En effet, ce dernier s’absente et part sur Paris. Il est, en quelque sorte, rattrapé par son passé (que nous découvrons avec des retours en arrière dans une autre police de caractères). Jeune étudiant en médecine, l’argent lui manquait … il fallait bien arrondir les fins de mois. Il a eu quelques activités « en dehors des clous ». Mais c’était il y a longtemps, tout cela est derrière lui …  c’est ce qu’il croyait …

Le récit alterne entre le Morbihan et la capitale. On passe aisément d’un lieu à l’autre et pas de mélanges avec les personnages, ils sont bien ciblés. Il y a du rythme et le suspense va crescendo quand on sent, d’un côté comme de l’autre, que les événements graves ne s’arrêteront pas.

Dans ce roman, l’auteur met en avant plusieurs thèmes. Il ne les approfondit pas tous mais le fait de les évoquer montre sa sensibilité. La précarité estudiantine en est un ainsi que le fait que certains emplois liés à l’art ne soient pas assez lucratifs. Et bien sûr, le milieu hospitalier, (qu’il connaît bien puisque c’est son métier), où certains n’ont que leur ambition pour moteur, ayant sans doute oublié l’objectif de base de leur profession …

L’écriture est fluide sans fioriture, les chapitres courts. On va à l’essentiel. J’ai trouvé Moussa très attachant dans sa détresse et je pense qu’il a fait les bons choix. Ce n’est jamais aisé d’être en paix avec son passé …

C’est une lecture fluide, plaisante, pas compliquée mais suffisamment intéressante pour qu’on ait envie de comprendre les raisons d’agir de chacun ainsi que leur mode de fonctionnement.

J’ai passé un bon moment, merci Docteur K !

NB : le montage photo de la couverture me plaît beaucoup !


"Flitop" de David de Thuin

 

Flitop
Auteur : David de Thuin
Éditions : Jarjille (14 Novembre 2025)
ISBN : 978-2493649386
68 pages

Quatrième de couverture

Que faire lorsque vos légumes sont attaqués par toute sorte de bestioles et que votre éthique personnelle vous interdit d'utiliser les moyens qui s'imposent ?

Mon avis

Cette bande dessinée, constituée de trois histoires, met Flitop en scène. Comme les autres personnages, il a un style un peu animal, naïf, avec un tracé tout arrondi et de belles couleurs. Il est confronté à différentes problématiques qu’il essaie de résoudre avec bonhomie et gentillesse. Il le dit lui-même :

« Je vais discuter et on trouvera un arrangement. »

Il est face à des « envahisseurs ». D’abord dans son potager où de jolies petites bêtes se sont installées dans ses légumes. Comment va-t-il manger si tout est squatté et abîmé ?
Puis la maréchaussée veut qu’il coupe un arbre dont les racines débordent un peu sur le trottoir.

Il est bien ennuyé mais reste assez maître de lui et essaie de ne pas s’énerver…. Et puis il rencontre des « envahisseurs » arrivés en soucoupe et qui semblent avoir de bonnes idées …

Les péripéties que subit Flitop sont intéressantes et peuvent donner lieu à des discussions avec le jeune lecteur qui les découvre, en lui demandant comment il aurait réagi face à des situations semblables et en dialoguant sur les thèmes évoqués entre « les lignes » (partage, respect, etc).

Les vignettes ne sont pas toutes de la même taille en fonction de l’importance du contenu. Les dessins sont à la fois simples et suffisamment complets pour qu’on visualise bien le lieu où ça se déroule. Pour les onomatopées, les couleurs sont épurées pour se concentrer sur le son.

Les bulles sont bien remplies d’où l’intérêt de lire avec l’enfant s’il débute pour qu’il garde le plaisir de suivre Flitop et ses compagnons.

Si l’enfant lit seul, il s’attachera au contenu et rira devant les mini conflits, les mines humoristiques, les petits détails amusants. S’il lit avec un adulte, ce dernier découvrira des passages plus « matures » avec des phrases qui résonneront en lui, comme autant de réflexions bien actuelles, qui le feront sourire dans ce contexte.

« Vous n’allez quand même pas brutaliser une femme enceinte ! ? » « Je respecte toute forme de vie. »

Tout cela donne un bel ensemble tant sur le fond que la forme.

J’ai trouvé cet album très réussi avec des aventures divertissantes et bien pensées. Il a un petit côté original qui plaira à beaucoup ! Pour ma part, j’ai vraiment aimé !

"Un martini blanc sans glaçon" d'Angélique Lhérault

 

Un martini blanc sans glaçon
Auteur : Angélique Lhérault
Éditions : Librinova (24 Novembre 2025)
ISBN : 9791040592327
264 pages

Quatrième de couverture

Depuis que Sacha a quitté la France pour s'installer à New York, tout lui sourit. Elle est devenue une autrice à succès, s'est mariée à un brillant éditeur, et a fondé une famille. Mais ces derniers temps, son inspiration galopante s'est tarie. Peut-être est-ce à cause de son mari, qui semble étrangement distant ces derniers temps ? Lors d'une de ces soirées mondaines dont elle a horreur, elle croise la route de Joshua, un musicien qui lui demande d'écrire sa biographie. Ce projet les rapproche dangereusement l'un de l'autre, tandis qu'un fantôme du passé revient hanter la romancière, menaçant de faire éclater au grand jour tous ses secrets...

Mon avis

Sacha est française mais c’est à New-York qu’elle a réussi. Elle est autrice, en couple avec Logan, maman d’une jeune adolescente. Tout lui sourit sauf que depuis quelque temps, elle souffre du syndrome de la page blanche. De plus, son époux lui paraît bizarre. Heureusement, elle a des amies sur qui elle peut compter et qui sont toujours là pour elle.

Elle n’aime pas les galas de charité, les soirées sophistiquées mais de temps en temps, elle est bien obligée d’y aller. Ce soir-là, elle rencontre un chanteur connu qui lui demande de rédiger sa biographie. L’occasion de retrouver le plaisir d’écrire ? C’est ce qu’elle souhaite. Comme en plus, cet homme est intéressant, elle a tout à y gagner. Il est nécessaire qu’ils se rencontrent souvent et un lien se noue ….

Tout pourrait continuer tranquillement sauf que Sacha aperçoit quelqu’un qu’elle ne veut pas voir. Cela la déstabilise complètement. Est-ce bien la personne à laquelle elle pense ? Si oui, pourquoi est-elle ici ? Elle garde tout ça pour elle souhaitant se tromper…. Mais elle a peur d’un effet boomerang … Quand on ne dit pas tout, on prend des risques ….

À partir de là, le récit va rentrer dans une phase plus mystérieuse. Sacha se retrouve face à des coïncidences peu plaisantes et elle n’est pas à l’aise. Elle ne sait plus à qui se confier, d’autant plus que son compagnon est fuyant. Avec sa fille, c’est parfois compliqué, comme souvent avec les ados. Tous ces événements la mettent sous pression.

En commençant ce roman, après avoir vu la couverture et lu le résumé, je m’attendais à une lecture facile pour le train ou la salle d’attente du médecin, une bluette avec un peu de suspense et quelques faits bizarres pour accrocher le lecteur mais un ensemble plutôt léger. Il n’en est rien !

Plusieurs thèmes sont abordés : l’amitié, l’amour, le poids du passé, le mensonge, la manipulation, la perversité, la jalousie…

L’idée de départ est plutôt bonne mais quelques petites choses m’ont dérangée. Quelques invraisemblances que je ne détailler pas pour éviter de dévoiler quoi que ce soit. Les concordances de temps ne sont pas toujours correctes, voire carrément hasardeuses et ça donne un style peu équilibré. Heureusement, les dialogues vifs sont bien construits et apportent du rythme. Certains protagonistes ne sont pas clairs et on peut s’interroger sur le fait que personne ne se rende compte de rien mais bon … .

J’ai malgré tout passé un moment assez plaisant car l’intrigue a été bien pensée, même s’il y a quelques imperfections. Je suis certaine que Angélique Lhérault va se bonifier.


"Frappe chirurgicale" de Sébastien Bouchery

Frappe chirurgicale
Auteur : Sébastien Bouchery
Éditions du Caïman (21 Octobre 2025)
ISBN : 978-2493739285
420 pages

Quatrième de couverture

Paris, 1981. Louis Verneuil, chirurgien à l’hôpital Saint-Antoine et accessoirement, vétéran d’Indochine, n’aspire qu’à une chose : la paix. Misanthrope et solitaire, il fait pourtant l’erreur un soir de céder aux charmes d’une jeune serveuse, elle-même dans le viseur d’un voyou à la solde de la famille Marzi qui a la mainmise sur la capitale. Une série de réactions en chaîne se met en place et Verneuil devient une cible. Une proie sauvage que personne n’aurait dû sortir de sa tanière...

Mon avis

La boxe est évoquée dans ce roman et moi j’ai pris un uppercut littéraire, une claque. Quatre-cent-vingt pages de tension, d’espoir, de ventre noué, de mains moites et de waouh.

1981, Louis Verneuil, chirurgien, vit seul dans un appartement à Paris. Quand il a du temps, il retape une maison en banlieue. Pas n’importe laquelle, il l’a choisie par besoin, sans doute pour guérir une de ses blessures. Parce que l’homme a souffert. Il a connu l’Indochine et a vu et vécu des choses horribles. De cette période, il a gardé une solide amitié avec un camarade, peut-être une des seules personnes avec qui il est resté en contact. Après, d’autres événements graves l’ont marqué mais, en taiseux, il en parle peu. C’est donc un solitaire, bosseur et discret, qui ne recherche pas la compagnie. Ce qu’il veut ?  Qu’on le laisse tranquille !

Un soir, en sortant du boulot, il s’arrête au Saint-Loup pour boire un scotch, ou plusieurs, une façon comme une autre de se délester du fardeau de la journée. Une jeune femme, Nelly, l’aborde, mais il n’a pas envie, ni de parler, ni de l’écouter, encore moins d’un « et plus si affinité »… Et puis, il le voit bien, elle est trop jeune pour lui. Pourtant, ils finissent par se faire du bien mais il est très clair :  ce sera sans avenir. Pas de chance, pendant les heures où elle est serveuse, elle a tapé dans l’œil de Togo, un petit voyou. Il lui a fait des avances qu’elle a repoussées. Vexé - son orgueil en a pris un coup - il entend bien lui faire payer ce qu’il considère comme une humiliation. Dont acte. Verneuil n’apprécie pas que le malfrat se soit vengé et il souhaite calmer ses ardeurs pour que Nelly ne se sente pas en danger et renoue avec une vie quotidienne apaisée.

Il ne sait pas où il a mis ses poings et ses pieds, le doc. Il se retrouve entraîné plus loin que ce qu’il pensait car, derrière Togo et ses acolytes, se cachent des individus sans foi ni loi, la gangrène des quartiers …. Que faire ? Se mettre en retrait et oublier ? Essayer de dialoguer ? S’attaquer à plus fort que soi ?

Entre le 10 et le 23 Mars 1981, plusieurs vies basculent. Des chapitres courts, de l’action, des rebondissements, des scènes qu’on déroule comme un vieux film en noir et blanc, une écriture qui fait mouche, sans fioriture et je suis restée scotchée aux pages. Vous prenez les faits bruts, parfois violents, en pleine face. Pas de répit pour le lecteur. Pas de temps mort. Je lisais en apnée, prête à en découdre, à aider tant j’étais dedans.

Le rythme est trépidant, Les personnages sont bien campés et les scènes très visuelles (normal, l’auteur est également scénariste). Il est intéressant de voir comment chacun analyse et ressent les différentes situations. Verneuil et le commissaire Lebreton sont deux protagonistes fascinants. Chacun est à la limite de ce qui est autorisé. Volontaires, impliqués, intuitifs, intelligents (avec la tête et le cœur), tiraillés pour cerner la limite entre le bien et le mal, ils sont attachants.

J’avais lu Gangway du même auteur. Avec Frappe chirurgicale, il s’est lancé dans un nouveau style et il a réussi avec brio, j’ai énormément aimé. Dans les dernières pages, il explique la genèse de cet opus et ce qui l’a inspiré, ça complète bien la lecture.  

NB : Monsieur Bouchery, la fin m’a brisé le cœur !