"La jeune fille et la mer" de David Vann (The Sea Maiden)

 

La jeune fille et la mer (The Sea Maiden)
Auteur : David Vann
Traduit de l’américain par Laura Derajinski
Éditions : Gallmeister (5 Novembre 2025)
ISBN : ‎ 978-2351783603
288 pages

Quatrième de couverture

À vingt et un ans, Aica est prête à tout pour échapper à sa vie misérable et quitter la petite île des Philippines où elle a grandi. Quand débarque Bob, un Américain quinquagénaire qui vit sur son voilier, Aica décide de partir avec lui. Mais si Bob se présente comme un célibataire naïf et débonnaire en quête de compagnie, tout le monde sait bien qu’aux Philippines les riches étrangers entre deux âges ne cherchent qu’une chose auprès des jeunes fi lles locales. Naviguant entre espoir et cynisme, Aica veut malgré tout tenter sa chance et rejoint Bob sur son bateau.

Mon avis

David Vann est un auteur dont on dit qu’il est torturé. Ses obsessions nourrissent ses romans et je rajouterai qu’il vaut mieux s’abstenir de le lire si on n’a pas le moral …

Dans « La jeune fille et la mer », il aborde le thème du tourisme sexuel. Pourquoi certaines femmes en arrivent-elles à de telles extrémités ?

Aica a vingt et un ans, elle habite sur une petite île des Philippines et vit avec sa famille dans des conditions précaires. Elle veut partir, rencontrer un riche étranger afin d’avoir un meilleur quotidien. Elle est bien consciente qu’il sera nécessaire d’utiliser son corps, sa seule arme pour séduire….

Elle ne rêve pas que pour elle. Elle rêve également pour sa famille, ils ont besoin d’un frigo, d’un bateau, d’améliorer leur habitat … Elle ne peut pas dater ce rêve mais elle a le sentiment que, depuis toujours, il est au fond d’elle et qu’elle ne pense qu’à ça, tout le temps.

Alors, quand Bob et son voilier apparaissent, elle est en effervescence, la voilà l’occasion qu’elle attend. Bien sûr, il est un peu âgé mais elle le sent, c’est le bon moment pour elle. Et lui, avide de chair fraîche ne met pas longtemps à se décider… Est-ce le bon choix pour Aica ? En a-t-elle d’autres ? Est-ce mieux d’essayer, et tant pis pour les risques, pour ne pas avoir de regrets ?

L’embarcation est bien aménagée mais c’est petit et l’espace autour c’est la mer… Difficile de s’isoler, d’être seul-e un moment pour se reprendre et respirer …. Ce qui rapproche Aica et Bob ? Le sexe et j’écris « le sexe » pas « l’amour » …

Est-ce qu’on peut bâtir une relation durable en se basant uniquement sur ça ? Pas besoin de réfléchir longtemps pour savoir que ça va être compliqué … Que vont-ils faire ?

Avec son écriture sombre (merci à la traductrice), l’auteur nous plonge dans un récit noir, terrible, qui fait froid dans le dos. Pas d’optimisme, les événements graves s’enchaînent …. Aica passe de la naïveté à une certaine forme de ruse pour essayer d’obtenir la liberté. Elle a appris bien vite …

Ce titre m’a moyennement plu. J’ai trouvé les invraisemblances un peu trop grosses et, même pour parler de tourisme sexuel, toutes les scènes intimes ne sont pas nécessaires. J’aurais souhaité que soit plus creusé le côté psychologique des personnages. On passe parfois rapidement d’une situation à une autre et ce n’est pas très réaliste. Dommage.

Malgré ces « bémols », je reconnais que l’auteur sait installer une tension dans le texte, ça noue le ventre, on cherche une lueur d’espoir, en se disant que si Aica prend la bonne décision, il y aura du mieux …

Davi Vann habite maintenant aux Philippines, j’espère que ce qu’il présente n’est pas une généralité là-bas ….

"Trilogie de l'éveil -Tome 1 : Wake" de Robert J. Sawyer (Wake)

 

Trilogie de l'éveil -Tome 1 : Wake (Wake)
Auteur : Robert J. Sawyer
Traduit de l’anglais (Canada) par Patrick Dusoulier
Éditions : Gallmeister (5 Février 2025)
ISBN : 978-2404080475
466 pages

Quatrième de couverture

La jeune Caitlin Decter est un petit génie des mathématiques. Aveugle de naissance, elle bénéficie d’un programme révolutionnaire qui doit lui permettre de découvrir ce monde et voir enfin le visage de sa mère. Lorsqu’on lui greffe un implant oculaire et que la lumière se fait enfin, ce sont les paysages du web qui explosent dans sa conscience, en une débauche de formes et de couleurs. Avide de découverte, elle se met à explorer cet univers étrange.

Mon avis

Wake est le premier livre de la trilogie de l’éveil, parue en 2009 sous le nom WWW.

Le récit se déroule en 2012. Caitlin Decter, 15 ans, est aveugle de naissance. Son père est un scientifique, un peu fermé sur lui-même qui communique sans chaleur avec sa fille. Sa mère s’est beaucoup occupée d’elle et a mis sa carrière entre parenthèses. Ils viennent de déménager à Waterloo, en Ontario. Caitlin suit ses études dans un lycée ordinaire avec quelques aménagements. Elle est très douée en maths.

Un jour,elle reçoit un mail du Docteur Masayuki Kuroda, un japonais. Il pense avoir une solution afin qu’elle puisse voir, avec un appareil qu’il a conçu, un eyePod. Il lui propose une rencontre et un essai. La vie de l’adolescente risque d’être bouleversée, elle n’a jamais vu, elle n’a pas les « codes » des couleurs, saura-t-elle associer une forme touchée dans l’espace à sa représentation sur une feuille de papier ? Et lire ? Les lettres, les phrases ne sont rien pour elle.

En parallèle, une épidémie se déclare en Chine et le gouvernement ne sait comment la stopper à part en prenant des mesures radicales. À savoir en éliminant tous les risques et en se coupant du monde. Plus de téléphone, plus d’internet… Un militant pour la liberté d’expression essaie de contourner le blocus. On suit également une chercheuse avec des bonobos à qui elle apprend la langue des signes.

Trois entrées pour une même histoire, les liens se feront sans doute dans les tomes suivants. Pour celui-ci, cela ne m’a pas semblé évident Mais ça ne m’a pas gênée.

Tout est captivant, surtout Caitlin, qui avec beaucoup d’intelligence, exploite tout ce qu’elle a sous la main. Quand elle découvre ce qu’elle peut faire, elle décide d’aller plus loin….et nous emmène avec elle dans un nouveau univers …

Tout commence comme un roman assez classique avec une famille, et deux autres « entrées ». Et puis ça devient extra ordinaire (en deux mots). On sort de la logique tout en restant dans le presque réalisable (encore plus lorsqu’on voit ce qui peut exister de nos jours). J’ai été fascinée par l’évolution du texte et des personnages. Petit à petit, notre conscience s’éveille à d’autres possibles.

On touche à de nombreux domaines, dont bien sûr, l’intelligence artificielle et ses dérives. Si parfois, les notions informatiques sont dépassées ou un peu rasantes à lire, elles complètent bien le propos. Je pense que la suite va nous entraîner plus loin…

C’était un excellent moment de lecture car l’écriture est prenante (merci au traducteur) et le style vif. Il y a des rebondissements et Caitlin est attachante. Je lirai volontiers la suite !


"La vertigineuse évasion" de Laurent Lecrest

 

La vertigineuse évasion
Auteur : Laurent Lecrest
Éditions : Globophile (6 Novembre 2023)
ISBN : 979-1094423189
210 pages

Quatrième de couverture

Lou a l’énergie d’une centrale nucléaire, l’agilité d’un bouquetin, l’intelligence d’Einstein… « La modestie d’un aigle royal, les chevilles d’un hippopotame… » me coupe maman. OK, j’ai compris le message. Je vais être brève. Ce livre raconte mon enlèvement par 2 bandits en cavale. Et tout ce que je peux vous dire c’est que lorsque j’en ai terminé avec eux, ils étaient au bout de leur vie.

Mon avis

Lou est une adolescente qui aime bien écrire. Elle décide de raconter ses vacances dans un livre. Ses parents, estimant qu’ils ont un droit de regard, font des commentaires lorsqu’ils ne sont pas d’accord par exemple ou pour compléter ce qu’elle a présenté.

En congés, les voilà tous les trois en montagne, dans les Dolomites pour faire de la randonnée et de l’escalade avec nuits en refuge. Lou râle parfois, il faut tenir le rythme. De temps en temps, elle trouve ses parents un peu lents et se moquent gentiment d’eux.

Malgré un réseau téléphonique parfois faible, elle reste en contact avec ses copains, copines. Instagram ou autre, elle communique et se tient au courant de tout !

Très observatrice, un soir, dans un gîte, elle remarque deux hommes qui se tiennent un peu en retrait et dont l’attitude l’interpelle Le lendemain, ils ne sont plus là mais la police les recherche ! La jeune collégienne est enchantée, elle aura des choses à partager avec sa bande d’amis !

Enfin un peu de piment dans son quotidien ! Mais elle n’imagine pas, à cet instant, qu’elle va croiser à nouveau ces malfrats et qu’elle ne maîtrisera pas la situation. Cette rencontre l’entraînera dans une aventure vertigineuse.

J’ai trouvé ce roman très plaisant à lire. Il est parfaitement adapté pour un public de bons lecteurs, à partir de 8 / 9 ans jusqu’à 13 /14 ans. Lou est attachante, drôle, plus vraie que nature. L’écriture, le style, les réflexions sont en phase avec son âge. L’auteur a bien su se mettre à la portée de ceux à qui il destine cette publication. Il a soigneusement dosé le suspense, n’a pas multiplié les personnages, ni les lieux. Le décor montagnard est beau, les soirées en refuge décrites avec réalisme. Les pointes d’humour mettent le sourire aux lèvres.

Laurent Lecrest a rédigé un récit intéressant, abouti, bien construit. Cette histoire plaira autant aux filles qu’aux garçons ! C’est bien réussi !

"Lune noire" Michel Rodrigue & Bob de Groot

 

Lune noire (Clifton 19)
Auteurs : Michel Rodrigue (dessin) & Bob de Groot (scénario)
Éditions : Le Lombard (2 Octobre 2004)
ISBN : 978-2803620074
52 pages

Quatrième de couverture

Crime crapuleux ou règlement de comptes ? Via internet, les services secrets britanniques viennent d'apprendre que les autorités nord-coréennes s'interrogent sur le meurtre sans mobile apparent d'un citoyen anglais de passage dans leur capitale. La nouvelle est d'autant plus navrante et embarrassante que la victime n'était pas n'importe quel touriste. Sous le nom communiqué, œuvrait en effet l'un des plus fameux agents de sa Majesté : Harold Wilberforce Clifton !

Mon avis

À peine quelques pages et Clifton est mort ! La catastrophe ! Comment pourra-t-il revenir dans les albums suivants ?

Dans cette aventure, il est associé à Jade, une belle jeune femme (je vous rassure, il ne semble pas être en couple avec elle-même si elle lui plaît énormément).

Ils partent tous les deux pour la Corée du Nord afin de récupérer une brebis égarée qui s’est fait embarquer dans une secte. Quelques scènes nous rappellent comment les adeptes se font embobiner, persuadés d’avoir trouvé leur voie.

On est en pleine histoire d’espionnage avec le lot d’actions, de rebondissements, nécessaire au maintien du suspense ! Mais tout ne va pas se dérouler comme prévu….

Si le synopsis n’est pas un des meilleurs, j’ai beaucoup aimé les dessins et l’humour.

Une bande dessinée pour se détendre !


"Elles" de Saskia Jacquemin

 

Elles
Auteur : Saskia Jacquemin
Éditions : 5 Sens (15 octobre 2025)
ISBN : ‎ 978-2889498390
266 pages

Quatrième de couverture

Lorsque Elia se retrouve plantée devant ce supermarché, les pieds trempés et le cœur en éclats, elle réalise à quel point son monde vient de s’écrouler. Pas loin, une autre femme est en fuite, entraînant dans sa course une petite fille. Une grand-mère réunira ces destins que rien n’aurait dû faire se rencontrer. « Elles », c’est l’histoire de quatre femmes de générations différentes aux destins entremêlés. Elles pourraient être vos sœurs, vos filles, vos mères. Agnès, Elia, Sinaï et Nina ont le point commun de n’avoir pas été épargnées par la vie mais d’avoir su coaguler rapidement des blessures imposées.

Mon avis

Elia, Sinaï, Agnès, trois femmes. Elles n’avaient aucune raison de se croiser, de se parler et puis, la magie de la vie les a fait se rencontrer.

« Il se disait souvent que ces deux femmes devaient être l’une pour l’autre, des rencontres de vie, celles qu’on explique difficilement et qu’on n’oublie jamais. »

Dans les chapitres avec l’en-tête de leur prénom, elles s’expriment, parlent de leur quotidien, de leurs espoirs, de leurs déceptions, de leurs peurs, de leurs joies …. De temps à autre, on peut lire le journal de Nina, beaucoup plus jeune. On « accompagne » ces personnes sur plusieurs années, au cœur de leur vie, dans leur intimité.

« Ces femmes n’étaient pas censées se rencontrer et pourtant, leurs destins s’étaient emmêlés les uns aux autres, laissant naître des racines qui devenaient profondes. »

Certains disent qu’une femme s’accomplit dans la maternité, lorsqu’elle devient mère. Mais on peut être mère ou père, sans porter l’enfant au creux de son ventre. On peut également être heureux-se sans être parents. L’essentiel, c’est de se sentir bien dans ses choix, dans ce qu’on souhaite au plus profond de soi sans laisser peser les influences extérieures.

Ce sont de magnifiques portraits que nous offre Saskia Jacquemin. Elle décrit celles qu’elle présente avec retenue, délicatesse, sans les juger, sans trop de pathos. Il y a les coups du sort, ce qu’on ne maîtrise pas et qui peine ou détruit, et il y a parfois un regard échangé, un mot ou un geste qui aident à avancer, à se relever, à croire encore en l’avenir.

C’est tout cela et bien plus encore qu’on découvre dans ce roman intimiste. Elles ont toutes une blessure morale et le besoin de ne pas s’appesantir sur elles-mêmes. Résilientes avant tout, elles se battent avec leurs moyens, et se rendent rapidement compte que lorsqu’on donne un peu de soi, on reçoit beaucoup plus.

J’ai trouvé cette lecture émouvante, emplie d’émotion. Bien sûr, j’ai parfois pensé que « c’était encore vraiment pas de chance » pour certains protagonistes mais il arrive que, dans la réalité, ce soit ainsi. Alors, le fait que tout soit condensé permet d’aborder plusieurs thèmes dans un seul récit, différentes situations que l’on pourrait connaître et face auxquelles on devrait réagir. On peut d’ailleurs se demander ce qu’on ferait si on était confronté aux événements évoqués. Et c’est là qu’en lisant, j’ai réalisé que, face à une situation, chacun réagit avec ce qu’il est, ce qu’il a vécu. On n’a pas tous le même recul par rapport à un fait grave en fonction de notre passé, des gens qu’on côtoie, de ce qu’on veut pour le futur.

Le style est fluide, les ressentis sont exprimés avec pudeur, finesse, sans en rajouter. On passe assez vite d’un personnage à l’autre, tout en comprenant aisément ce qui va les relier petit à petit.

J’ai trouvé ce livre bien écrit et plaisant à lire, même si quelques fois, c’est très triste et que ça m’a fait de la peine…. La couverture est belle !


"Ma voisine face au fleuve" de Frank Andriat

 

Ma voisine face au fleuve
Auteur : Frank Andriat
Éditions au Pluriel (18 Novembre 2025)
ISBN : 978-2492598241
208 pages

Quatrième de couverture

Antoine, professeur de lettres, vit dans un appartement face à un fleuve qui lui apporte sérénité et paix. Il se reconstruit après une rupture qui a fait voler sa vie en éclats. Sybille s’installe dans l’appartement voisin. Ils se découvrent un parcours de vie blessé. Au fil des rencontres bercées par les reflets de la lumière sur l’eau, par la musique baroque et par le vol des troupes de bernaches, un lien se tisse entre les deux voisins que de petits détails du quotidien vont rapprocher.

Mon avis

Antoine est professeur de français, il aime la littérature, la poésie, Christian Bobin, les phrases qui font rêver et les élèves motivés. Il a eu un parcours de vie peu aisé et pensait avoir trouvé un équilibre avec Amélie. Mais elle l’a quitté il y a trois ans. Il est seul dans un appartement qui donne sur le fleuve. C’est une vue apaisante pour lui, avec les reflets qui ne sont jamais les mêmes. Au collège, sa collègue Mathilde est son amie et il sait qu’il peut compter sur elle, lui parler, se confier.

Sybille vient de quitter Merlin, un compagnon toxique. Mais comme c’est elle qui a fui le domicile conjugal, son conjoint a mis ce fait à profit pour récupérer la garde de leur fils Jérôme. Elle ne le verra que les fins de semaine. Installée dans un joli logement, sur le même palier qu’Antoine, elle attend la visite de son fils. Elle réalise très vite que « son ex » n’a rien laissé au hasard. L’enfant est « formaté » par les réflexions de son père qui lui a lavé le cerveau, qui présente les faits en sa faveur. Il cherche à l’éloigner de sa mère, voire à le dégoûter de venir chez elle.

Sybille souffre, elle doit faire face, soupeser ses mots pour ne pas envenimer la situation, ne pas surréagir car Jérôme le dira à son papa, mais que c’est difficile. Il faut préserver le collégien des conflits des adultes et en parallèle, ne pas se laisser faire. Elle est sur la corde raide. Heureusement elle s’épanouit dans sa profession.

Un jour, elle voit son voisin sur le parking de l’immeuble. Il lui propose de l’aide pour porter ses sacs de courses. Tout d’abord très méfiante, elle finit par accepter en se disant que ça n’ira pas plus loin. Et puis, ils se croisent d’autres fois et petit à petit un lien se tisse et la confiance arrive. Ils discutent un peu, échangent …

Les chapitres alternent entre Antoine (qui s’exprime en disant « je ») et Sybille (avec un narrateur extérieur). On découvre leurs points de vue, leurs ressentis, les événements qui jalonnent leur quotidien.

Le style de l’auteur est infiniment poétique, doux, lumineux. Les descriptions du fleuve, par exemple, apportent une note délicate.

« Quelques oiseaux célèbrent l’obscurité qui avance sur la pointe des pieds. Les blancs entre leurs chants installent la nuit, bercée par l’eau infatigable et par les lampadaires qui peignent sur sa surface des éclats mordorés. »

J’ai été charmée par la « musicalité » de l’écriture, par l’atmosphère qui se dégage lorsque la nature ou les relations humaines - paisibles - sont évoquées. Le fleuve a un « rôle » important.
Lire Frank Andriat, c’est prendre le temps de contempler, d’écouter cette petite histoire qui se déroule sous nos yeux.
Je me suis attachée à Sybille, cette femme qui veut protéger son fils et qui a beaucoup subi. Combien sont-elles, dans la vraie vie, à lui ressembler ?  À se battre pour exister librement, sans emprise ?

Ce récit m’a beaucoup plu. Peu importe qu’il y ait d’heureuses coïncidences ou des temporalités un peu rapides. L’essentiel est ailleurs, dans la qualité du phrasé, dans la construction du texte où tout semble parfaitement en symbiose. Les mots de l’auteur parlent à la tête et au cœur et c’est ce que j’aime quand je découvre un livre !


"Trop tard pour mourir" d'Olivier Kourilsky

 

Trop tard pour mourir
Auteur : Olivier Kourilsky
Éditions : Glyphe (28 Août 2025)
ISBN : 978-2352851684
230 pages

Quatrième de couverture

Chirurgien dans un hôpital du Morbihan, David Corbin est confronté à une série d'infections post-opératoires. Il suspecte des actes de malveillance en raison de l'hostilité permanente d'un collègue. Son ami Moussa Ndiaye, anesthésiste dans le même hôpital, essaie d'oublier une affaire criminelle à laquelle il a été malgré lui lié autrefois, mais il est rattrapé par cet épisode glauque. Bientôt s'engage une course contre la montre avec un tueur mystérieux qui élimine un à un tous les intervenants de cette histoire ancienne.

Mon avis

David Corbin, mariée à Marlène, est chirurgien en Bretagne. Il a postulé car il voulait changer de région et il est heureux d’avoir été choisi. Dans l’hôpital où il vient d’être nommé, un collègue le jalouse, persuadé que ce poste lui revenait de droit. Il n’est pas toujours agréable avec Corbin. Ce dernier met son poing dans sa poche, se consacre à sa tâche, avec sérieux, application, faisant le maximum pour tous les malades qui lui sont confiés et essayant de ne pas donner prise à une quelconque remarque désagréable de l’autre docteur.

Il opère toujours avec toutes les précautions nécessaires pour éviter le moindre problème. Pourtant, une nuit, le téléphone sonne chez lui. Un de ses patients est fiévreux et présente une infection. Il se rend sur place au plus vite pour tenter d’endiguer les complications post-opératoires.

Un fait isolé ? Malheureusement non, d’autres cas similaires surviennent et il est aussitôt question de fermer son service. Le médecin est inquiet, et l’envieux jubile… Il va bien falloir trouver une solution et tout cela est bien embêtant. Corbin sait qu’il peut compter sur le soutien de Moussa Ndiaye, anesthésiste avec lequel il collabore régulièrement mais il n’est pas là.

En effet, ce dernier s’absente et part sur Paris. Il est, en quelque sorte, rattrapé par son passé (que nous découvrons avec des retours en arrière dans une autre police de caractères). Jeune étudiant en médecine, l’argent lui manquait … il fallait bien arrondir les fins de mois. Il a eu quelques activités « en dehors des clous ». Mais c’était il y a longtemps, tout cela est derrière lui …  c’est ce qu’il croyait …

Le récit alterne entre le Morbihan et la capitale. On passe aisément d’un lieu à l’autre et pas de mélanges avec les personnages, ils sont bien ciblés. Il y a du rythme et le suspense va crescendo quand on sent, d’un côté comme de l’autre, que les événements graves ne s’arrêteront pas.

Dans ce roman, l’auteur met en avant plusieurs thèmes. Il ne les approfondit pas tous mais le fait de les évoquer montre sa sensibilité. La précarité estudiantine en est un ainsi que le fait que certains emplois liés à l’art ne soient pas assez lucratifs. Et bien sûr, le milieu hospitalier, (qu’il connaît bien puisque c’est son métier), où certains n’ont que leur ambition pour moteur, ayant sans doute oublié l’objectif de base de leur profession …

L’écriture est fluide sans fioriture, les chapitres courts. On va à l’essentiel. J’ai trouvé Moussa très attachant dans sa détresse et je pense qu’il a fait les bons choix. Ce n’est jamais aisé d’être en paix avec son passé …

C’est une lecture fluide, plaisante, pas compliquée mais suffisamment intéressante pour qu’on ait envie de comprendre les raisons d’agir de chacun ainsi que leur mode de fonctionnement.

J’ai passé un bon moment, merci Docteur K !

NB : le montage photo de la couverture me plaît beaucoup !